Far Cry Primal, y a-t-il un scénariste dans l’avion?

Far Cry Primal représente un peu plus de 30 heures de voyage dans la préhistoire, mais le périple n’est pas sans encombre. 

Après un Far Cry 4 qui était une copie conforme du précédent opus, Ubisoft Montréal a décidé de prendre la série à contre-pied et de nous plonger 12 000 ans dans le passé, en pleine époque préhistorique. N’imaginez toutefois pas un renouvellement complet du titre. Comme il repose sur d’excellentes bases, elles ont plutôt été adaptées à ce contexte.

Scénario

Dimanche, 14h30, le soleil brille haut et fort sur la vallée d’Oros. Takkar et ses chums de tribu, des Winjas, sont tranquillement en train de tuer un Mammouth lorsqu’un smilodon décide de s’immiscer dans le party. Hélas, il tue rapidement les amis de Takkar le laissant alors tout seul.

Si chez Ubi, ils n’ont pas vraiment de scénaristes, ils ont par contre des artistes incroyables, ce que nous allons voir plus bas.

Comme le monde est bien fait, il rencontre une autre Winja et trouve dans la foulée une grotte sûre pour construire un village. Ajoutez un shaman qui rejoint vite le camp et lui révèle son pouvoir de dompter les bêtes, et le voilà promu sauveur de son peuple. Il aura quand même fort à faire avec deux terribles ennemis. Des Néandertaliens cannibales, commandés par le terrible Ull, et des Cro-Magnons sachant fabriquer des bombes à feu, commandés par Batora, qui tient plus de la harpie que de la femme.

Comme c’est souvent le cas dernièrement avec Ubisoft, attendez-vous à une histoire classique et profondément convenue, à la limite indigente d’ailleurs dans ce jeu. À croire que les auteurs se font taper sur les doigts ou dicter depuis Paris les scénarios. Il en résulte un scénario dont on se moque éperdument.

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Alors oui le jeu vous immerge, mais c’est dû à la qualité de la réalisation. Si chez Ubi, ils n’ont pas vraiment de scénaristes, ils ont par contre des artistes incroyables, ce que nous allons voir plus bas.

Jouabilité

Là encore, pas de surprise, mais l’adaptation à ces temps reculés est excellente. Époque préhistorique oblige, on oublie sniper, mitrailleuses et autres lance-grenades. Au programme : gourdins à une et deux mains, arcs divers, couteaux de lancer en silex à la lame empoisonnée, et bien sûr quelques grenades aux effets variés. Pour bien observer les places à conquérir depuis les hauteurs, votre hibou vous offrira sa vision, et vous permettra même d’envoyer à l’attaque votre animal de compagnie en désignant des cibles. 

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Les commandes sont instinctives et participent à la prise en main immédiate du titre. Il est facile de viser avec l’arc, et l’on se repère très bien dans les différents menus. De ce côté donc tout est parfait.

Bien sûr, en gagnant de l’expérience, vous pourrez débloquer plusieurs dizaines d’habiletés. Plus de vie, une meilleure visée, chevaucher des animaux ou la possibilité d’apprivoiser de nouvelles espèces, elles sont réellement nombreuses… mais paraîtront pour beaucoup issues des précédents Far Cry. Il en va de même des mécaniques de jeu. Ainsi dans chaque région, il faudra conquérir des villages qui libèreront des missions secondaires. Il en existe différents types allant de la protection de voyageurs, en passant par la chasse aux animaux sauvages ou encore l’élimination de vagues d’intrus dans une place. Sympathiques au début, elles permettent de vite faire monter les XP, mais on finit par les abandonner rapidement.

Je vous conseille tout de même d’apprendre en priorité à chevaucher des animaux, vous allez gagner énormément de temps pour vous déplacer. Vous bénéficierez également d’un compagnon qui peut être d’une aide précieuse. Outre s’attaquer aux ennemis qu’on lui désigne, s’il est assez imposant, il fera également fuir les prédateurs qui s’intéressent un peu trop à vous. Pratique lorsqu’on veut infiltrer un camp. 

Technique

Le jeu est superbe et présente des environnements plutôt incroyables. Les forêts verdoyantes succèdent aux plaines désertiques. Mention particulière au Grand Nord de toute beauté. Froid et même teinté de sinistre, mais dans lequel on adore se perdre. Partout où vous porterez le regard, les graphistes ont abattu un travail somptueux. Il n’y a pas une chute d’eau qui ne vous donnera pas envie d’y être immédiatement.

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Les animaux eux aussi ont bénéficié d’une attention toute particulière, tout comme les humains toutes espèces confondues que vous rencontrerez. Visuellement, il n’y a vraiment rien à redire, c’est tout bonnement somptueux, et on n’a jamais l’impression de repasser deux fois au même endroit malgré l’étendue de ce monde. Techniquement, ça l’est un peu moins.

Le jeu reste fluide et je n’ai pas noté de ralentissement, même avec plusieurs mammouths et ennemis qui se trémoussent à l’écran.

Alors oui, le jeu reste toujours fluide et je n’ai pas noté de ralentissement, même avec plusieurs mammouths et ennemis qui se trémoussent à l’écran. On note toutefois un affichage en retard des herbes parfois à une dizaine de mètres de nous. On ne fera pas trop attention parce que l’effet est quand même bien géré, mais les esthètes le verront immédiatement. Somme toute, notre version Xbox One est très belle, mais si vous voulez en prendre plein la vue, il faudra le jouer sur PC. 

