Nous avons pu tester tout récemment le dernier jeu développé par Ouka Studio et édité par Square Enix à savoir Visions of Mana. Après plus d’une quarantaine d’heures de jeu, nous sommes en mesure de vous livrer le test le plus complet et le plus objectif possible concernant ce nouvel opus de cette série qui date de 1991. Points forts ou points faibles, nous allons détailler ensemble ce qui est tout de même un petit bijou de cette année mais passé un peu trop inaperçu pour beaucoup de joueurs.
Une histoire qui semble simple…mais pas tant que ça
L’univers de Visions of Mana s’inscrit dans la grande tradition des JRPG, avec une intrigue mêlant thèmes sacrés et sombres, où les personnages sont confrontés à des choix déchirants qui affectent non seulement leur propre destin mais aussi celui de leur monde. L’histoire repose sur un concept de pèlerinage, rappelant des classiques du genre comme Final Fantasy X, où des personnages sont destinés à accomplir un acte de sacrifice pour le bien de tous.
Au centre de cette aventure, Val, le protagoniste principal, est le gardien des Offrandes, un groupe de personnes désignées par une déesse et une fée pour faire don de leur âme à l’Arbre de Mana. Le monde de Visions of Mana est profondément enraciné dans ce cycle de vie, où le Mana, source d’énergie vitale, est au cœur de l’équilibre naturel. Les Offrandes sont choisies parmi les habitants du monde pour nourrir cet Arbre de Mana et ainsi maintenir cet équilibre. Cependant, refuser cette mission entraînerait des conséquences catastrophiques : monstres et calamités naturelles viendraient détruire non seulement les Offrandes, mais aussi leurs proches et leurs villages.
L’histoire se concentre autour du périple de Val et de Hina, l’offrande liée à l’élément du feu et grand amour de Val. Ils entreprennent un long voyage, traversant des environnements variés, dans une quête qui est à la fois physique et spirituelle. Ce pèlerinage vers l’Arbre de Mana est le fil conducteur du jeu, mais il ne se fait pas sans complications. D’autres personnages rejoignent le groupe au fil du voyage, chacun avec leur propre histoire et leur propre destin. Palmina, Morley, Julei et Karina, toutes des Offrandes liées à différents éléments, apportent non seulement des forces différentes au groupe, mais aussi des perspectives sur la mission qui leur a été imposée.
Un des aspects les plus intéressants de l’univers de Visions of Mana est la manière dont il aborde la notion de sacrifice. Le thème du devoir envers le collectif au détriment de l’individu est omniprésent dans le récit. Les personnages sont souvent confrontés à des dilemmes moraux. Les personnages se demandant s’il est juste de sacrifier leur vie ou celle de leurs proches pour le bien commun.
Le pèlerinage lui-même n’est pas un simple voyage linéaire. Loin de se dérouler sans encombres, il est parsemé de défis, de trahisons, et de révélations. Si le début du jeu peut sembler relativement simple, avec une mission claire à accomplir, l’intrigue se complexifie rapidement avec l’introduction de personnes opposées au rituel et de mystères concernant la véritable nature de l’Arbre de Mana et des Offrandes.
L’univers, bien que coloré, est aussi marqué par une certaine noirceur. Vous allez ainsi découvrir un décalage entre l’univers et le fond de l’histoire. Ce n’est pas seulement un monde fantastique où règne la magie mais aussi un lieu où les choix ont des conséquences lourdes, et où le bonheur des uns dépend de la tragédie des autres. Les Offrandes ne sont pas toutes prêtes à accepter leur sort, et cette réticence à se sacrifier pour un bien supérieur constitue un moteur important de l’intrigue. Le jeu explore ainsi des thématiques profondes comme l’acceptation de son destin, le libre arbitre, et la tension entre individu et société.
Des combats impressionnants et surtout très diversifiés
Visions of Mana est un action-RPG qui conserve l’essence de la série, avec des combats en temps réel et la possibilité de mettre en pause l’action pour sélectionner des objets ou des magies. Chaque personnage est lié à un élément régissant le cycle de la vie dans cet univers : terre, feu, eau, lumière, et ténèbres et plus encore. Les personnages acquièrent des compétences spécifiques à ces éléments en s’équipant de reliques spirituelles, ce qui enrichit considérablement les combats et l’exploration. D’ailleurs, le choix d’un nouvel élément pour un personnage s’accompagne la première fois d’une belle cinématique digne d’un anime. Nous avons pris ainsi du plaisir à voir ces changements d’apparence à chaque fois avec la transformation de leur armure respective.
L’une des grandes forces du jeu réside dans sa gestion des classes et la capacité d’intervertir les classes pour chaque personnage. Cela permet une personnalisation poussée des héros et rend les combats plus stratégiques. Chaque relique spirituelle débloque des compétences propres à l’élément auquel elle est associée. Par exemple, une relique de l’eau permettra d’enfermer des ennemis dans une bulle d’eau, tandis que celle du temps pourra figer les ennemis pour vous donner un avantage en combat.
