Yggtorrent: encore en ligne, mais pour combien de temps ?

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Pirates, pour combien de temps encore pourrez-vous profiter de votre site de téléchargement préféré?

Yggtorrent, l’annuaire de torrents pirate est toujours en ligne à l’heure où nous diffusons cet article. Le successeur de QuebecTorrent, qui avait fermé ses portes en 2008, et de son cousin T411 (fermé en 2017), continue de se jouer des législations pour poursuivre son activité illégale. Le principe est toujours le même que pour tous les sites torrents privés: l’utilisateur s’inscrit, il dispose d’un «quota» de téléchargement (plusieurs Go) pour lancer ses premiers torrents d’œuvres sous copyright. Il fait son choix parmi des milliers de films, d’albums, de titres de presse, etc., et n’a qu’à se servir. Puis, afin de faire vivre la communauté, il est invité à seeder , c’est-à-dire à laisser en partage les fichiers illégaux afin que d’autres utilisateurs profitent de sa bande passante et qu’il augmente son ratio. Et plus fort encore, on l’invite aussi à proposer ses propres torrents, issus de sa collection personnelle de films: des blu-ray rippés en 1080p, des séries à peine diffusées, etc. Plus l’utilisateur proposera de contenu, plus il sera «rémunéré», car on lui allouera un quota de téléchargement au moins aussi important que ce qu’il a proposé. À l’inverse, lorsque le pirate en herbe télécharge trop et laisse un peu trop longtemps uttorrent grignoter de la data, son compte sera rendu inactif et les téléchargements seront interrompus.

Si, au final, l’échange de données torrents en P2P représente un attrait majeur pour proposer des fichiers volumineux (distributions linux, cartes libres de droit) sans se doter d’une infrastructure coûteuse, ici, il est utilisé dans un but douteux… Et parfaitement illégal.

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Yggtorrent a mis en place un système de dons en cryptomonnaie

Le jeu du chat et de la souris

Que les trackers soient publics ou privés, basés sur du DDL (direct download), tous les sites de téléchargement illégal ont souvent un coup d’avance sur les ayants droits et leurs représentants: ils vont plus vite que les décisions de justice, lesquelles vont parfois jusqu’à interdire l’accès par les fournisseurs Internet. C’est ce qui s’est passé il y a quelques années avec The Pirate Bay, qui a été rendu inaccessible dans de nombreux pays et, à moins de contourner l’opération en utilisant un VPN (ce qui est le cas de la majorité des utilisateurs de torrents), le site suédois le plus célèbre de «warez» n’est plus accessible au public. Mais ce petit jeu du chat et de la souris montre très vite ses limites, surtout lorsque les autorités ciblent la seule raison réelle d’exister de ces sites: leur modèle économique. Car lorsque l’on se penche sur le cas de Yggtorrent, le site arbore une stratégie toute singulière. En effet, chaque utilisateur peut faire un don en cryptomonnaies (en SLL – la monnaie de Second Life!) pour obtenir du quota de téléchargement, en plus de freeleech, c’est-à-dire d’une période où tous les transferts de données ne seront pas décomptés et n’impacteront pas le ratio. Plus question de partage ou de philosophie quant au prix des œuvres culturelles; on est ici dans le pillage et la monétisation de biens de divertissement, sans contrepartie pour leurs auteurs.

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Yggtorrent expliqué par un Youtubeur, Aniss GBH

Opacité des admins

Comme l’a révélé notre confrère Numerama dans un article sur la fronde interne des modérateurs Yggtorrent, tout n’est pas rose au pays du pillage culturel. Le fondateur du site, Destroy, semble être un fin stratège: il a même été jusqu’à simuler la vente du site pour brouiller les pistes. De plus, toujours selon Numerama, qui a pu interviewer un ancien admin, tout a été fait pour couvrir les arrières du fondateur. Selon nos sources, en moyenne, le site générerait plus d’un million de dollars de bénéfices mensuels, répartis entre les recettes publicitaires et les dons réalisés par VirVox (une plateforme de virements bancaires – moins risquée que Paypal). D’ici à ce que l’un des admins fasse une erreur fatale, qui mettra irrémédiablement les autorités sur sa trace, la petite société prospère avec de faux airs de cartel de drogue.

Dernier événement en date: les partenariats publicitaires, comme avec Aniss GBH, présentait la plateforme illégale et incitait à envoyer des dons.

Reste à savoir jusqu’à quand Yggtorrent restera en ligne, avant qu’il ne rejoigne les T411, WawaMania et consorts.

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