Verizon : empire galactique ou menace fantôme?

Alors que Verizon s'apprête à intégrer le marché canadien, les fournisseurs de services mobiles du pays dénoncent le traitement de faveur accordé à l'entreprise par le gouvernement.

Dans un rare élan d’unanimité, les grandes entreprises canadiennes du monde des télécommunications et les syndicats qui représentent leurs employés se mobilisent par le biais de la campagne Soyons Équitables pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un «traitement de faveur» accordé par le gouvernement Harper au géant américain Verizon, qui s’apprêterait à envahir le marché de la téléphonie cellulaire au Canada.

La menace est-elle réelle? L’arrivée de Verizon mettrait-elle en péril la survie de l’industrie canadienne? Voyons voir.

Qui est Verizon?

Rappelons d’abord quelques faits au sujet de Verizon :

On parle d’une entreprise dont les ressources sont considérables, mais qui n’est pas reconnue pour une politique de bas prix susceptible de tuer la compétition. Ce sont plutôt les conditions de son entrée sur le marché canadien qui provoquent la controverse.

On parle donc d’une entreprise dont les ressources sont considérables, mais qui n’est pas reconnue pour une politique de bas prix susceptible de tuer la compétition. Ce sont plutôt les conditions de son entrée sur le marché canadien qui provoquent la controverse.

Les arguments de l’industrie canadienne

En gros, les grandes entreprises canadiennes accusent le gouvernement fédéral de favoriser indûment l’arrivée de Verizon de trois manières :

  • En lui permettant d’acheter de petits fournisseurs canadiens, ce qui ne leur est pas permis à elles.
  • En les obligeant à louer leur infrastructure, bâtie à grands frais, à Verizon comme s’il s’agissait d’un petit fournisseur canadien incapable de construire son propre réseau.
  • En accordant à Verizon un traitement particulier dans l’attribution de nouvelles fréquences cellulaires lors des enchères qui débuteront le mois prochain.

Ces arguments ne sont pas dépourvus de mérite, surtout le second. Construire des réseaux cellulaires nationaux, sur un territoire aussi vaste et à la population aussi clairsemée que le nôtre, constitue une dépense énorme. Couvrir les régions, en particulier, requiert des investissements considérables, ne serait-ce que pour construire les tours de transmission et pour négocier la location de terrains où les installer. Ce travail requiert beaucoup, beaucoup de monde.

Si Verizon obtient la permission de louer l’infrastructure de ses rivales dans les régions où elle ne souhaite pas bâtir la sienne, elle pourrait ainsi économiser une fortune, ce qui semble effectivement injuste.

Par contre…

Ceci dit, obliger un nouveau compétiteur à bâtir son propre réseau partout, comme le suggère un sondage pancanadien commandé par l’industrie, n’est ni vraiment souhaitable, ni réaliste.

D’abord, personne ne s’engagera à refaire le travail que Bell, Rogers et Telus ont déjà accompli depuis des décennies; si c’est la condition pour entrer sur le marché et pour espérer, après 5 ou 10 ans, proposer un produit compétitif dans un marché déjà mature, Verizon rentrera tout simplement chez elle. Ce qui ferait bien l’affaire du Big 3, on l’imagine assez facilement.

D’autre part, personne n’a vraiment envie que les campagnes canadiennes se couvrent d’une autre forêt de tours de métal, n’est-ce pas?

Il doit bien y avoir un moyen de négocier un juste milieu. Verizon a certainement les moyens de payer un loyer suffisant pour couvrir sa juste part des infrastructures développées par les autres et pour participer au développement futur des réseaux. Un loyer bien plus significatif, certainement, que ce que paient les petits fournisseurs aux parts de marché faméliques. Et s’il n’y a pas moyen de s’entendre, le CRTC n’aura qu’à trancher; c’est un peu (beaucoup) à ce genre de choses qu’il sert!

Et les emplois?

L’un des arguments de l’industrie et des syndicats, c’est que l’arrivée de Verizon pourrait coûter des emplois puisque la maison-mère américaine drainerait les profits et le travail vers les États-Unis. C’est vrai, mais peut-être pas pour les raisons auxquelles on pense.

La réalité, c’est que les entreprises canadiennes auront toujours besoin d’autant d’installateurs d’équipements de transmission, de représentants des ventes, et d’ingénieurs informatiques pour offrir le même niveau de service, que Verizon entre dans le portrait ou non. Par contre, un nouveau compétiteur, surtout s’il décide d’être agressif sur les prix, pourrait provoquer une baisse des marges bénéficiaires du Big 3 – qui à 45,9% sont parmi les plus élevées au monde.

Or, qui dit «marge bénéficiaire à la baisse» dit «mises à pied» pour satisfaire les actionnaires. Notre système capitaliste est ainsi fait : les investisseurs et les gestionnaires rémunérés en options d’achat d’actions ne peuvent pas tolérer une baisse de rentabilité puisque les marges de profit passées et futures sont ce qui détermine le prix des actions en bourse et qu’une baisse du cours de l’action gruge leurs propres revenus. Avant de laisser la marge de profit chuter, on sabrera les effectifs, c’est inévitable.

Si on revenait à l’époque où le CRTC fixait les prix des services de communication et où les actions de Bell étaient l’équivalent d’un CPG à la Caisse populaire tellement les revenus de l’entreprise étaient prévisibles, on escamoterait tout ce débat. Mais mon petit doigt me dit que ce n’est pas exactement dans les plans du gouvernement conservateur.

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