La Nintendo Switch, une console ambitieuse qui doit maintenant livrer la marchandise

Cherchant à tirer le meilleur de la Wii et de la Wii U, Nintendo sacrifie indirectement la 3DS au profit d'une console de salon pouvant être appréciée n'importe où.

Première console hybride pouvant être utilisée avec un téléviseur dans le confort de notre foyer, sur la route en mode portable ou en posant son écran appuyé sur une table, la Nintendo Switch est susceptible de bouleverser la frontière qui sépare les véritables jeux AAA conçus pour être joués sur un téléviseur des jeux portables généralement moins riches en graphismes.

La Nintendo Switch tente de satisfaire deux créneaux du marché.

Mais Nintendo n’est-elle pas en train de se concurrencer elle-même, alors qu’elle domine toujours le marché portable avec la 3DS? L’entreprise aura beau insister pour présenter la Switch comme une plateforme complémentaire, il n’en demeure pas moins que les jours de la 3DS sont aujourd’hui comptés. C’est un secret de polichinelle que l’industrie mobile menace depuis un bon moment la pertinence même de posséder une telle console. Pourquoi trimbaler une 3DS alors que les jeux Android et iOS font très bien l’affaire, et qu’il est impensable de laisser derrière soi son téléphone?

Nintendo l’a compris. C’est pourquoi le fabricant japonais mise le tout pour le tout avec un système pouvant répondre aux besoins des joueurs de salon en leur soumettant l’idée de poursuivre leur partie d’un même jeu lorsque des déplacements s’imposeront.

Design digne des fabricants de téléphones mobiles

Oubliez l’aspect grossier et bon marché du GamePad de la Wii U, la Nintendo Switch n’est manifestement pas un vulgaire jouet Fisher-Price. La fabrication haut de gamme de son unité mobile lui confère un raffinement propre aux produits technologiques des Apple et Samsung de ce monde. Sa coque d’un alliage métallique est très rigide, et l’appareil héberge certainement une forte densité de composantes par son poids de 297 g.

Ce à quoi ressemble une Nintendo Switch après une semaine d'utilisation.
Ce à quoi ressemble une Nintendo Switch après une semaine d’utilisation.

Son écran tactile de 6,2 pouces occupe la majorité de sa surface, bien qu’il soit orné d’une bordure bien plus imposante que les plus récents appareils mobiles toute proportion gardée. Il est protégé par une couche de plastique rigide à des années-lumière de la surface molle de l’écran du GamePad de la Wii U, et ne s’est toujours pas égratigné après une utilisation normale en mode portable d’une bonne dizaine d’heures.

Les Joy-Con, ces petites commandes que l’on glisse sur les côtés de l’appareil ou dans le support leur permettant de former une manette plus conventionnelle, sont légères, et leurs nombreux boutons résisteront à un usage assez intensif. L’arrimage de celles-ci est très rigide : suffit de glisser la bordure supérieure des Joy-Con dans le rail situé aux extrémités gauche et droite de l’unité mobile, jusqu’à ce qu’un clic se fasse entendre. Pour les détacher, il faut appuyer profondément sur le petit bouton en dessous des boutons LZ et RZ et tirer la Joy-Con vers le haut. Je vois difficilement comment ces manettes pourraient se détacher accidentellement.

Les Joy-Con glissent le long d'un rail situé aux extrémités de l'écran.
Les Joy-Con glissent le long d’un rail situé aux extrémités de l’écran.
La DualShock 4 par rapport à l'ensemble de Joy-Con et leur support.
La DualShock 4 par rapport à l’ensemble de Joy-Con et leur support.

En terme de prise en main, le contraste du passage des Joy-Con glissées dans leur support vers l’arrimage de l’unité mobile est si élevé qu’il faut un certain temps d’adaptation. Les boutons sont également très petits, à l’instar de ceux de la PlayStation Vita ou de la 3DS. Rien de bien grave, le tout demeure très bien balancé, mais cet aspect pourrait surprendre ceux qui sont moins familiers avec la prise en main de consoles portables.

Les Joy-Con peuvent aussi être utilisées séparément dans chaque main, telles des Wiimote. Optionnellement, on peut y glisser une dragonne pour améliorer leur prise en main à la verticale. À l’horizontale, elles peuvent imiter une manette rudimentaire avec une disposition similaire à la manette de SNES pour les jeux à deux joueurs. Cette proposition ne fera toutefois pas l’affaire de tous, et certains préféreront utiliser la Switch Pro Controller (vendue séparément) ou acheter un second ensemble de Joy-Con et un support pour les combiner.