Si les mécaniques de combat offrent une richesse notable, elles peuvent parfois devenir répétitives. Les attaques spéciales sont bien animées et spectaculaires, mais l’abondance d’effets visuels à l’écran peut rendre certaines batailles confuses. De plus, la fréquence des cinématiques entre les phases de gameplay peut casser le rythme de l’aventure, ce qui pourrait frustrer les joueurs en quête d’une expérience plus fluide.
Une exploration immersive mais trop dirigée
Le monde de Visions of Mana est vaste et coloré, fidèle à l’esthétique de la série. Chaque zone correspond à un élément : des volcans pour le feu, des déserts pour la terre, des forêts luxuriantes pour la vie, etc. L’exploration est agréable grâce à cette diversité des environnements. Le bestiaire est également varié et change entre les différents environnements, ce qui est appréciable par rapport à d’autres jeux où l’on se contente souvent de modifier la couleur des ennemis pour signaler un changement de zone (nous ne viserons aucun jeu en particulier…). Cependant, le passage d’une zone à l’autre suit des mécaniques qui peuvent parfois sembler redondantes. Vous passerez de villes à des ruines fermées, que vous ne pourrez d’ailleurs explorer qu’après avoir accompli certaines quêtes principales.
Un élément notable qui ajoute à l’exploration est l’utilisation des Pikouls, de petites créatures ressemblant à des loups ou des chiens, qui vous permettent de vous déplacer plus rapidement à travers les vastes zones ouvertes. Ces Pikouls, en plus d’être attachants, facilitent grandement la progression dans certaines parties du jeu où la marche aurait été trop lente. C’est un ajout bienvenu, qui rompt avec la monotonie des déplacements à pied.
Mais ce n’est pas tout. Au cours de l’aventure, vous débloquez également une tortue géante qui vous permet de traverser les étendues d’eau entre différentes villes. Ce mode de transport aquatique diversifie encore plus les moyens d’exploration et ajoute une dimension de navigation intéressante. Cette tortue devient essentielle pour accéder à certaines zones et apporte un véritable souffle d’air frais dans l’exploration du jeu, qui aurait pu sinon devenir trop routinière.
Cependant, malgré ces ajouts sympathiques, l’exploration reste très dirigée. Les points d’intérêt, y compris les coffres cachés, sont clairement indiqués par des marques sur la carte enlevant une grande part du plaisir de la découverte. Cela rend l’exploration plus une formalité qu’un véritable défi, ce qui pourrait décevoir les amateurs de RPG à la recherche d’une exploration libre et non guidée.
Une bande son qui marque !
L’un des points forts indéniables de Visions of Mana est sa bande-son. Comme souvent avec les jeux de Square Enix, la musique est épique et accompagne parfaitement les moments clés de l’histoire. Bien qu’elle puisse devenir répétitive dans certaines zones ouvertes, elle parvient à créer une ambiance immersive et marquante, surtout lors des cinématiques. Les joueurs risquent de garder en tête certaines mélodies bien après avoir terminé le jeu, un peu comme avec les classiques tels que Final Fantasy VII ou Final Fantasy X.
Un jeu qui tourne parfaitement mais pas de VF !
Sur le plan technique, Visions of Mana est globalement solide. Le jeu est fluide, malgré quelques baisses de framerate mineures pendant les cinématiques. Les zones ouvertes sont bien conçues et les PNJ sont nombreux, rendant les villes vivantes. Cependant, l’animation faciale des personnages est assez rigide, ce qui peut nuire à l’immersion lors des dialogues importants. Ce manque d’expression atténue l’impact émotionnel de certaines scènes cruciales.
L’absence d’une version française doublée est un autre bémol. Les dialogues sont uniquement disponibles en anglais ou en japonais. Le jeu est ainsi sous-titré en français. Lors des combats, il peut être ainsi difficile de suivre les sous-titres tout en restant concentré sur l’action, rendant certaines scènes plus compliquées à apprécier.
Verdict
Visions of Mana est un JRPG qui plaira surtout aux nostalgiques de la série Mana et à ceux qui recherchent une expérience de jeu accessible et colorée. Son système de combat, bien qu’un peu confus par moments, offre une grande variété de possibilités grâce aux reliques spirituelles et aux classes multiples. Cependant, le rythme de l’aventure est parfois inégal, avec des cinématiques trop fréquentes et une exploration trop guidée qui limite la sensation de découverte.
Si l’histoire est assez simpliste, elle est rattrapée par quelques rebondissements intéressants et une bande-son épique qui soutient l’ensemble du jeu. En fin de compte, Visions of Mana réussit à toucher une fibre nostalgique et offre une expérience plaisante, bien que perfectible.