Pour Tim Cook, le FBI demande à Apple de produire l’équivalent logiciel du cancer

En entrevue avec ABC World News hier soir, le PDG d'Apple Tim Cook a réitéré le refus de son entreprise de collaborer à l'enquête de San Bernardino.

Tim Cook persiste et signe. Il croit que de produire un logiciel permettant aux agents du FBI de s’introduire dans l’iPhone 5c du tueur de San Bernardino créerait un dangereux précédent. Ce message, il l’a martelé lors d’une entrevue avec David Muir diffusée hier soir sur les ondes de la chaîne ABC.

Nous vous présentons ici un résumé de cette entrevue, mais nous vous invitons fortement à regarder l’intégralité de la vidéo ci-jointe (d’un peu plus de 30 minutes, et non pas qu’un simple extrait).

D’entrée de jeu, Cook reconnaît qu’Apple travaille actuellement contre l’opinion publique dans son refus de céder à la volonté du FBI. Mais selon lui, ce n’est pas une question de sondage ou de l’opinion publique, c’est plutôt l’avenir des libertés civiles qui est en jeu.

«Personne ne voudrait d’un passe-partout permettant de déverrouiller des centaines de millions de serrures. Même si cette clé était en la possession de la personne en qui vous avez le plus confiance, cette clé pourrait être dérobée.»

«Cette affaire ne concerne pas qu’un téléphone», a-t-il répondu. «Cette affaire concerne l’avenir. Ce qui est en jeu ici est : le gouvernement peut-il obliger Apple de programmer un logiciel qui, selon nous, rendrait des centaines de millions de clients vulnérables dans le monde entier, y compris aux États-Unis, en plus de piétiner les libertés civiles qui sont la fondation même de ce pays?»

Aux dires du PDG, Apple a pleinement collaboré avec le FBI dans le cadre de cette enquête. L’entreprise a transmis toute l’information détenue par ses serveurs concernant le tueur, et les seules données encore inconnues aujourd’hui sont stockées à l’intérieur d’un iPhone chiffré dont le mot de passe est inconnu.

«La seule façon d’obtenir plus d’information sur ce téléphone, du moins le seul moyen que nous connaissons actuellement, serait de programmer un morceau de logiciel que nous considérons comme étant l’équivalent logiciel du cancer. Nous croyons que ce serait une mauvaise nouvelle [pour l’ensemble de nos utilisateurs], et nous refusons de programmer [un tel logiciel].»

«Personne ne voudrait d’un passe-partout permettant de déverrouiller des centaines de millions de serrures. Même si cette clé était en la possession de la personne en qui vous avez le plus confiance, cette clé pourrait être dérobée.»

Les effets pervers de l’étanchéité du chiffrement

«Le piratage est devenu monnaie courante. Il est très difficile de sécuriser des données, et ce n’est pas n’importe qui qui a la capacité de le faire. Les gens regardent Apple pour les aider à cet égard. Suffit de regarder le gouvernement, qui par le passé a été responsable des pires violations à ce chapitre. Alors oui, la sécurité est renforcée pour chaque nouvelle version des logiciels que nous produisons. Le chiffrement devient plus sophistiqué. Il se doit d’être à une longueur d’avance sur les méchants.»

Apple_Backdoor

Bien entendu, particulièrement dans l’affaire de San Bernardino, cette sécurité renforcée se traduit par une lame à double tranchant.

«Un des effets secondaires est qu’Apple n’est pas en mesure de pénétrer [ces systèmes] non plus. Il faut voir le tout ainsi : si vous mettez une porte dans une maison, c’est beaucoup plus facile d’y pénétrer. Ça n’a pas d’importance qu’elle soit verrouillée ou non. Quelqu’un peut s’y introduire. Notre point de vue est simple : on chiffre de bout en bout, et on ne conserve pas la clé. Les seules personnes pouvant voir les communications [dans ce contexte] sont les gens situés à chaque extrémité de cette communication.»

Une question de sécurité publique

«Le smartphone que vous trimbalez comporte plus d’informations à votre sujet que probablement tout autre appareil ou lieu physique.»

«Je sais que les gens aiment encadrer ce débat comme étant une question de vie privée par rapport à la sécurité nationale. C’est trop simpliste et tout simplement faux. C’est aussi une question de sécurité publique. Le smartphone que vous trimbalez comporte plus d’informations à votre sujet que probablement tout autre appareil ou lieu physique.»

«D’ailleurs, ce n’est pas un débat qui cible uniquement l’iPhone. Parce que si le gouvernement peut ordonner à Apple de créer un tel logiciel, il peut exiger la même chose pour toute autre entreprise.»

«Il est évident que cela créerait un précédent. Les forces de l’ordre de l’état de New York ont déclaré avoir 175 téléphones en attente d’être déverrouillés. D’autres comtés à travers les États-Unis ont également plusieurs téléphones auxquels ils souhaitent avoir accès. C’est donc une pente glissante. Ce n’est pas ce que je crains : c’est un fait.»

Apple souhaite une commission gouvernementale

«Les États-Unis sont à leur plus fort lorsque nous marchons main dans la main. Il y a des gens formidables au sein du FBI, du Département de la Justice et du gouvernement – d’incroyables fonctionnaires au service de la population. Il y a aussi des gens très intelligents en matière de technologie, et de grands défenseurs des libertés civiles. Tous ces groupes ont besoin de se réunir. Nous avons demandé qu’une commission soit établie. Je suis d’accord pour que ce soit appelé autrement ou que ça se présente d’une autre façon. Mais l’essentiel est pour toutes ces personnes clés de se réunir et de vraiment réfléchir à ces questions. On ne doit pas seulement s’attarder qu’à un seul aspect, mais bien à l’ensemble de ceux-ci et reconnaître qu’au cœur de ce débat résident certains des principes fondateurs de notre pays, et que nous devrions prendre le temps nécessaire pour s’y attarder.»

«Nous sommes prêts à porter cette question jusqu’au bout [en Cour suprême]. Oui. Parce que je crois que [cet enjeu] est important pour les États-Unis. Cela ne devrait pas être une décision prise par un tribunal, puis un tribunal, et un tribunal. Si vous décidez qu’il est acceptable de forcer une entreprise à faire quelque chose qu’elle croit être mauvaise pour des centaines de millions de personnes, alors… réfléchissez-y une minute.»

«Sans compter que cette cause est une affaire terrible. Il n’y a pas pire scénario que cette cause. Mais un juge dans un district différent pourrait décider que cette affaire sera interprétée comme de la jurisprudence dans un cas de divorce. Un autre juge dans un autre état pourrait vouloir appliquer la même logique pour une affaire fiscale. Un autre pourrait décider de l’appliquer dans un cas de vol qualifié. Jusqu’au point où l’on dira : “Un instant. Comment en sommes-nous arrivés là?”»

«Permettez-moi d’être clair. À la fin de la journée, nous devons suivre la loi. Comme tout le monde, nous devons suivre la loi. Ce que nous faisons ces jours-ci est de nous assurer que nous soyons entendus. Et j’encourage quiconque souhaitant exprimer une opinion de faire tout ce qui est en son pouvoir pour être entendu», a-t-il conclu.

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