Firefox pourrait abandonner Gecko au profit du moteur de Chromium

Un membre du comité de direction de Mozilla a récemment exprimé que le successeur de Firefox pourrait exploiter la même technologie qui alimente Chrome, le populaire navigateur de Google.

On sait que Mozilla travaille depuis un bon moment à concevoir son navigateur de nouvelle génération. Il semblerait toutefois que toutes les options soient sur la table, y compris même l’idée d’abandonner Gecko, l’actuel moteur de rendu de Firefox, au profit d’un dérivé de Blink, le moteur de Google qui se trouve dans Chromium, le projet open source derrière Chrome.

«Le prototype qui nous plaît à l’heure actuelle est conçu avec Electron et React, et non avec Gecko et XUL.»

«Nous travaillons sur des prototypes de navigateur qui ne ressemblent en rien à l’actuel Firefox en terme d’esthétisme et d’expérience», a écrit Mark Mayo, premier vice-président de Mozilla et responsable des services cloud de l’organisme.

«La prémisse de ces expérimentations ne pourrait être plus simple : ce que nous avons besoin d’un navigateur – à la fois sur PC et sur appareils mobiles – a beaucoup changé depuis Firefox 1.0.»

L’un des projets en question, surnommé Tofino, occupera une petite équipe de développeurs chez Mozilla pour les prochains trois mois. Ils doivent ainsi accoucher d’un navigateur avec du potentiel, sans quoi le projet sera simplement annulé.

À quel point le successeur de Firefox pourrait-il être différent du navigateur que l’on connaît aujourd’hui? Nul ne sait. Cependant, Mayo fait preuve dans son billet de prouesses exceptionnelles en insistant sur le fait qu’il est probable que Mozilla abandonne Gecko, et qu’essentiellement, ce ne serait pas la fin du monde.

«À mon avis, la raison pour laquelle de nouvelles choses sont difficiles à implanter dans de vieilles organisations la plupart du temps n’est pas parce que les gens sont incompétents, ou stupides, ou tentent activement de saboter de nouveaux projets ou des absurdités du genre», poursuit-il. «C’est en grande partie parce que faire quelque chose qui pourrait éventuellement avoir un impact considérable sur l’actuel produit provoque des tensions inévitables.»

«Par exemple, le prototype qui nous plaît à l’heure actuelle est conçu avec Electron et React, et non avec Gecko et XUL (les technologies avec lesquelles nous avons traditionnellement développé nos navigateurs).»

L’effet d’une bombe

electron

C’est la déclaration ci-dessus qui est venue changer la donne. Electron est une structure logicielle (framework) open source permettant d’intégrer des fonctionnalités de navigateur au sein d’applications dérivé de Chromium, un autre projet open source dont le moteur (Blink) se retrouve au cœur de Chrome depuis 2008. De son côté, React est une bibliothèque JavaScript maintenue notamment par Facebook qui est généralement utilisée pour concevoir des prototypes d’interfaces utilisateur.

Mayo poursuit en imaginant déjà les réactions face à ce qu’il vient d’écrire :

«Est-ce que cela signifie que nous ne croyons plus en Gecko? Qu’est-ce que l’équipe de la plateforme va penser? Vont-ils nous croire que ce projet n’a rien à voir avec le choix de la technologie, que c’est de la responsabilité de browser.html? Que faire si les développeurs web pensent que l’on abandonne Firefox et Gecko? Nous allons perdre la compatibilité web, et plus rien ne fonctionnera sous Firefox! Les consommateurs vont massivement abandonner Firefox! Nous allons perdre notre influence auprès du W3C! OMG, le Web est mort!»

«Ne pas avoir un excellent Firefox est ce qui va tuer Firefox. Point final.»

«Je ne suis pas en train de me moquer. Ces pensées m’ont toutes traversé l’esprit. Et j’ai passé d’innombrables heures à réfléchir à la façon de gérer les autres qui partageront ces inquiétudes. Aussitôt, tous ceux impliqués dans le projet investissent autant de temps à se soucier de l’issue d’une chose sur laquelle nous n’avons aucun contrôle de toute façon. Ne pas avoir un excellent Firefox est ce qui va tuer Firefox. Point final.»

Mayo passe en mode gestion de crise

Malgré avoir déployé des efforts pour tenté de rassurer la communauté de développeurs adeptes de Firefox, Mayo a ressenti le besoin de clarifier sa pensée au lendemain de la publication de son billet.

«J’aurais dû m’assurer de bien expliquer que le projet Tofino est entièrement consacré à l’exploration de l’expérience utilisateur, et non à la plateforme technologique», a-t-il écrit dans une mise à jour de son billet. «Nous travaillons avec l’équipe de la plateforme sur l’avenir de sa technologie, et nous sommes également enthousiastes concernant l’avenir des projets liés à Gecko et à Servo qui sont en pourparlers.»

Servo est le projet expérimental entamé par Mozilla il y a quatre ans ayant pour vocation de remplacer Gecko pour un moteur conçu avec le langage de programmation Rust. Une version alpha exploitable de Servo doit être lancée en juin prochain.

Enfin, David Bryant, directeur technique transitoire et vice-président de l’ingénierie de la plateforme de Mozilla, a rédigé de son côté un billet au sujet de l’intégration des fonctionnalités de navigateur au sein d’applications. Il a alors dévoilé qu’un autre projet, nommé Positron, avait pour but d’intégrer l’API d’Electron au moteur Gecko, une sorte de compromis qui permettrait au successeur de Firefox de tirer profit des bénéfices d’Electron sans pour autant abandonner le moteur de rendu exploité par Mozilla depuis 2004.

Fondamentalement, les écrits de Mayo et Bryant sont la preuve qu’il est impossible de prédire l’avenir du successeur de Firefox. Mais encore une fois, aucune option ne semble écartée par l’organisme, qui doit désespérément trouver un moyen de rendre son navigateur plus efficace et attrayant. Les parts de marchés de Firefox sont en chute depuis des années, ne représentant que 10,5% le mois dernier selon les statistiques compilées par la firme Net Applications.

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