Si le jeu hérite des précédents Far Cry, il hérite également d’un problème qui n’a pas été mis à jouer depuis le 3, il y a trop peu de poissons et surtout de poissons rares lorsqu’on veut pêcher. En gros, je n’en ai jamais vu. Heureusement, on en a juste besoin pour la deuxième amélioration de la hutte de Roshani, à la toute fin de l’aventure. Bref, j’ai préféré finir le jeu plutôt que de passer des heures à guetter un maudit poisson qui ne se montre jamais. 

Mise en scène

Voilà le véritable point faible de Far Cry Primal, un scénario d’une platitude égale à l’encéphalogramme d’un rat mort. On s’ennuie fermement durant les phases de scénarios. Il y a bien des passages sympa avec quelques pratiques assez bizarres pour notre époque et un manque d’hygiène évident, comme lorsque notre héros doit boire des yeux ou porter un masque sur lequel le shaman vient d’uriner, mais l’exploration est bien plus amusante.

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On progresse dans le jeu parce qu’il est superbe et attachant artistiquement. Parce que c’est vraiment sympathique de prendre les villages et places, mais aucunement parce que le scénario arrive à nous happer. C’est même tout le contraire. On n’arrive pas du tout à s’intéresser à l’histoire d’une platitude qui ferait passer Santa Barbara pour du Game of Thrones

Il en va de même pour la mise en scène. Il y a bien quelques cinématiques faites avec le moteur du jeu, mais rien de transcendant, on verse même dans le minimaliste.

Progression

Calquée sur les précédents épisodes, vous devrez explorer tout en accomplissant des missions secondaires pour monter de niveau. Dans chaque région, des places fortes permettent d’étendre votre territoire, et servent également pour voyager rapidement. Partout, vous pourrez cueillir des fleurs, bois rares et pierres de l’endroit pour agrandir votre village, ou vous fabriquer de nouvelles armes et équipements. De ce côté, Far Cry Primal assure une progression classique, mais efficace.

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J’ai vraiment aimé prendre des places fortes, et apprécié certaines longues missions de la fin du jeu comme celle de Ull qui propose une très belle progression. Celles où il faut voler le masque, infiltrer les fils du soleil la première fois ou cueillir la fleur rare m’ont littéralement happé. Il en va de même de la chasse aux animaux rares, bien qu’il soit possible de glitcher au niveau des changements de zones. Malheureusement, il faut composer avec de nombreuses missions qui se révèlent bien trop faciles et même assez courtes. Une dizaine ou vingtaine de minutes suffit pour finir la plupart quand ce n’est pas moins. Le jeu manque clairement de grandes missions qui nous plongent hors de tout l’espace d’une bonne heure et c’est vraiment dommage, d’autant plus qu’il se révèle au final plutôt vaste et que les décors sont réellement riches. 

Far Cry Primal a été pensé pour le grand public avant tout, et même un peu trop.

Ce problème vient du fait que ce jeu a été pensé pour le grand public avant tout, et même un peu trop. En gros, vous avez un jeu superbe entre les mains avec de nombreuses possibilités et c’est en vous investissant que vous allez adorer. Par contre, les missions sont souvent trop courtes, et je ne vous parle même pas de la difficulté. Je l’ai réglée sur normale et le jeu était clairement trop facile. Les habitués du genre devront également monter la difficulté pour un minimum de défi.  

Bon à savoir sinon, arrivé à la fin lorsque l’on doit tuer Ull et Batari, le jeu ne dit rien sur la façon de déclencher ces missions. Pour Batari, n’allez pas comme moi chercher à perpette un éléphant. Il y en a un qui vous attend un peu avant la porte à enfoncer. Pour Ull, le jeu aura beau vous dire qu’il faut apprendre à fabriquer une potion contre le poison, en réalité, vous l’avez déjà (deuxième colonne complètement à droite dans les potions). Buvez-en et traversez le nuage. 

Ambiance

Ubisoft a eu l’excellente idée de ne pas choisir de langue pour les habitants, mais d’employer un dialecte. Il faudra lire les sous-titres oui, mais si vous y êtes allergiques, les dialogues sont simples et très courts. En tout cas, cette façon de faire contribue dès le début du jeu à vous mettre dans l’ambiance. 

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Les bruitages, que ce soit le vent, les cris d’animaux, d’oiseaux, le bruissement des feuilles et même les divers insectes, sont un plaisir pour l’oreille, à tel point qu’on préfèrera le jouer au casque pour en profiter ultimement. 

Les musiques toujours discrètes, mais très bien amenées participent également à l’immersion. Souvent douces, elles peuvent se muer parfois en chants guerriers. En tout cas, comme souvent chez Ubisoft, le côté artistique est en béton armé, et l’aspect sonore n’y échappe pas.

Conclusion

Même s’il reste très immersif, Far Cry Primal est un jeu conçu avant tout pour le grand public, mais un grand public affublé d’un QI de 32 pour l’histoire. C’est un jeu dans lequel on voudra se perdre environ 30 heures, puis on le rangera ou on le ressortira pour le montrer à ses amis à l’occasion. Il demande clairement de s’investir un peu pour délivrer ce qu’il y a de bon en lui, et on ne le regrette pas. Il vaut de ce côté de prendre le temps pour le finir.

Alors oui, on devra faire fi du scénario écrit par un enfant de quatre ans, et on fera vite la moitié des missions principales, mais on se promène dans une nature superbe à dos de smilodon, on prend du temps à attaquer des villages, et on chasse le mammouth. Le tout avec de nombreuses armes, et servi par une maniabilité aux petits oignons. Par contre, seuls ses décors vous laisseront de beaux souvenirs : il est aussi immersif que Far Cry 3, donc bien plus que Far Cry 4, mais son scénario et ses missions souvent trop courtes le desservent profondément, et c’est bien dommage.

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