Branchez-vous

Phonebloks, quand l’utopie est rattrapée par la réalité

Est-ce que ces personnes iront vers un téléphone sur lequel les composants sont bien plus dispendieux? Nous ne sommes pas dans le même registre que la nourriture bio au tarif un peu plus élevé, mais devant des pièces qui pourraient coûter plusieurs fois le prix d’un composant équivalent chez Apple ou Samsung.

Il y a deux semaines, Dave Hakkens des Pays-Bas a lancé l’idée du Phonebloks, un téléphone intelligent dont les composants en modules permettraient de le faire évoluer plutôt que de la changer. Mais dans une société où le marché dirige notre consommation technologique, c’est la viabilité de tels projets qui est en cause.

Selon Laurent Chebbah, ingénieur et chef de projet infrastructure, le projet est techniquement réalisable en soi. Les avantages se situent dans de nombreux points comme la modularité du matériel, qui permettrait de créer son téléphone suivant ses besoins, ou commencer par une base que l’on enrichira par la suite. Chebbah observe également d’autres avantages au concept, à savoir le coût d’entretien très bas, son caractère écologique, et une continuité du modèle technologique.

Pourtant, il ne faut pas crier victoire, car ce projet va finalement se heurter à la réalité du marché.

Triste réalité

Toujours selon Chebbah, le projet va devoir faire face à de multiples problèmes et pourrait s’avérer finalement très dispendieux pour le client selon ces trois points :

Enfin, un dernier point mais non le moindre, quel système d’exploitation serait préférable pour un tel téléphone? À première vue, Android semble le meilleur choix, mais il ne faut pas perdre de vue que Microsoft perçoit des redevances. Sur un appareil Samsung, elles s’élèvent à 13$ contre 11$ pour un téléphone LG. Le summum est atteint par ZTE, qui doit payer 27$ par appareil. Sans compter que cette somme doit être versée pour chaque appareil fabriqué, et non sur chaque appareil vendu.

Aucune petite compagnie ne peut se permettre de verser cette somme à Microsoft, et encore moins d’assurer le coût d’un procès pour se faire condamner à coup sûr. L’alternative viendrait alors à un système d’exploitation basé sur Linux, comme le récent Firefox OS.

Qui va l’acheter?

Une fois confronté à la réalité du marché, le Phonebloks se heurte à un modèle économique de consommation intense : l’intérêt des compagnies repose en majorité sur des énormes profits à très court terme.

Les consommateurs habitués à ce système y ont finalement adhéré malgré eux. De nombreuses personnes que je connais et qui ont la fibre écologique ne vont pas craquer à chaque nouvel iPhone, et préfèrent changer aux deux à trois ans. Pour la plupart, changer la pile afin de continuer à utiliser un téléphone qui fonctionne parfaitement ne semble pas être une priorité. On veut absolument le nouvel appareil doté d’une caméra avec encore plus de mégapixels et au design tellement hot, sans parler des nouvelles fonctionnalités, souvent indisponible sur leurs vieux appareils. Et puis, les habitués d’iOS et Android sont souvent trop attachés à leur système d’exploitation pour changer vers un nouveau, où ils ne retrouveront pas leurs applications et où il faudra tout réapprendre.

De plus, est-ce que ces personnes iront vers un téléphone sur lequel les composants sont bien plus dispendieux pour les raisons évoquées plus haut? Nous ne sommes pas dans le même registre que la nourriture bio au tarif un peu plus élevé, mais devant des pièces qui pourraient coûter plusieurs fois le prix d’un composant équivalent chez Apple ou Samsung.

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