Ne cherchez plus la page Facebook de Guylaine Gagnon, cette colorée quadragénaire, elle a été retirée suite à des plaintes. La page «Tous contre Guylaine Gagnon», elle, est toujours disponible. Pendant ce temps, les faux comptes au nom de Noémie Dufresne pullulent, faux comptes dont le but avoué est de ridiculiser la jolie adolescente.
Tout le monde veut être une star (sur un air connu)
On reproche tout et n’importe quoi à Guylaine Gagnon : d’être accro à la coke, d’avoir l’herpès, d’être pédophile, d’avoir essayé de tuer ses enfants et son ex-conjoint, etc. Pour sa part, la jeune Noémie aurait échangé des faveurs sexuelles contre un «lift». En fait, on reproche surtout aux deux femmes d’avoir voulu devenir populaires en diffusant des vidéos d’elles sur YouTube et Facebook. On n’aime pas ça, le monde qui veut devenir populaire. Ce n’est pas beau, le désir de vedettariat…
Victimes de railleries au mieux, d’insultes obscènes et d’invitations au suicide au pire, Guylaine Gagnon et Noémie Dufresne ont fait les frais de ceux que je surnomme les «commenteux du nowhere» (en hommage à qui vous savez). La version web des potineux de cour d’école et des spécialistes de la rumeur autour de la machine à café. En plus trash.
«Yo, t’es une crisse de charrue, tu pues la dèche, va te pendre salope», «C’est une grosse vache pathétique, elle fourre des chèvres, elle mérite de se faire poivrer solide» : voici les commentaires-types qu’on peut lire sur Facebook et ailleurs, écrits par une communauté qui semble se proclamer, le temps d’une insulte (ou de trente), la version 2.0 de l’escouade de la moralité.
Victimes de railleries au mieux, d’insultes obscènes et d’invitations au suicide au pire, Guylaine Gagnon et Noémie Dufresne ont fait les frais de ceux que je surnomme les «commenteux du nowhere».
Si l’âge, l’expérience et le «streetsmart» de Guylaine Gagnon lui permettent de bien vivre avec sa popularité plus que controversée («si tu vaux pas une risée, tu vaux pas grand-chose»), ce n’est pas le cas de Noémie Dufresne. L’adolescente a tenu à faire une mise au point et, malgré plusieurs maladresses, incohérences et tics nerveux, a su émettre un commentaire pertinent : ce sont ceux-là mêmes qui dénoncent sa soif de popularité qui la nourrissent. Et nourrissent leur propre soif de popularité au passage, en attirant les mentions «J’aime» et les «LOL, tu l’as trop dead!».
Bien sûr, on trouve de tout sur les réseaux sociaux, et certainement pas que des amis. «Haters gonna hate, pis toute le kit».
Juste pour rire du monde
Le phénomène Guylaine Gagnon a rapidement dépassé les frontières Facebook et YouTube pour devenir un phénomène-tout-court. Invitée à la radio, où les animateurs se moquent d’elle tout en prétendant faire copain-copain, sujet de nombreux articles et d’un reportage à saveur pseudo-humoristique (gracieuseté de Jay St-Louis et Mathieu St-Onge), Guylaine a même accepté l’offre d’AD4 Distribution de participer au tournage d’un film porno.
Tout le monde s’arrache un petit bout de cette femme qui n’a réalisé que quelques vidéos d’elle, dans lesquelles elle vante notamment les mérites des étalages chez Jean Coutu ou des miroirs chez Winners. On se permet des jugements hâtifs et méprisants alors qu’elle souffre peut-être d’un grave besoin d’attention ou même de problèmes plus inquiétants. On rit, on rit et on passe au suivant. Et ça, ça en dit plus long sur nous que sur elle, au final.
Je vous invite d’ailleurs à lire la chronique de Nathalie Petrowski publiée le 17 juin dernier sur le sujet. Cette intéressante analyse de notre regard condescendant contient cette phrase d’anthologie : «Si vous ne connaissez pas Guylaine Gagnon et n’avez jamais entendu parler d’elle, sachez que cette escorte bleachée de Longueuil qui parle comme une charrue, postillonne des blasphèmes et se maquille comme un carnaval, est la vedette web de l’heure.»
Regard condescendant, tu l’as dit.