Heureux soient les simples d’esprit, car ils sont altruistes malgré eux

Selon la science, si vous êtes gentil avec votre prochain, c’est peut-être parce que vous n’avez pas compris comment le rouler dans la farine. Mais il y a aussi de bonnes nouvelles, ne vous inquiétez pas!

Le cerveau humain est une bien belle machine, mais ce n’est pas toujours de sa faute. C’est du moins la conclusion que l’on peut tirer en observant les résultats de quelques recherches scientifiques récentes portant sur le fonctionnement de la masse gélatineuse qui flotte dans votre boîte crânienne. Les voici, classées de la meilleure nouvelle à celle qui risque le plus de vous donner froid dans le dos.

Il n’y a pas que votre SSD qui gagne en capacité de mémoire

Avez-vous parfois l’impression que votre cerveau est plein et qu’apprendre la moindre petite chose vous forcera à en oublier une autre pour lui faire de la place? Ce n’est qu’une illusion : votre cerveau est capable d’emmagasiner environ 1 pétaoctet d’information, soit 1 000 téraoctets et dix fois plus que ce l’on croyait jusqu’ici. 

Cerveau

Ce sont des scientifiques du Salk Institute for Biological Studies qui ont récemment calculé cet impressionnant total, en mesurant la granularité de la taille des synapses – c’est à dire la distance qui sépare deux neurones adjacents. En gros, on pensait jusqu’à maintenant que les synapses se divisaient en seulement une poignée de catégories pas très précises (par exemple, «petit» ou «grand») et que la taille de la synapse encodait à peu près l’équivalent d’un bit d’information, par exemple «0» pour une petite synapse et «1» pour une grande. 

Des chercheurs ont déterminé que le cerveau comporte environ 26 catégories de synapses, ce qui suffirait à encoder 4,7 bits d’information par synapse.

Or, les chercheurs du Salk ont déterminé qu’il existe beaucoup plus de catégories de synapses que prévu et que ces catégories sont beaucoup plus précises que l’on le croyait. Au lieu de 2 ou 3, il y en aurait environ 26, ce qui suffirait à encoder 4,7 bits d’information par synapse. Grosso modo, la même synapse pourrait donc contenir environ 10 fois plus de mémoire qu’on le pensait.

De plus, cette découverte sur l’efficience du stockage d’information dans le cerveau pourrait éventuellement permettre de comprendre comment le cerveau parvient à réaliser tout son travail en consommant aussi peu d’énergie, soit environ 20 watts. Une bien bonne chose, parce qu’un cerveau qui fonctionnerait aussi inefficacement qu’un microprocesseur aurait besoin de tellement de courant pour accomplir toutes ses tâches que la chaleur dissipée aurait tôt fait de le faire cuire. 

Des prothèses pour neurones meurtris

Les blessures au cerveau ou à la moelle épinière sont notoirement difficiles à traiter, parce que contrairement à la plupart des autres types de cellules de l’organisme, les neurones sont à peu près impossibles à réparer ou à remplacer. Des chercheurs de l’université Penn State viennent cependant de démontrer qu’il serait possible de remplacer des connexions nerveuses brisées par des «prothèses» produites en laboratoire. 

Somme toute, l’équipe de Penn State a développé une méthode pour faire pousser des axones in vitro et les intégrer à des réseaux de neurones ordinaires. Dans le système nerveux, l’axone constitue en quelque sorte le «câble USB» qui relie la tête d’un neurone aux synapses qui lui permettent de communiquer avec les neurones voisins. Coupez le câble USB, et l’information ne passe plus. C’est notamment ce qui se produit dans les cas de paralysie provoqués par des dommages à la moelle épinière. Très grossièrement simplifiée, la technique de Penn State consiste donc à fabriquer des câbles de remplacement qui pourraient être injectés dans le corps et substituer ceux qui ont été endommagés.

Jusqu’ici, les résultats sont préliminaires, mais néanmoins intéressants : les chercheurs ont produit des axones qui se sont connectés à d’autres neurones «naturels» et sont restés actifs pendant au moins 22 jours. On est encore loin d’un traitement, mais c’est un début.

Altruistes malgré eux

Et maintenant, la mouche sur le sundæ.

Des chercheurs d’Oxford ont récemment mené une étude au cours de laquelle les participants devaient participer à un jeu très simple : chacun contribue un montant à une bourse commune, qui est ensuite multipliée par un facteur quelconque et divisée également entre tous les participants, peu importe leurs contributions individuelles.

Après avoir vérifié auprès des participants leur compréhension de la manière dont le jeu fonctionnait, 83% de ceux qui avaient démontré de l’altruisme ont échoué, contre seulement 33% des tricheurs.

D’un point de vue collectif, la meilleure stratégie consiste toujours à contribuer le maximum permis puisque de cette manière la bourse commune sera la plus généreuse, et donc la part reçue par chacun des participants après la multiplication aussi. Mais d’un point de vue individuel, un tricheur qui ne contribue rien du tout recevra presque autant que s’il avait donné le maximum et aura donc réalisé un plus gros profit que s’il avait payé sa juste part – à condition que les autres n’aient pas triché, eux.

Or, les chercheurs ont constaté que bien des participants agissaient exactement de la même manière si les autres «joueurs» étaient des humains (susceptibles de ressentir de la joie ou de la frustration selon les résultats) ou de simples algorithmes. Or, démontrer de l’altruisme envers un ordinateur n’a pas de sens. 

Comment expliquer ce comportement? Selon l’équipe d’Oxford, par la confusion, pour ne pas dire par la stupidité. En effet, lorsque les chercheurs ont posé aux participants une série de questions qui devait vérifier leur compréhension de la manière dont le jeu fonctionnait, 83% de ceux qui avaient démontré de l’altruisme ont échoué, contre seulement 33% des tricheurs. Autrement dit : dans l’ensemble, les altruistes n’avaient pas agi par grandeur d’âme, mais tout simplement parce qu’ils n’avaient pas compris comment maximiser leurs propres gains, tandis que les joueurs qui avaient bien compris ce qu’on leur demandait ont généralement agi comme des barbares. Chouette…

Heureusement, le nombre de participants à l’étude est plutôt modeste. On peut donc espérer qu’il s’agisse d’une aberration. 

L’avenir, encore une fois, s’en va chez le diable

Que faut-il retenir de ces trois études dans leur ensemble? Probablement rien. 

Mais en tant que pessimiste incorrigible, je ne peux pas m’empêcher de penser que toutes les découvertes visant à réparer des cerveaux endommagés, comme celle de Penn State, ou de mieux comprendre le fonctionnement des cerveaux sains pour en maximiser l’efficacité, comme celle du Salk, pourraient, s’il faut se fier à l’étude d’Oxford, faire de nous des individus encore plus égocentriques. 

De grâce, prouvez que j’ai tort.

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