Après un nombre incalculable d’heures passées dans la République de Calvard, lieu où se déroulent les événements du tout nouveau Trails through Daybreak, je suis enfin prêt à vous raconter ce nouveau chapitre qui marque un véritable tournant pour la série. Un chapitre qui pourrait être une belle introduction à la saga.

Bienvenue à Calvard
Après avoir suivi les péripéties de la Classe VII dans l’Empire d’Erebonia et de l’équipe spéciale de la police SSS à Crossbell, Falcom nous emmène encore plus à l’Est, nous proposant une nouvelle perspective depuis l’une des grandes nations du continent d’Erebonia : la République de Calvard. Ce territoire, voisin de la cité-état de Crossbell et source de préoccupation pour les services secrets ereboniens, devient désormais le centre de l’intrigue.


Nous suivons principalement les aventures de Van Arkride, un « spriggan » (une sorte de détective privé) qui s’occupe de dossiers délicats et marginaux, que ni la police ni la guilde des Bracers ne peuvent traiter pour diverses raisons. Travaillant souvent à la frontière de la légalité et du monde souterrain, Van est un personnage sombre et solitaire, à la réputation ambivalente, qui le précède autant en bien qu’en mal.
Son quartier général est basé à Edith, la capitale ultra-technologique de Calvard, où son agence, Arkride Solutions, est bien connue, même si Van n’est pas apprécié de tous. Cependant, un jour, une jeune étudiante de l’académie locale, Agnes Claudel, frappe à sa porte avec en sa possession un artefact d’une puissance extraordinaire. Cet objet mystique lie non seulement le destin de la jeune fille et de l’agence de Van, mais aussi celui de tout le continent d’Erebonia.
Un nouveau départ pour la série
Il est indéniable que Trails Through Daybreak s’efforce d’attirer de nouveaux joueurs, tout en restant fidèle à ses racines. En effet, l’équipe de développement a clairement cherché à rendre ce nouvel épisode plus accessible pour les nouveaux venus, en expliquant en détail les relations de pouvoir entre les différentes factions et en introduisant soigneusement les personnages et événements. Cela dit, même les nouveaux joueurs devront se montrer attentifs à chaque dialogue et se plonger dans l’encyclopédie interne. Un moyen pour bien comprendre la richesse de cet univers.

Ce nouveau chapitre est conçu pour être un point d’entrée dans la série. Cela ne signifie pas pour autant qu’il sera facile à appréhender. La profondeur de l’intrigue, les nombreuses relations entre les personnages et la complexité des dialogues restent des éléments incontournables. Le travail accompli par Falcom au fil des ans est monumental, et l’abondance de connexions, de personnages et d’organisations mentionnés dans cette série en fait l’une des œuvres les plus denses et appréciées dans le monde des JRPG.

Toutefois, comme pour les premiers volets d’autres arcs narratifs sur le continent d’Erebonia, ce nouvel épisode souffre du « syndrome du premier », avec un rythme parfois un peu lent dû à la nécessité de poser les bases d’un nouveau cadre, de nouveaux termes et de nouvelles dynamiques. Ce problème de rythme se ressent particulièrement dans l’équilibre entre les combats et la narration, avec des phases de jeu parfois interrompues par de longues expositions textuelles non doublées, ce qui peut ralentir l’action.
Des ajustements au système de combat
Quant au système de combat, bien que les changements annoncés aient pu effrayer les fans de longue date, ils se révèlent finalement plus cosmétiques que substantiels. Le passage à un combat en temps réel, censé accélérer les affrontements mineurs, est bien géré, tout en permettant de revenir aux mécanismes classiques au tour par tour pour les batailles plus importantes, notamment contre les boss. La possibilité de jongler entre ces deux systèmes offre une certaine flexibilité, bien que certains joueurs de la vieille école puissent regretter cette simplification des mécaniques de base.


L’introduction d’un système de moralité à trois axes ajoute une nouvelle dimension aux choix du joueur, influençant le déroulement des missions principales et secondaires, ainsi que le recrutement de personnages. Cependant, ce mécanisme reste encore timide dans ses implications, et il faudra attendre de futures itérations pour voir s’il pourra générer des divergences scénaristiques plus marquées.
Une réalisation technique en demi-teinte
Sur le plan technique, Trails through Daybreak apporte quelques améliorations notables par rapport à ses prédécesseurs, avec des effets de lumière mieux gérés, des environnements plus vastes et des personnages aux mouvements plus naturels. Cependant, il subsiste encore de nombreux éléments qui trahissent l’âge de la série. Des éléments comme l’animation parfois rigide des personnages, la réutilisation fréquente de certains visages et voix, ou encore l’absence de doublage pour une grande partie des dialogues.

Malgré cela, le jeu conserve son charme, notamment grâce à une bande sonore de qualité, fidèle à la réputation de Falcom, et à une quantité généreuse de contenu, offrant de nombreuses heures d’exploration et de combat. Mais comparé à d’autres productions récentes sur des plateformes comme la PlayStation 5, le titre accuse un certain retard en matière de présentation visuelle et de finesse graphique.
Verdict
Avec Trails through Daybreak, Falcom réussit à la fois à proposer un nouveau départ accessible aux novices tout en offrant aux fans de longue date un nouvel arc narratif intrigant. Si certaines lourdeurs du jeu, en particulier au niveau du rythme et de la présentation technique, peuvent freiner l’expérience de jeu, la richesse de son univers et la complexité de ses personnages continuent d’en faire un incontournable pour les amateurs de JRPG. Le système de combat hybride et le mécanisme de moralité apportent une fraîcheur bienvenue, bien que leur mise en œuvre puisse encore être perfectionnée dans les futurs volets.