Malheureusement, la rigidité n’est pas présente partout. En l’occurrence, le pied de l’unité mobile, celui-là même qui cache le lecteur microSD de la console, est fabriqué dans un plastique qui semble plutôt fragile. À moins d’échapper le système sur un plancher de béton, il va de soi que ce sera la première chose qui brisera. Heureusement, ce morceau pourra facilement être remplacé, et sa présence n’est pas essentielle au fonctionnement de la console ou de son lecteur microSD.

Le pied qui cache le lecteur microSD semble plutôt fragile.
Le pied qui cache le lecteur microSD semble plutôt fragile.
La manette de la NES Classic Edition par rapport à la Joy-Con de gauche.
La manette de la NES Classic Edition par rapport à la Joy-Con de gauche.

La station d’accueil, ultra légère, paraît également peu robuste. Elle est construite dans un plastique bon marché qui laisse croire que la portière arrière, celle cachant les câbles HDMI et USB-C (servant à son alimentation électrique), pourrait également briser facilement. Heureusement, ce n’est pas la pièce qui risque de subir le plus de manipulation.

Compromis d’une console hybride

Voici les caractéristiques officielles de la Nintendo Switch pour l’unité mobile et la station d’accueil. Contrairement à ce que l’on pouvait présager, la station d’accueil est dépourvue de système sur puce.

Unité mobile

Système sur puce Tegra de NVIDIA personnalisé (UDNX02-A2)
Écran LCD tactile capacitif de 6,2 pouces d’une définition de 1 280 × 720 pixels (237 ppp)
Diffusion vidéo 1080p60 lorsque connecté à un téléviseur
720p60 en mode portable
Espace de stockage 32 Go extensible jusqu’à 2 To avec microSDHC ou microSDXC
Capteurs Accéléromètre, gyroscope, et capteur de luminosité
Batterie Lithium-ion de 4 310 mAh non amovible de 2,5 à 6,5 heures d’autonomie
Support média Lecteur de carte Nintendo Switch
Connectivité Wi-Fi 802.11a/b/g/n/ac
Bluetooth 4.1
Port USB-C 2.0
Prise audio jack conventionnelle
Dimensions 102 × 239 × 13,9 mm (avec les Joy-Con attachées)
28,4 mm (extrémité des sticks au rebord des boutons ZL/ZR)
Poids 398 g (avec les Joy-Con attachées)
Environ 297 g (unité mobile seule)

Station d’accueil

Connectivité Port HDMI
Ports USB-A 2.0 (2)
Port USB-A compatible 3.0 (MAJ nécessaire)
Port USB-C servant à l’alimentation électrique
Dimensions 104 × 173 × 54 mm
Poids Environ 327 g

Le cerveau de la bête, le système sur puce Tegra personnalisé pour Nintendo par NVIDIA, est situé dans l’unité mobile de la Nintendo Switch. Celui-ci augmente en puissance lorsque la console est glissée dans sa station d’accueil, non pas parce qu’elle gagne l’accès à un nouveau processeur, mais bien pour des raisons d’autonomie. Puisque l’écran de l’unité mobile se limite à du 720p, inutile de toute façon de tirer le maximum de puissance, au risque d’épuiser prématurément l’énergie stockée dans sa batterie interne.

En ce qui concerne d’ailleurs cet écran 720p, j’étais parmi les plus sceptiques face à la décision de Nintendo de ne pas adopter au minimum un écran 1080p. Honnêtement, je dois admettre que j’ai eu tort : avec sa densité estimée à 237 ppp, dans le contexte d’un jeu, les pixels ne sont perceptibles que lorsqu’on s’entête à les voir. Un effet de crénelage peut être observé, certes, tout comme il l’est sur un téléviseur 1080p sur une majorité de titres PlayStation 4 et Xbox One. L’expérience est beaucoup moins agaçante que ce que j’avais anticipé.

La luminosité de l'écran, ajustable, est équivalente à ce que l'on retrouve sur le marché des appareils mobiles.
La luminosité de l’écran, ajustable, est équivalente à ce que l’on retrouve sur le marché des appareils mobiles.

Il va de soi que la vocation mobile de la Switch rend la console inférieure à la PlayStation 4 et Xbox One en terme de puissance. La dernière fois que Nintendo a sérieusement tenté de rivaliser le marché sur ce créneau, c’était avec la GameCube, et l’aventure n’a pas obtenu les résultats escomptés. Mais il serait absurde de réduire la Switch qu’a cet aspect en ignorant complètement son principal atout qu’est sa portabilité.

Les Joy-Con sont très petites (et je n'ai pas les plus grandes mains au monde).
Les Joy-Con sont très petites (et je n’ai pas les plus grandes mains au monde).

Fait intéressant : l’unité mobile est bien pourvue de capteurs de mouvements (accéléromètre et gyroscope), un détail qui augmente sans doute la précision de ce type de manipulation pourtant déjà offerte par les Joy-Con.

