Le compte de Milo Yiannopoulos (alias @Nero), rédacteur du blogue néoconservateur Breitbart, s’est retrouvé ce matin banni de Twitter.
«Personne ne mérite d’être la cible d’une campagne de harcèlement en ligne, et nos règles interdisent d’inciter ou d’inviter à agresser ou harceler d’autres utilisateurs.»
Ce n’est pas la première fois que ce controversé personnage, qui voit en Donald Trump une figure paternelle, qui se décrit comme «le plus fabuleux supervilain d’Internet», qui déteste tout ce qui est féministe ou lié au mouvement des social justice warriors, voit l’accès à son compte être révoqué par le service. Toutefois, aujourd’hui, sa cause est sans appel.
Selon Twitter, ce n’est pas tant les déclarations de Yiannopoulos qui lui ont valu d’être suspendu indéfiniment, mais plutôt son comportement, qui fut contraire aux conditions d’utilisation de Twitter en ce qui concerne l’abus ciblé vers des utilisateurs spécifiques.
«Les gens devraient être en mesure d’exprimer des opinions et des croyances diverses sur Twitter», a déclaré l’entreprise par voie de communiqué. «Mais personne ne mérite d’être la cible d’une campagne de harcèlement en ligne, et nos règles interdisent d’inciter ou d’inviter à agresser ou harceler d’autres utilisateurs. Au cours des dernières 48 heures en particulier, nous avons vu une hausse du nombre de comptes violant ces politiques et nous avons pris des mesures cœrcitives contre ces comptes, allant de l’avertissement – tout en exigeant la suppression de certains tweets violant nos politiques – à la suspension permanente.»
Ainsi, en accusant à répétition la comédienne Leslie Jones de jouer les victimes devant la horde de tweets haineux dirigée à son endroit en lien avec sa performance dans le film Ghostbusters, le Britannique de 32 ans a incité ses 388 042 abonnés à se joindre au mouvement, multipliant et intensifiant les attaques racistes et misogynes.
@Lesdoggg Hi Leslie, following, please DM me when you have a moment
— Jack (@jack) July 19, 2016
Devant l’ampleur des messages haineux, Leslie Jones a critiqué l’inaction de Twitter avant de laisser entendre qu’elle quitterait le réseau social. Ses propos ont attiré l’attention de Jack Dorsey, PDG de l’entreprise, qui a invité la comédienne a communiquer avec lui en privé.
Twitter, le harcèlement, et la liberté d’expression
Cet incident remet bien entendu la délicate question de la liberté d’expression sur Twitter à l’avant-scène. Et sans surprise, c’est exactement sur cette question que s’est défendu Yiannopoulos.
«Par la lâcheté de la suspension de mon compte, Twitter vient lui-même de confirmer qu’il était un lieu sûr pour les terroristes musulmans et les extrémistes du mouvement Black Lives Matter, mais une zone interdite pour les conservateurs», a-t-il déclaré. «Twitter me porte toute la responsabilité du comportement d’adeptes et de trolls selon une logique de bretzel particulièrement gauchiste.»
«C’est la fin pour Twitter. Toute personne qui se soucie de la liberté d’expression vient de recevoir un message clair : vous n’êtes pas les bienvenus sur Twitter», a conclu Yiannopoulos.
Après avoir défendu que ses utilisateurs bénéficiait de la liberté d’expression, Twitter a fait amende honorable concernant l’inefficacité de son entreprise à agir rapidement lorsque des débats se transforment en harcèlement.
«Nous savons que beaucoup de gens croient que nous n’avons pas déployé suffisamment d’efforts pour endiguer ce type de comportement sur Twitter. Nous sommes d’accord», a admis Twitter. «Nous continuons d’investir massivement dans l’amélioration de nos outils et systèmes pour nous permettre de mieux détecter le harcèlement et de prendre les mesures nécessaires plus rapidement pour restreindre les récidivistes. Nous étions en processus de réviser notre politique de conduite odieuse afin d’interdire d’autres types de comportements abusifs et de préciser l’outil permettant de les signaler, dans le but de réduire le fardeau sur la personne ciblée. Nous vous fournirons plus de détails sur ces changements au cours des prochaines semaines.»
Comme le souligne ce matin Le Monde, Facebook s’est rallié à Twitter en France plus tôt cette semaine dans le but de conclure un accord avec les associations antiracistes afin de lutter plus efficacement contre les discours haineux sur les réseaux sociaux.