Les RoboCop rêvent-ils de moutons policiers?

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TITRE
RoboCop

TITRE ALTERNATIF
Non, pas lui : celui sorti en 2014. Ouin. Je sais.

PAYS D’ORIGINE :
États-Unis

DATE DE SORTIE :
2014

Synopsis

Dans le futur, un policier incompétent est transformé en robot policier incompétent.

Mais encore?

Quelque part au début des années 2000, un stagiaire est entré en panique dans le bureau du patron d’Hollywood. «Monsieur Cinéma, monsieur Cinéma! C’est terrible : il ne restait plus que deux idées originales dans la boîte à idées, et Pixar est parti avec. Qu’allons-nous faire?»

Monsieur Cinéma a regardé son stagiaire dans les yeux pendant quelques instants. Puis, le doigt sur le gros bouton rouge écrit «Reset», il a dit, calmement : «On recommence.»

Depuis, tout n’est que remake, suite, adaptation de roman en huit parties et films de Marvel contenant au moins quatre scènes qu’on ne va comprendre qu’en regardant deux téléséries et un autre film qui ne sort qu’en 2018.

Désormais, tout ce qui a été déjà mis sur pellicule peut être refait et sorti en salles. Au rythme où on remâche l’histoire du cinéma, je suis surpris que personne n’ait encore refait L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, en IMAX 3D avec le train en images de synthèses.

Arrive donc en 2014 le remake que personne n’attendait : celui de RoboCop.

Personne ne l’attendait, parce que personne ne croyait qu’on avait besoin de refaire ce classique, parfait dans tout la gloire de ses nombreux défauts. Je parle bien sûr du premier RoboCop, parce qu’après, la série s’est un peu gâchée. De mémoire, dans le troisième, on le mettait en équipe avec un chien bouledogue malcommode.

Nous sommes donc en 2028, à Détroit. On sait que c’est Détroit parce que c’est écrit au bas de l’écran. Autrement, nous pourrions être à Future-Villetown City, la ville générique futuriste-mais-juste-un-peu qu’on voit dans tous les films génériques de science-fiction-mais-quand-même-réalistes.

Le Détroit de 2028 est encore aux prises avec d’importants problèmes de criminalité, qu’on ne se casse pas trop le bécyke à nous montrer non plus.

Peut-être que c’est un film dont nous sommes le scénariste. Peut-être qu’il faut fermer les yeux et imaginer nous-mêmes la scène où des voleurs terrorisent un vieillard en dérobant un dépanneur avec un bazooka.

Peut-être que c’est un scénario de marde. Nous ne le saurons jamais.

Selon plusieurs, il faudrait des robots dans les rues des États-Unis pour faire diminuer le crime. Or, le gouvernement l’interdit, parce qu’un robot n’a pas d’éthique ou de conscience et que ce serait brimer les droits et libertés des citoyens que de confier la justice à des robots. Le gouvernement américain qui protège les droits et libertés. Pas de doute : nous sommes dans un futur dystopique.

Parmi les partisans de cette idée, on trouve Samuel L. Jackson, dans le rôle de Pat Novak, ou l’animateur des Hunger Games qui se serait pogné un emploi au Fox News du futur. Si on se fie à la fréquence à laquelle c’est lui qui est à l’écran quand on ouvre une télévision durant le film, Novak est en ondes 24 heures sur 24.

Parce que ça commence comme ça. On donne aux robots le droit de se marier, puis ça va être un robot qui va vouloir marier un cheval, et la société va aller chez le yâbe.
Parce que ça commence comme ça. On donne aux robots le droit de se marier, puis ça va être un robot qui va vouloir marier un cheval, et la société va aller chez le yâbe.

Pour contourner la loi, le président d’Omnicorp, compagnie qui aurait pu simplement s’appeler Evil Corp inc., décide de prendre ce qu’il reste d’Alex Murphy (Joel Kinnaman), un policier victime d’un attentat à la bombe, et de mettre ça dans un robot.

Si ce n’est pas une métaphore parfaite de cette nouvelle version de RoboCop, je ne sais pas ce que c’est.
Si ce n’est pas une métaphore parfaite de cette nouvelle version de RoboCop, je ne sais pas ce que c’est.

Le problème, c’est que Murphy est un policier tellement incompétent qu’il pourrait être engagé au SPVM pour encadrer les manifs.