Un contentieux qui en a agacé plusieurs est la capacité de stockage du système, limitée à 32 Go. Sachant que bien des jeux AAA téléchargeables occuperont rapidement cet espace, devoir se munir d’une carte microSD supplémentaire paraît indispensable pour les utilisateurs qui préfèrent obtenir leurs contenus de cette façon. En attendant, vaut mieux se procurer ses jeux en version physique.

Critique provisoire

Dans le cadre de ce banc d’essai, il m’a été impossible de tester pleinement tout le potentiel de la Nintendo Switch. Car pour bien juger une console aussi flexible et polyvalente en terme de jouabilité, il faut pouvoir essayer une variété de jeux qui exploitent l’ensemble de ceux-ci. Au moment d’écrire ces lignes, l’accès au eShop est toujours impossible. Je n’ai donc pu essayer que 1-2-Switch et The Legend of Zelda : Breath of the Wild.

J’ai eu à composer avec des problèmes de connexion avec la Joy-Con de gauche également observés par d’autres journalistes. La mise à jour prévue le jour du lancement de la console devrait corriger la situation.

En terme de reconnaissance de gestuelle, les Joy-Con sont très efficaces. Elles sont munies des mêmes capteurs que l’unité mobile, en plus de la NFC sur la Joy-Con de droite (pour la détection d’Amiibo), d’un lecteur infrarouge sur la Joy-Con de gauche, et du HD Rumble, un moteur de vibration plus précis que ce que l’on retrouve normalement dans une manette.

À noter que la portée de la connexion Bluetooth entre les Joy-Con et la station d’accueil se situe à une dizaine de mètres. Par contre, la Joy-Con de gauche s’est détraquée à quelques reprises, faisant en sorte que mon personnage poursuivait une direction contraire à ma volonté. Nintendo est au fait de ce problème, qui a été observé par d’autres journalistes (et toujours que sur la Joy-Con de gauche), et la mise à jour prévue le jour du lancement de la console devrait corriger la situation.

Nintendo prétend que les Joy-Con offrent une autonomie de 20 heures, et cette estimation semble exacte. Pour avoir énormément joué à Breath of the Wild avec le support Joy-Con, et en prenant soin de ranger les Joy-Con sur l’unité mobile insérée dans la station d’accueil pour m’assurer qu’elles soient toujours pleinement chargées, je n’ai jamais manqué de batterie. Au contraire d’une utilisation en mode portable, qui avec ce jeu se situe légèrement sous la barrière de 3 heures avancées par Nintendo. Il faut dire cependant que l’autonomie de l’unité mobile variera selon la luminosité de l’écran, l’activation du Wi-Fi, et les besoins en ressources du jeu en cours d’exécution. Cette autonomie correspond d’ailleurs à celle avancée par la 3DS, une console pourtant significativement moins puissante.

Puisque la Switch est alimentée en électricité par un port USB-C, j’ai voulu tester celle-ci avec d’autres chargeurs du même type que j’avais en ma possession. La console nécessite une tension de 15V et un courant de 2.6A. Le chargeur USB-C du MacBook, qui fourni 14.5V et 2.0A semblait suffisant pour alimenter la Switch, au contraire de celui du Pixel XL, qui n’offre que 9.0V et 2.0A. À noter qu’il est toujours préférable d’employer un chargeur qui correspond exactement aux exigences de l’appareil.

Du potentiel, mais encore faut-il des jeux

Vous aurez beau lire toutes les critiques du monde à propos d’une console, ce qui prime d’abord et avant est évidemment les jeux qu’elle offre. Avec les titres en chantier par la communauté de développeurs indépendants annoncés cette semaine, et le soutien d’une large portion des éditeurs de l’industrie, la Nintendo Switch semble vouée à un avenir prometteur.

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En cherchant à combler les adeptes de consoles de salon, les propriétaires de consoles portables, et les joueurs occasionnels pour qui un prix élevé n’est pas problématique, Nintendo pourrait bien surprendre tout le monde et prouver en quelque sorte que le futur des jeux vidéo n’est pas uniquement réservé à une image 4K et des expériences de réalité virtuelle. Mais à trop vouloir plaire à tout le monde, on risque aussi de ne satisfaire personne.

Affichée à 399$, la Switch propose un rapport qualité-prix plutôt honnête pour l’expérience flexible qu’elle offre. Bien entendu, si la portabilité n’est pas un atout intéressant à vos yeux et que les jeux de Nintendo ne sont pas votre tasse de thé, inutile d’insister : cette console n’est pas pour vous.

La Nintendo Switch débarque en magasin vendredi le 3 mars.

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