Comparution difficile pour Uber en commission parlementaire

Le controversé service de covoiturage urbain Uber a été placé sur la défensive jeudi lors de la commission parlementaire sur le transport de personnes, notamment par sa difficulté à répondre aux questions du gouvernement et de ses opposants.

Le ministre Jacques Daoust avait promis qu’il ne serait pas complaisant à l’endroit d’Uber, invitée à participer à la commission parlementaire sur l’industrie du taxi malgré le fait que l’entreprise américaine agit dans l’illégalité. Difficile d’accuser celui-ci de ne pas avoir tenu parole.

Les hostilités ont débuté avant même le début de la séance par la demande du ministre des Transports à Uber de se conformer aux lois québécoises en cessant ses activités pendant la période des travaux parlementaires. Demande qui, pour le directeur général d’Uber au Québec, est tout simplement impossible à satisfaire.

«Quand vous tournez pendant une demi-heure autour de l’église Notre-Dame, c’est pas parce que vous cherchez du stationnement pour allez à la messe», a rétorqué le ministre des Transports, Jacques Daoust.

«Non, on ne cessera pas nos services. Notre responsabilité, c’est de continuer à servir la population du Québec», a déclaré Jean-Nicolas Guillemette dans un point de presse.

Celui-ci défend la position de son entreprise, qu’il juge soutenue par les citoyens, après que la pétition Gardons Uber au Québec ait amassé plus de 50 000 signatures en moins de 48 heures. Il a également justifié la pertinence du service en alléguant que 450 000 trajets auraient été effectués sur le territoire québécois en janvier.

Une affirmation qui est loin d’avoir fait sourire le ministre Daoust : «Pouvez-vous m’expliquer en quoi le Québec est supposé se réjouir que 450 000 fois en un mois, vous ayez passé à côté du système?»

«Actuellement, le fait que des gens vous appellent ne fait pas que vous opérez dans la légalité», a poursuivi Daoust, après avoir interrompu Guillemette, qui semblait évasif. «On est dans une société de droit, il y a des règles.»

«À partir du moment où l’on vit sur la même planète, je ne pense pas que les compagnies de taxi au Québec aient des difficultés avec le fait qu’il y a de la concurrence. Mais quand vous arrivez avec un système dans lequel vous n’avez pas le même permis de conduire, vous n’avez pas les mêmes assurances, vous ne faites pas les mêmes vérifications automobiles, vous n’avez pas le même système d’inspection, vous n’avez pas les mêmes tarifs, vous n’avez pas de permis de taxi et que vous dites : “Moi j’opère moins cher”. C’est sûr! Vous n’avez aucune contrainte.»

«Vous pouvez utilisez un vocabulaire différent en disant “c’est du covoiturage urbain”, “c’est des partenaires chauffeurs”, mais en bout de ligne, c’est du taxi que vous faites», a résumé le ministre devant l’acharnement d’Uber à poursuivre ses activités. «Quand vous tournez pendant une demi-heure autour de l’église Notre-Dame, c’est pas parce que vous cherchez du stationnement pour allez à la messe.»

Des conséquences à prévoir

«Votre notion de covoiturage, avec la façon dont vous l’opérez, ce n’est pas du covoiturage, c’est du taxi dans notre juridiction. […] Vous ne cherchez pas une solution, vous cherchez une confrontation, et vous risquez de l’avoir.»

Il a aussi prévenu Guillemette que cet entêtement pourrait avoir de lourdes conséquences pour Uber.

«On va vous imposer le modèle, et si celui qui existe ne vous convient pas, on va en mettre un qui va être à notre goût, auquel vous n’aurez pas participé parce que vous vous excluez volontairement, et à ce moment-là, je ne suis pas persuadé que vous allez l’aimer», a-t-il ajouté.

Selon le directeur général de la division québécoise de l’entreprise, Uber a approché le gouvernement il y a 19 mois pour que des modifications soient apportées à la loi afin qu’elle puisse amorcer ses activités. La fin de non-recevoir du Ministère des Transports justifie pour Uber la poursuite de ses opérations.

«Ce n’est pas à moi à répondre sur ce qui aurait été un délai raisonnable», a déclaré Guillemette. «On aurait aimé, quand on a rencontré le gouvernement, qu’une réglementation soit mise en place. Ça n’a pas été le cas.»

Les travaux de la commission se poursuivront mardi prochain.

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