Jurassic World : Dans les traces d’un géant

Le parc, ou plutôt Le Monde Jurassique est ouvert… et 22 ans après la première mouture cinématographique de l'œuvre de Michael Crichton, Colin Trevorrow fait sonner le tiroir-caisse, au plus grand plaisir du studio.

Ce Jurassic World, qui met en vedette Chris Pratt et Bryce Dallas Howard, se déroule plus de 10 ans après l’ouverture officielle du parc d’attractions regroupant des dinosaures sur l’île d’Isla Nubar, au large du Costa Rica. Hé oui, l’endroit même où Steven Spielberg situait les événements de Jurassic Park, en 1993. Cette fois, tout se déroule (relativement) bien pendant la première décennie d’exploitation du parc, et les recettes sont au beau fixe.

Dans l’objectif de maintenir l’intérêt du public toutefois, les grands pontes du parc décident d’encourager la création d’un dinosaure hybride, plus dangereux et plus spectaculaire. Comme on nous le martèlera à plusieurs reprises, «We need more teeth». À cette fin, l’administratrice du parc (Bryce Dallas Howard, ici en femme carriériste supposément froide et calculatrice) retient les services de Chris Pratt, alias le fils illégitime de Steve Irwin et de Crocodile Dundee. Dans le film, Pratt a d’ailleurs réussi à dresser en partie un groupe de vélociraptors, un animal auquel on accorde décidément trop d’intelligence depuis le début de la série.

Ce qui devait arriver arriva : le nouveau dinosaure, fort de sa ruse et de son instinct, réussit à s’enfuir de sa cage en dévorant quelques employés au passage. On enchaîne alors les scènes de panique et les mauvaises décisions. À croire que personne n’a retenu les leçons des trois premiers films lorsqu’il a été question de concevoir des mesures de sécurité pour éviter que le public ne finisse en casse-croûte préhistorique.

jurassicworld

Au beau milieu de tout cela, on ajoute les neveux de l’administratrice, Gray et Zach, qui seront mis en danger à intervalles réguliers. Un clin d’œil direct aux petits-enfants du personnage de John Hammond, l’idéateur du Parc Jurassique dans le premier film. Cette inclusion de l’enfant et de l’adolescent est symptomatique de l’un des pires problèmes grevant Jurassic World.

Un fossile ramené à la vie?

En fait, on ignore carrément si ce Jurassic World est une reprise de Jurassic Park, une suite, ou un hommage. Bien sûr, on fait abondamment référence au film de 1992, avec la présence de vieux bâtiments abandonnés sur l’île, les fameuses Jeeps, et même les lunettes de vision nocturne portées par l’agaçant Tim jadis.

Le personnage de Tim Murphy et ses lunettes, tiré du film Jurassic Park (Image : Universal Pictures).
Le personnage de Tim Murphy et ses lunettes, tiré du film Jurassic Park (Image : Universal Pictures).

Un technicien du centre de contrôle (Jake Johnson) se vante aussi d’avoir dépensé plus d’une centaine de dollars sur eBay pour mettre la main sur un t-shirt du parc originel, qu’il porte avec fierté. Par ailleurs, aimez-vous le thème musical de Jurassic Park? Même si vous l’avez en horreur, préparez-vous à l’entendre à de multiples reprises, jusqu’à ce qu’il soit sur le point de vous sortir par les oreilles. On s’ennuierait presque de la version au mélodica

En acceptant de réaliser Jurassic World, Trevorrow avait affaire à forte partie. Il devait affronter les fans, d’abord, qui ont aimé le premier volet, il y a plus de 20 ans, et qui ont peut-être subi les deux suites quelques années plus tard. Il devait aussi renouveler l’intérêt pour la franchise, puisqu’un investissement aussi onéreux, on ne règle certainement pas cela en un seul épisode. Comme de fait, la fin de Jurassic World laisse la place à une éventuelle suite. Enfin, Steven Spielberg étant producteur exécutif sur ce projet, impossible, pour Trevorrow, de ne pas sentir le regard du vétéran peser lourdement sur ses épaules.

Du réchauffé agréable

D’une longueur presque affligeante, Jurassic World fourmille de clichés, de kitsch et de quétaine, avec une morale aussi abrutissante que désolante.

Et donc, ce Jurassic World vaut-il la peine d’être vu? Plus ou moins. D’une longueur presque affligeante, il fourmille de clichés, de kitsch et de quétaine, avec une morale – la Nature pure et simple gagnera toujours – aussi abrutissante que désolante. On rejettera avec force les ersatz de divergences scénographiques, dont un possible divorce entre les parents des deux garçons, ou encore la possibilité d’utiliser des dinosaures pour les dresser afin d’en faire des armes de guerre. En même temps, si une éventuelle suite laissait tomber l’éternel thème du parc d’attractions pour plonger dans le délire de science-fiction, le résultat pourrait être étrangement intéressant.

Quelques aspects du film sont agréables, dont une poignée de scènes avec les dinosaures, y compris vers la fin. On apprécie aussi la chimie évidente entre Pratt et Howard, une chimie à laquelle le dialogue ne rend pas toujours justice. Au final, cependant, rien de cela ne vaut le déplacement, surtout pas pour du réchauffé de Jurassic Park avec de foutues lunettes 3D qu’on doit impérativement se carrer sur le nez pour se taper du pseudo-relief ajouté en postproduction.

Si vous avez une rage de dinos, allez donc justement vous taper le premier film, celui de 1993, avec Sam Neil et Jeff Goldblum, désespérément absents de ce quatrième volet qui a néanmoins battu un record d’audience le jour de sa sortie.

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