Surveillance et technologie de l’information : fin de l’anonymat et de la neutralité de l’Internet

Cet article est le dernier d'une série de trois sur l'état du renseignement en lien avec les technologies de l'information.

Dans mon deuxième article traitant de la relation entre les services de renseignement étatiques et les technologies de l’information, j’avais abordé deux éléments principaux. Tout d’abord, le fait que des agences de renseignement privées sont de plus en plus présentes. Ensuite, nous avons observé que les États se servent de plus en plus des entreprises privées, notamment des entreprises œuvrant dans le domaine des technologies de l’information, pour être des nœuds de cueillette d’information brute. Dans ce dernier cas, cela se fait entre autres au travers de cadre juridique de plus en plus intrusif.

Au départ, Internet ne devait pas exister en dehors du cadre militaire et académique. Le réseau s’est développé à vive allure justement parce qu’il est tombé entre les mains d’intérêts privés, voire de volontés individuelles.

Toute cette réflexion nous mène à la situation actuelle et aux récentes révélations qui ont été effectuées en marge du scandale impliquant les révélations d’Edward Snowden en ce qui concerne les activités de la National Security Agency (NSA).

Il est intéressant de se rappeler une chose : Internet est un projet issu de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA). Cet organisme de recherche est une excroissance de l’armée des États-Unis. Ainsi, au départ, Internet ne devait pas exister en dehors du cadre militaire et académique. La réalité a toutefois eu pour effet de pousser le réseau au-delà de ces murs. Internet s’est développé à vive allure justement parce qu’il est tombé entre les mains d’intérêts privés, voire de volontés individuelles.

Si la démocratisation d’Internet s’est opérée rapidement et a eu pour effet de rendre le réseau disponible pour une grande quantité d’individus, cela n’a pas empêché les responsables de la sécurité nationale d’un bon nombre d’États, avec les États-Unis en premier, de voir ce réseau comme une menace fondamentale pour la sécurité nationale.

Déjà sous l’ère Clinton, les documents stratégiques issus du bureau du Président voyaient Internet comme une menace potentielle pour les États-Unis et leurs alliés. De plus, dès le début des années 2000, plusieurs documents provenant du gouvernement américain établissaient des stratégies d’actions afin de protéger ses intérêts dans ce «nouvel espace», c’est-à-dire le cyberespace. Ces documents établissaient en quelque sorte les jalons d’un processus de sécurisation du cyberespace national.

Dans la même veine, dès la fin des années 1990, la Chine faisait du recrutement de masse pour attirer les jeunes versés dans les technologies de l’information vers des carrières militaires. Des campagnes agressives de recrutement étaient effectuées dans les écoles pour intéresser les jeunes à devenir des cybersoldats. La Chine est aujourd’hui devenue experte dans les opérations cybernétiques. D’ailleurs, les rapports Tracking GhostNet : Investigating a Cyber Espionage Network et Shadows in the Cloud : Investigating Cyber Espionage 2.0 vont tous les deux dans ce sens.

En d’autres mots, même si la libéralisation d’Internet s’est opérée, les individus sont loin d’y être réellement libres. Des intérêts nationaux et économiques règnent sur la Toile et poussent plusieurs agences, établissements, organismes et entreprises à vouloir effectuer, ensemble ou de manière compétitive, de la surveillance.

Quel est  l’avenir de la surveillance et des technologies de l’information?

Trois choses sont certaines. Tout d’abord, l’Internet n’est plus cet espace d’anonymat qu’il a été. Il faut désormais comprendre que même accéder à une simple page web implique de fournir des informations sur ce que nous faisons, ce que nous pensons et bientôt sur ce que nous sommes – les technologies biométriques soulèvent à cet effet plusieurs questions éthiques importantes.

En effet, si les questions classiques en sécurité sont «Qui sommes-nous?» (de l’information nominative comme notre nom et notre numéro d’assurance social), «Que faisons-nous?» et «Quelles sont nos intentions?», la prochaine question qui sera au cœur des activités de surveillance sera «Que sommes-nous?» (de l’information sur l’identité biologique comme notre ADN, nos empreintes digitales et nos empreintes rétiniennes). Sachant que la surveillance est maintenant globale et qu’elle n’est plus le seul apanage de l’État, cela pose des questions d’autant plus importantes.

Ensuite, il faut faire le dur constat suivant : la «cyberguerre» est déjà présente sur la Toile. Elle est probablement proche de ce que l’on a vécu avec la Guerre froide, mais elle est tout de même présente et conditionne la façon dont l’Internet se développe. Si l’armée des États-Unis a plus ou moins laissé échapper sa mainmise sur l’Internet, il est désormais clair que ce contrôle est en grande partie retourné entre les mains de diverses agences et organisations chargées de la sécurité nationale de plusieurs États. De la même manière, des organismes privées œuvrant dans ce «secteur d’affaires» sont aussi actives et tentent de tirer leur épingle du jeu.

Finalement, force est d’admettre que les moyens technologiques actuels donnent (en partie du moins) la possibilité à des gouvernements de surveiller une grande portion d’individus, et ce, plus ou moins à leur insu. C’est donc une tentative de retour à la société que l’on pourrait qualifier de «proximité»; il est maintenant possible de savoir, en temps quasi réel, ce qui se passe dans le «village» grâce aux technologies de l’information.

L’Internet représente plus ou moins l’œil panoptique qui surveillera une grande partie de nos activités.

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