En 2017, Ubisoft a officiellement annoncé le développement de Skull and Bones, un projet visant à révolutionner les combats navals. Cependant, les multiples retards ont progressivement érodé l’enthousiasme des joueurs du monde entier. Après une longue attente, le projet voit enfin le jour. Après de nombreuses heures de jeu, il est temps de partager avec vous un test complet du jeu.
Un Scénario Conventionnel sur Fond de Piraterie
Si l’histoire n’est pas le pilier central du jeu, il demeure néanmoins un élément essentiel pour poser les fondations de l’aventure. Le joueur incarne un jeune pirate contraint de recommencer depuis le bas de l’échelle après la destruction de son navire. La première mission consiste à créer son personnage en déterminant divers aspects physiques tels que la carrure, la couleur de peau et la pilosité. Une fois le personnage prêt à naviguer, le joueur explore les bases du gameplay et du système de progression en accomplissant une variété de contrats qui le conduisent à travers l’océan Indien, où il rencontre une multitude de personnages proposant des missions à accomplir.
Le scénario de Skull and Bones se révèle malheureusement très conventionnel, servant principalement de toile de fond à l’exploration.. Il offre certes une galerie variée de personnages qui s’intègrent bien à l’univers du jeu, mais demeurent trop stéréotypés pour insuffler une réelle fraîcheur à l’intrigue. Les cinématiques, peu travaillées, se contentent souvent de plans simples en contre-plongée, sans réel impact narratif. Le système de dialogue à choix multiples, bien qu’apportant une certaine interactivité, n’influe en rien sur le déroulement des événements.
Un Gameplay Naval Intense, mais des Ombres sur l’Horizon
Dans Skull and Bones, l’aspiration à devenir le pirate le plus redoutable de l’océan Indien motive le joueur à parcourir les mers pour accomplir des contrats et des missions, souvent axés sur l’élimination de cibles ou la prise de forts. Le gameplay suit généralement un schéma récurrent : veiller à avoir suffisamment de ressources dans la cale du navire pour l’équipage, vérifier les munitions disponibles, puis partir à l’assaut de l’objectif.
L’expérience de jeu dans Skull and Bones est marquée par une facilité de prise en main et des commandes intuitives, rendant la gestion du navire très accessible. Les développeurs ont clairement visé l’accessibilité, ce qui est une réussite notable. Les détails comme l’utilisation de la longue vue pour obtenir des informations sur les forts et les embarcations enrichissent l’expérience de jeu en fournissant des informations stratégiques.
Les combats navals offrent une variété d’armes pour personnaliser le navire, ce qui permet des approches tactiques diverses. La gestion défensive est également cruciale, avec la possibilité de protéger le navire pendant que l’équipage recharge les armes. Cette combinaison d’attaque et de défense crée des moments épiques, comme affronter une flotte de 10 bateaux ou réussir un abordage pour obtenir plus de ressources.
Cependant, malgré ces aspects positifs, le jeu souffre de problèmes importants qui donnent l’impression qu’il n’est pas fini. Contrairement à ce qui était annoncé, Skull and Bones se résume davantage à un jeu de combat naval qu’à un véritable jeu de piraterie. L’exploration à pied des îles est limitée, ce qui contribue à la redondance et à la longueur des expéditions. Bien que le jeu propose beaucoup de contenu, comme des missions principales et annexes, des quêtes liées à la timonerie et d’autres activités, l’ensemble reste très répétitif. Les moments de véritable fraîcheur, comme la recherche de trésors, sont trop rares par rapport au reste du contenu.
Un autre problème majeur est le manque criant d’animation et d’interactivité, confirmant que le jeu se concentre davantage sur la navigation maritime que sur la piraterie. Les actions telles que la récolte de ressources, l’exploration d’îles ou même les abordages sont souvent réduites à des temps de chargement ou des menus simples, ce qui nuit à l’immersion.
En ce qui concerne l’intégration de la manette DualSense, le travail réalisé est satisfaisant sans être exceptionnel. Les retours haptiques offrent des sensations différenciées selon les armes et les situations, ce qui correspond aux attentes classiques pour une manette de la PS5.
Un mode multijoueur problématique
L’aspect multijoueur de Skull and Bones n’a malheureusement pas évolué de manière significative depuis la bêta au point que l’on recommanderait même de jouer en solo plutôt qu’en coopération. Les problèmes de visibilité dans certaines cinématiques persistent, les objectifs de mission ne pouvant être complétés que par un joueur tandis que l’autre attend sans pouvoir agir. Les combats à deux joueurs sont également plus confus, et dans l’ensemble, l’envie de participer à des affrontements contre d’autres joueurs en ligne est assez limitée, ce qui montre que l’aspect multijoueur du jeu peine à convaincre.
Malgré ces défauts, la progression du joueur reste au cœur de l’aventure de Skull and Bones, ce qui est plutôt bien réalisé. La progression se fait principalement à travers les repères de Pirate, où les joueurs peuvent récupérer des contrats pour augmenter leur réputation. En réussissant des missions, ils débloquent des quêtes plus difficiles mais aussi plus gratifiantes. Les repaires de pirates regorgent de marchands et de PNJ avec qui échanger pour améliorer leur navire et devenir le pirate le plus redoutable. Les possibilités d’amélioration sont nombreuses, et le soin apporté par le studio pour rendre cet aspect complet se ressent. Personnaliser son bateau avec des canons plus puissants, des boucliers plus résistants et gérer l’apparence de son équipage et de son navire est très satisfaisant. La progression se fait de manière tangible à mesure que les joueurs fabriquent de nouvelles pièces pour leur navire, leur permettant de créer un bateau unique.
Des graphismes entre promesses et déceptions
Le jeu a été testé sur PlayStation 5, offrant deux modes d’affichage : un mode fidélité avec des graphismes améliorés et une résolution accrue à 30 FPS, et un mode performance à 60 FPS au détriment de la qualité visuelle. Le mode performance, privilégié pour sa fluidité, a été décevant. Les graphismes y sont flous, l’aliasing est prononcé sur certains éléments, et le clipping est fréquent, ce qui n’est pas à la hauteur des attentes pour une console de nouvelle génération. Malgré cela, le jeu propose de superbes panoramas, des effets lumineux réussis par moments, et une modélisation et une animation de l’eau impressionnantes. Toutefois, l’animation globale laisse à désirer, les bruitages, notamment ceux liés à la terre ferme, sont simplistes, et les doublages manquent de dynamisme. Cependant, les musiques qui accompagnent les expéditions, en particulier celles interprétées par l’équipage, contribuent grandement à l’immersion et à l’ambiance du jeu.
Notre verdict
Après des années d’attente, Skull and Bones est enfin navigable, mais le voyage n’est pas sans heurts. Le jeu offre une expérience de combat naval solide et accessible, mais souffre de problèmes qui le retiennent de réaliser pleinement son potentiel de jeu de piraterie. L’histoire, bien que conventionnelle, sert de toile de fond correcte, mais manque de profondeur et d’impact narratif. Le gameplay est facile à prendre en main, mais la répétitivité des missions et le manque d’interactivité limitent l’immersion. Les graphismes, bien que présentant de beaux panoramas, sont inégaux et parfois décevants, notamment en mode performance sur PS5. Malgré ces défauts, la progression du joueur est bien gérée, offrant de nombreuses possibilités de personnalisation et d’amélioration du navire. En fin de compte, Skull and Bones est un jeu divertissant pour les fans de combats navals, mais il ne parvient pas à hisser la voile vers les eaux de l’excellence.