Les fab labs, vous connaissez?

Des ateliers de fabrication numérique poussent un peu partout dans le monde, offrant au plus grand nombre la capacité de fabriquer ses propres objets. Serait-ce le début d'une nouvelle révolution industrielle?

Atelier de fabrication

Imprimantes 3D, logiciels de CAO, découpeuses laser, circuits imprimés, outils de prototypage… on se croirait dans un laboratoire de recherche ou dans un studio d’artiste branché. Un fab lab est pourtant un lieu communautaire, qui vise l’accès ouvert aux outils technologiques. Si des chercheurs et des artistes se côtoient dans un tel lieu, ils composent aussi avec bien d’autres personnes intéressées par des nouvelles approches de la technologie. Artisans, ingénieurs, étudiants et autres «patenteux» peuvent y trouver divers outils qui sont mis en commun, un peu comme dans une coopérative agricole ou dans une cuisine collective. Mais des personnes avec peu de capacités techniques peuvent aussi profiter des fab labs en faisant appel aux autres personnes qui ont, elles, les capacités nécessaires à la réalisation de divers projets.

Le principe est à la fois simple et profond puisqu’il touche la valeur de la connaissance elle-même. Contrairement à l’objet physique, la connaissance a cette particularité fondamentale de se multiplier par le partage. Un peu comme un organisme vivant, la connaissance donne naissance à la connaissance sans disparaître dans le processus.

Dans un fab lab, on trouve donc des machines et des gens. Ces derniers utilisent le fab lab pour fabriquer leurs propres objets ou pour modifier des objets existants. Un élève du primaire peut y créer un bol pour son chat et une artiste peut y transformer un déchet en œuvre d’art.

Comme le veut la formule, l’imagination constitue une des rares limites à ce qui peut être fait dans un tel lieu. Lorsque plusieurs personnes échangent leurs idées, elles peuvent repousser les limites de leurs imaginations individuelles et concevoir des objets vraiment inusités.

Bien commun

Un peu comme les hackerspaces et certains lieux alliant arts et technologies, les fab labs regroupent des ressources humaines et matérielles en vue de favoriser l’appropriation des moyens technologiques. Toutefois, la mission d’un fab lab est assez particulière en ce qu’elle implique une construction des savoirs communs. Si n’importe qui peut mener un projet à terme dans un fab lab, c’est en contribuant à la connaissance de tous que chaque projet prend sa pleine valeur.

Le principe est à la fois simple et profond puisqu’il touche la valeur de la connaissance elle-même. Contrairement à l’objet physique, la connaissance a cette particularité fondamentale de se multiplier par le partage. Un peu comme un organisme vivant (une cellule de levure, par exemple), la connaissance donne naissance à la connaissance sans disparaître dans le processus. Lorsqu’une personne permet à une autre d’acquérir une certaine connaissance, la connaissance s’étend sans perdre de sa valeur. D’ailleurs, le fait de contribuer à la connaissance d’autrui permet souvent d’approfondir cette connaissance, évoquant alors une solution gagnante, qui profite à tous.

Des fab labs au Québec et ailleurs dans le monde

Il y a des centaines de FabLabs dans le monde.
Il y a des centaines de FabLabs dans le monde.

Créé en 2011 par Communautique, échoFab fut le tout premier fab lab à ouvrir ses portes au Québec. Depuis, l’idée de fab labs au Québec a commencé à se propager, entre autres au Témiscouata et à Saguenay, avec le DèmosLab. À la fin août, des membres d’échoFab et de DèmosLab ont effectué un séjour au Japon pour participer à la neuvième conférence sur les fab labs.

Puisque la mise en commun des connaissances représente une part importante du mode de fonctionnement des fab labs, les liens qui unissent ces divers ateliers à travers le monde peuvent mener à des collaborations fructueuses. Qui sait, le prochain projet de «guitare augmentée» sortira peut-être du Burkina Faso.

Vers une société postindustrielle?

À l’ère industrielle, de grandes questions sociologiques portaient sur le contrôle des moyens de production. Selon des modèles bien connus, les élites se distinguaient de la masse parce que les outils de fabrication leur appartenaient. Difficile pour un ouvrier d’améliorer son sort si la production s’effectue dans des usines bien au-dessus de ses moyens. De la même façon, une personne travaillant dans un centre d’appels ne dispose probablement pas des moyens de bâtir son propre lieu d’emploi, l’infrastructure étant bien trop coûteuse pour une personne aux moyens limités.

Qu’en est-il d’un fab lab, mettant à la disposition de tout un chacun des moyens de production qui étaient, jusqu’à tout récemment, l’apanage de l’élite industrielle? Peut-il changer la donne?

C’est une des grandes questions abordées au cours d’une conversation publique à propos des fab labs, organisée par l’Université autrement : Dans les cafés (un programme de l’Université Concordia visant à unir des citoyens dans le partage ouvert et gratuit d’idées et d’expériences). Ce genre de question anime de profonds débats, alors que la technologie qui sous-tend les fab labs devient de plus en plus accessible. Si la tendance se maintient, il y a fort à parier que de telles discussions vont prendre de l’ampleur au cours des prochaines années. Après tout, elles remettent en cause certains principes fondamentaux de la société dans laquelle nous vivons.

Alexandre Enkerli est chercheur associé à Communautique, l’organisme qui a donné naissance à échoFab, le premier fab lab au Québec. De plus, il participe à titre personnel à plusieurs activités de l’Université autrement : Dans les cafés, y compris une conversation publique à propos des fab labs.

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