Dès le début du film, son incompétence envoie son partenaire à l’hôpital, et six autres personnes à la morgue. Plus loin, quand il est RoboCopifié, on le voit tirer sur des gens qui n’ont encore rien fait et utiliser la torture pour obtenir de l’information.

Si vous voulez protéger le public, oubliez les cyborgs et mettez Murphy à la porte!

Heureusement pour les Dédroitiers (je n’ai pas eu le temps de chercher le gentilé), le film décide de passer plus de temps sur la partie Robo que sur la partie Cop. RoboCop n’est montré qu’une seule fois en train de faire son travail de policier, alors qu’il met toute une foule en danger pour effectuer une arrestation à la limite de la légalité. Bravo champion.

Aussi : ce policier qui n’a qu’une seule vraie main décide d’utiliser celle-ci pour tenir le fusil sur lequel il prélève des empreintes digitales. Un champion, je vous dis.

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Le reste du temps, RoboCop est avec sa famille, en train de vivre des émotions. Ou alors il est dans un laboratoire, en train de vivre des émotions. Maudit qu’il en vit, des émotions. La face de l’acteur ne semble pas au courant, mais il en vit, des émotions.

Alors qu’on lui téléverse toute la base de données de la police de Détroit (j’espère qu’il a un bon forfait de données), RoboCop fait un blue screen of death en voyant les images de l’explosion qui a failli le tuer.

On le reprogramme donc pour qu’il n’ait plus d’émotion. Mais… COUP DE THÉÂTRE (et divulgâcheur), RoboCop retrouve sa conscience et son humanité grâce à la puissance de l’amour, parce que les liens de la famille peuvent venir à bout de tout, même d’une micropuce. RoboCop : Mon Robot d’Amour.

Alors que le film original présentait un robot qui devait apprivoiser son humanité, le remake propose un humain qui doit vivre avec le fait qu’il est maintenant un peu un robot. Après seulement cinq minutes à être un robot, le voilà qui pleure.

«Mauviette!», crie-t-on alors à sa télé. «On veut des guns et des chars qui explosent!», poursuit-on, avant d’avaler une 28e aile de poulet et d’ouvrir une troisième Molson Ex.

Ça pétarade bien un peu durant la finale, alors que Murphy se bat contre des ED-209 qui ont appris à monter et descendre des marches, mais qui tirent quand même comme des Stormtroopers. Autrement, côté violence, c’est pas mal pépère.

90% des balles qui sont tirées le sont contre d’autres robots, une fois dans une simulation, l’autre fois dans un entraînement où le pire qui puisse arriver à Murphy, c’est qu’il va avoir vraiment bobo. Parlez-moi d’un film qui a compris l’essence de ce qu’il réinterprète. Aussi bien faire chanter du Ramstein par Yelo Molo.

Faque, pour faire ça court et en finir avec ce navet : RoboCop a un nouveau suit noir et une visière rouge qui lui donne l’air de K 2000, il se promène en moto, il vire sur le top et se lance à la recherche de ceux qui ont voulu le tuer, les méchants sont méchants, les robots se tirent dessus, RoboCop contourne sa programmation grâce à la force de l’amour et il tue le méchant grâce à la force d’avoir un gros gun.

Arrivé au bout de son film, le réalisateur a fait le tour de sa liste de remake :

  • Un policier robot? Check.
  • Il s’appelle Murphy? Check.
  • Omnicorp sont méchants? Check.
  • Le film est une satire sociale? Oh… shit.

Pas grave, il reste encore cinq minutes au film. Ramenons Samuel L. Jackson et passons un message sarcastique au sujet des drones que les États-Unis envoient à l’étranger. Parfait. Tout est là.

RoboCop.

Note finale : 1 robot qui déboule les marches sur 5

Si ce film s’était intitulé Murphy, le policier robot, il serait sorti directement en DVD, en même temps que La Petite Sirène 5 : La Revanche de Sébastien. Le film est aussi terne qu’inutile et il n’existe que pour être un remake.

Ça vaut autant la peine de le voir que ça peut valoir la peine d’aller écouter un groupe de reprises de La Chicane.

Voilà un homme qui n’a jamais perdu des heures de travail à cause d’un fichier .doc corrompu.
Voilà un homme qui n’a jamais perdu des heures de travail à cause d’un fichier .doc corrompu.

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