Webstars et lobotomie

Mes déplacements urbains se font la plupart du temps sur deux roues. Je peste donc plus souvent qu'à mon tour contre certains automobilistes qui, de par leurs manœuvres dangereuses, jouent avec ma vie.

Mais il m’arrive aussi de conduire une voiture. Il se produit à ce moment une réaction chimique instantanée à l’intérieur de moi. Tremblements, nausées, vertiges. Non, je ne suis ni allergique au tissu des sièges, ni branché sur NRJ. Je ne sais pas ce qui se passe exactement, mais le seul fait de me retrouver sur le siège côté conducteur me rend épais, parfois agressif, enragé même. Tout le monde m’énerve, je crie, je beugle, j’envoie chier, j’ai le goût du sang. Lorsque je prends place derrière un volant, c’est comme si je me faisais enlever une partie du cerveau.

Internet déclenche le pire côté des gens. Tout est blanc ou noir. Il n’y a aucune zone grise. Les gens derrière un clavier peuvent être aussi bêtes, méchants voire enragés qu’un automobiliste dans sa voiture. Commenter sur Internet est la nouvelle rage au volant.

Internet me fait parfois la même chose. Et je ne suis pas le seul. Internet déclenche le pire côté des gens. Naviguer sur le Web ou naviguer sur les routes, même combat. J’ignore si c’est parce que la forme écrite empêche un dosage des émotions, mais les échanges cordiaux et les critiques constructives sur Internet sont aussi rares qu’un bon programme électoral aux élections municipales. Tout est blanc ou noir. Il n’y a aucune zone grise. Les gens derrière un clavier peuvent être aussi bêtes, méchants voire enragés qu’un automobiliste dans sa voiture. Commenter sur Internet est la nouvelle rage au volant.

Combien de guerres ont été évitées parce que l’ordinateur n’a vu le jour qu’au vingtième siècle? Même les grands penseurs, les philosophes et les intellectuels de l’ère connectée ne sont pas à l’abri du phénomène. Combien de personnes calmes et posées ai-je vu s’emporter et dire des âneries sur Internet, parfois en réponse à des attaques qui n’auraient jamais eu lieu dans la vraie vie, parfois de façon totalement gratuite? Des gens si attachants dans la vie.

C’est pas mêlant. Des fois, j’haïs Internet.

Quand les webstars s’en mêlent

Prenez la saga des webstars : articles dans La Presse, entrevues à la radio, une du journal et maintenant chroniqueurs à la télé. Le Web serait-il devenu la nouvelle téléréalité des médias québécois? C’est la question que je me posais alors que je contestais la façon de faire de ces nouvelles stars du Web québécois. Je ne peux pas endosser quelqu’un qui tente de faire rire ses fans en dénigrant ou en écrasant les plus faibles. C’est mon côté défenseur de la veuve et de l’orphelin qui ressort. Il y a un Batman qui sommeille en chacun de nous. Le mien surgit lorsqu’on crache sur les plus petits.

Répondant à Jay St-Louis sur un statut Facebook qui traitait de cette question, je me suis fait qualifier de petit recherchiste condescendant. Alors j’ai gaffé. J’y ai été d’une réplique assassine alors que j’aurais dû fermer ma gueule et aller voir sur un autre statut si j’y étais. Il y a des combats perdus d’avance. Les bains de sang du Web font toujours des victimes dans les deux camps et ne se terminent vraiment jamais. Mais non, j’avais pris place derrière mon volant virtuel et j’étais prêt à lancer mon bolide à pleine vitesse dans le mur. Ça n’a pu que dégénérer. C’est dommage.

Parce que Jay St-Louis est plutôt un bon gars dans la vie. Je l’ai rencontré à quelques reprises au fil des ans et c’est un jeune homme amusant, talentueux et bien plus posé que le personnage qu’il présente sur YouTube. Même chose pour l’inépuisable Gab Roy, autoproclamé le roi des Internets. Je ne suis pas en accord avec plusieurs de ses interventions, mais je l’ai toujours défendu. Parce que dans la vraie de vraie vie, Gabriel Roy est un sacré bon jack. Il est réfléchi, drôle et hyper sympathique. Je ne peux parler pour Mathieu Bonin que je n’ai jamais rencontré. Mais je suis prêt à gager cent piastres que le gars est modéré et en mesure d’aligner plus que deux mots sans dire «pénis» et «marde». Et que dire de Mathieu St-Onge? Ce gars-là est bourré de talent et de créativité. Un coup d’œil à ses peintures vous en convaincra.

Et si la prochaine fois on prenait une grand inspiration avant de sauter au visage de la première personne à nous faire une remarque désobligeante? Et si on y allait d’une petite introspection avant de cracher son fiel? Me semble que le Web ne s’en porterait que mieux.

Parce que peut-être que parfois j’haïs Internet, mais maudit que des fois je l’aime aussi.

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