Les fonds d’un projet Kickstarter détournés pour financer la construction d’une maison

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En 2013, bien avant le lancement du projet de l’imprimante 3D portable OLO à 99$, il y avait celui de la Peachy Printer, un appareil combinant imprimante et numériseur 3D devant se vendre 100$. Le projet Kickstarter était porté par deux Canadiens, le concepteur Ryan Grayston et l’administrateur David Boe.

Selon Grayston, il a été dupé par Boe alors que celui-ci a détourné, à son insu, près de la moitié des fonds – 324 716,01$ – pour financer la construction de sa maison.

Le duo espérait amasser au moins 50 000$ pour pouvoir démarrer la production. C’est plutôt 651 091$ qu’ils ont reçu de la part des bailleurs de fonds intéressés par le projet. Le produit n’a jamais été livré, et aujourd’hui, nous savons pourquoi.

Ce matin, la page d’accueil du site de Peachy Printer a été remplacée par une longue déclaration expliquant exactement ce qui s’est passé depuis la fin de la campagne. Selon Grayston, il a été dupé par Boe alors que celui-ci a détourné, à son insu, près de la moitié des fonds – 324 716,01$ – pour financer la construction de sa maison.

Comment Boe a-t-il pu berner Grayston?

C’est que l’entreprise Peachy Printer n’a été fondée que le 6 novembre 2013, soit plusieurs semaines après la fin de la campagne. Étant donné qu’aucune corporation n’existait au préalable, les fonds ont été versés dans le compte de celui qui était responsable de la gestion du projet : David Boe. Lorsque le moment est venu de transférer les sommes vers le compte de l’entreprise, le conseiller financier de la banque a suggéré de ne pas verser la totalité des fonds afin d’éviter qu’il y ait un pépin avec le transfert. Boe a alors transféré 200 000$ en promettant de s’occuper des autres transferts plus tard. Ce qu’il n’a jamais fait.

Un an après avoir fondé l’entreprise, détenue à parts égales entre les deux entrepreneurs, Grayston a appris ce qu’il est advenu des fonds du projet. Mais le plus incroyable dans cette histoire est qu’il semble avoir gardé son sang-froid, et a trouvé une façon de convaincre Boe de confesser ses actes devant une caméra, et ce, en toute connaissance de cause.

Il a partagé aujourd’hui sur YouTube la vidéo dans laquelle il raconte son histoire, sous un ton par moment étrangement dramatique et difficile à prendre au sérieux. La vidéo présente également un échange téléphone entre lui et Boe, et les aveux de ce dernier.

«[Cette vidéo] a été tournée sous la contrainte, une contrainte extrême, à cette époque», a récemment déclaré Boe à la BBC. «Ils m’ont dit exactement ce qu’ils voulaient entendre de ma part», a-t-il ajouté, avant de conclure qu’il ne souhaitait pas commenter davantage sur les allégations.

Où est passé l’argent?

Boe aurait ainsi devancé le financement de la construction de sa maison située en Saskatchewan dans l’espoir de pouvoir rembourser la somme des bailleurs de fonds avec son prêt hypothécaire à avances progressives – selon les sommes transférées par la banque après chaque étape de construction. Arriva ce qui devait arriver : Boe aurait dépensé trop d’argent sur les matériaux au détriment de la main d’œuvre. Par conséquent, les travaux n’auraient pas progressé comme prévu, et le projet résidentiel n’a pas passé l’inspection exigée par la banque responsable du prêt hypothécaire.

peachyprinter

En apprenant la situation financière précaire de son partenaire en novembre 2014, Grayston a consulté ses avocats, qui lui ont conseillé de ne pas ébruiter l’affaire. Il a par la suite obtenu une lettre de démission signée par Boe, afin de pouvoir s’approprier intégralement l’entreprise.

Malgré ses diverses tentatives de sauvegarder le projet, notamment par le biais des programmes d’aide à la recherche industrielle et d’encouragements fiscaux destinés à la recherche scientifique et au développement expérimental du gouvernement du Canada, mais aussi par des prêts personnels à gauche et à droite, Grayston se retrouve aujourd’hui dans une impasse, et devant une fin de non-recevoir de la part de Boe.

Il a ainsi choisi aujourd’hui d’étaler publiquement l’ensemble des documents qu’il a amassé au cours de sa propre enquête via un fichier Torrent de 2,4 Go. Il demande également aux bailleurs de fonds de communiquer avec la police qui enquête actuellement à ce sujet.

Kickstarter souhaite collaborer avec les autorités

La plainte concernant les allégations de détournement de fonds du projet a été déposée en novembre dernier.

«Toute personne qui abuse de notre plateforme et de la confiance de notre communauté s’expose à des recours devant les tribunaux», a déclaré David Gallagher, porte-parole de Kickstarter. «Nous avons communiqué avec les forces de l’ordre qui enquête déjà sur la situation, et nous leur porterons assistance de quelque manière que ce soit.»

Selon le Service de police de Saskatoon, la plainte concernant les allégations de détournement de fonds du projet Peachy Printer a été déposée en novembre dernier.

«Depuis, les détectives de la section des crimes économiques ont mené une enquête préliminaire, mais ils sont toujours en attente de plus d’informations de la part des propriétaires de l’entreprise», a déclaré la directrice des affaires publiques de la police de Saskatoon, Alyson Edwards.

«Une fois qu’ils auront reçu l’information, le procureur de la Couronne sera consulté afin de déterminer si une poursuite criminelle doit avoir lieu, ou si l’affaire nécessite plutôt d’une poursuite au civil.»

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