« Il me semblait qu’on ne pouvait pas remettre le génie dans la lampe, mais apparemment, c’est possible, et c’est en train de se faire », a déclaré Sergey Brin qui au passage a affirmé qu’il aurait été impossible de créer Google dans un contexte où Facebook existait déjà. « Nous avons été capables de créer un moteur de recherche parce que le web était ouvert. Quand on installe trop de règles, ça limite l’innovation ».
Les propos de Sergey Brin sont un peu « naïfs », selon Pierre Trudel, professeur titulaire au Centre de recherche en droit public (CRDP) de la Faculté de droit de l’Université de Montréal. « La prémisse à partir de laquelle il part, qu’Internet ne peut pas être réglementé, est fausse ».
Selon lui, l’optimisme qui a mené certains à affirmer qu’il était impossible de réglementer Internet a probablement mené à une faible vigilance, laissant la place à ce genre de réglementation. « On va peut-être avoir un Internet beaucoup plus fermé parce que certains ont cru que ce n’était pas contrôlable ».
Concernant l’industrie de la musique et du cinéma, Pierre Trudel trouve le discours de Sergey Brin tout aussi déplorable. « Il va falloir trouver une solution. On ne peut pas s’attendre à ce que cette industrie se laisse jeter par terre sans rien faire » dit-il, faisant référence aux lois controversées comme la SOPA, la PIPA et la plus récente CISPA, celle-ci trouvant un plus large écho chez de grosses compagnies comme Facebook, entre autres.
« On ne peut pas multiplier les slogans et les déclarations simplistes. Une solution tarde parce que les leaders ne font pas l’effort pour trouver une façon d’assurer la rémunération des créateurs. »
Sergey Brin craint que les principes d’ouverture du web qui ont permis l’émergence de Google ne soient sérieusement menacés par de nombreuses forces, dont des gouvernements et des grosses entreprises. Mais s’agit-il du même monstre pour tous les cas qu’il énumère? L’industrie de la musique qui défend son droit d’exister, les limites de Facebook et la version iranienne d’Internet peuvent-elles être placées dans le même panier? Pierre Trudel pense que « d’assimiler ça au même type de censure, c’est exagéré ».
