Médias alternatifs, une nécessité pour une saine démocratie?

Après l'ère du nucléaire, l'humanité s'est plongée tête première dans l'ère de l'information. Les médias traditionnels comme la télévision, la radio et la presse ont tout d'abord négocié avec Internet comme on le ferait avec un ennemi. Puis, les technologies ayant augmenté le potentiel du médium, ils l'ont adopté afin de ne pas mourir tout en s'adaptant aux «nouveaux» marchés.

Ça, c’est pour le mini rappel de l’historique récent de l’évolution de la diffusion de l’information. Mais le problème réel ne relève pas tant de l’affrontement entre les anciens et les nouveaux médias que de la liberté et de la diversité avec laquelle l’information est livrée au grand public. La concentration des médias propulsée par des empires aux intérêts divers et variés ayant grandement contribué à une diminution de sources et d’analyses, de simples citoyens ont décidé de reprendre le flambeau à leur sauce, avec tout ce que cela a de professionnel ou pas.

Ce n’est que le début

Une panoplie de services web – YouTube, Dailymotion, Vimeo et autres – ont permis d’amorcer une publication alternative de tout ce que l’humanité a de terrible ou de fantastique à communiquer, et ce, quelle que soit l’activité choisie : musique, clip, tribune, exploit, fails, etc. Mais les empêcheurs de tourner en rond, qui refusent la pensée unique (ou presque) et l’ordre établi, y ont débusqué un moyen d’informer et de communiquer sur des sujets généralement traités par les médias dits «traditionnels», suivis par la majorité de la population.

«Expulsez les journalistes!» «Mais ils sont tous journalistes!» (Image : Dan Wasserman).
«Expulsez les journalistes!» «Mais ils sont tous journalistes!» (Image : Dan Wasserman).

Pourquoi ce besoin de plus en plus répandu de chercher la vérité ailleurs, alors que l’on a toujours cru à l’information si bien présentée et formatée que l’on nous offrait depuis l’apparition du premier torchon sur argile? C’est d’ailleurs par ce besoin que l’apparition et l’envolée, certes relative, des médias alternatifs sur Internet puisent leur inspiration. Bien plus que de simples brûlots réactionnaires d’antan que l’on retrouve désormais plutôt dans les mass media (je ne cite personne… Fox News), ces médias réinstaurent la flexibilité technique propre à la couverture journalistique de terrain, caméra en main et forfait de données cellulaire, comme les fondements de leur source d’information.

Les émissions en direct, c’est bien beau, mais…

Beaucoup me diront qu’avec les médias qui disposent de beaucoup de moyens, on peut envoyer partout et en tout temps des hélicoptères et des camions équipés pour la télétransmission en direct afin de couvrir des événements rapidement. Oui, en effet. Mais avez-vous suivi récemment les manifestations depuis le déclenchement de ce qui pourrait devenir un nouveau printemps érable pour les étudiants sur des réseaux traditionnel en direct?

Donner une tribune à des citoyens qui requièrent de l’attention pour revendiquer leurs idées ne fait plus partie du devoir d’informer des grands réseaux.

Il n’y a plus de couverture en direct. C’était payant en 2012, notamment parce que certains affrontements étaient particulièrement violents, voire sanglants, mais ça ne semble plus être rentable désormais. Les «gens» sont las d’entendre parler de ça et, quelques coupes budgétaires aidant, on mise sur «l’essentiel». Donner une simple tribune à des citoyens qui justement requièrent de l’attention pour revendiquer leurs idées ne fait désormais plus partie du devoir d’informer et des priorités des grands réseaux. En revanche, faire la promotion sensationnaliste et populiste des exécutions terroristes en boucle, ça, ça score.

Ne serait-il pas plus judicieux d’écouter les revendications de nos concitoyens que de faire le jeu des organisations terroristes qui exploitent les failles criantes de notre système d’information dopé à l’adrénaline? L’un des principaux fondements de la démocratie n’est-il pourtant pas le pouvoir par le peuple, pour le peuple? Les médias traditionnels ne sont plus du tout aujourd’hui – malheureusement ou pas – les seuls portevoix autorisés. Les analyses pour la plupart très similaires, quoiqu’en disent les détracteurs de tel ou tel réseau, sont formatées pour impressionner plutôt que d’informer en éduquant. Trop compliqué et trop coûteux.

Alors voilà…

Outre par des événements clichés et des tribunes sur lesquels on braque les projecteurs et que l’on débat à grands coups d’idées, vous a-t-on montré sur les grands réseaux, comme de véritables journalistes de terrain le feraient, ce qu’il se passait au moment où la police chargeait et pourquoi? Plus vraiment et au compte-gouttes s’il vous plaît. Le mouvement populaire n’est pas encore assez impressionnant pour faire les gros titres. C’est un peu comme pour un croisement dangereux, on attend qu’il y ait un mort pour y mettre un feu de signalisation.

Image : MTSelimoglu
Image : MTSelimoglu

Heureusement, il reste des photographes, professionnels ou non, qui sont encore prêts à en découdre. Eux et d’autres journalistes citoyens en streaming vidéo (comme 99% Media et CUTV à Montréal), avec de petites structures et peu de moyens, réussissent à nous montrer sur Internet ce que devrait au moins faire les grands réseaux.

Tout ça pour ça?

Quoiqu’on en dise, l’apparition et la pérennité de ces organisations à but non lucratif, ou maintenues par un financement participatif (comme Ricochet au Québec ou Mediapart en France), ne peut être qu’une réaction saine à une industrie qui ne l’est plus vraiment. La concentration des organes de presse couplée à une terreur permanente utilisée pour justifier telle ou telle biffage de documents, ou tout simplement une rétention d’informations autrefois autorisées, justifient à elles seules l’existence de ces nouveaux médias d’information.

La question se pose alors de savoir si, au même titre que le cinéma, les vidéoclubs ou l’industrie musicale, celle de l’information saura s’adapter au besoin de sa clientèle avant de sombrer dans la livraison d’informations stérilisées.

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