Pourquoi la techno coûtera plus cher en 2016

Vous croyez que le chou-fleur à 8,99$ est un scandale? Attendez de voir ce qui pend au bout du nez des geeks du Québec, du Canada et d’ailleurs au cours des prochains mois. Ça va faire bobo.

Aux dernières nouvelles, ni El Niño ni El Chapo n’avaient le moindre effet sur le prix des gadgets technologiques. Tant mieux, parce que ce sont à peu près les deux seuls facteurs qui ne jouent pas contre nous et nos portefeuilles en ce moment. 

En effet, la conjoncture économique, le contexte concurrentiel (ou son absence) et le calendrier politique ne semblent pas particulièrement propices à une année joyeuse pour les consommateurs. Voici quelques navrants exemples de ce qui nous attend.

Problème no 1 : Le dollar canadien

dollarcanadien

À moins d’être vaccinés contre les informations financières et autres infections virulentes du même acabit, vous savez sans doute que le dollar canadien ne fait plus le poids face aux devises américaine, européenne et chinoise. 

Quand la valeur du dollar dégringole, les prix des produits importés augmentent.

Par exemple, au moment d’écrire ces lignes, notre huard déplumé ne valait plus que 69 cents américains. À la même date l’an passé, c’était 84 cents. La dégringolade du prix du pétrole, qui constituait il n’y a pas si longtemps le cœur des exportations canadiennes, y est sans doute pour beaucoup : qui dit «pétrole canadien bon marché» dit aussi «pas besoin d’acheter beaucoup de dollars canadiens sur le marché des changes», et la loi de l’offre et de la demande fait le reste.

Or, quand la valeur du dollar dégringole, les prix des produits importés et des services internationaux augmentent. Les applications sur l’App Store d’Apple coûteront plus cher dans les prochaines heures, si ne n’est pas déjà le cas au moment où vous lisez ceci. Les prochains téléphones, ordinateurs et autres gadgets aussi, c’est pratiquement inévitable. À moins qu’un manufacturier ne prenne les pauvres Canadiens en pitié et ne décide de nous faire une faveur. (Oui, vous pouvez rire.)

Problème no 2: Le manque de concurrence

bellrogerstelus

Selon les informations obtenues par Mobile Syrup, les trois grands de la téléphonie cellulaire, Bell, Telus et Rogers, augmenteront d’une journée à l’autre les prix de leurs forfaits les plus populaires et diminueront le rabais consenti au client qui fait activer son propre téléphone sur le réseau de son fournisseur plutôt de d’acheter un appareil auprès de celui-ci. Selon les cas, on parle de 5$ à 10$ par mois de plus pour des services qui ne sont déjà pas donnés-donnés, vous en conviendrez.

Mais pas partout au pays. En effet, il semble que les hausses ne s’appliqueront pas au Québec, au Manitoba et en Saskatchewan – les trois provinces où il existe un quatrième fournisseur assez costaud pour faire une réelle concurrence au Big 3, soit Vidéotron au Québec, MTS au Manitoba et SaskTel en Saskatchewan.

Ce n’est pas pour rien que l’ancien gouvernement conservateur voulait tant qu’un quatrième grand fournisseur national s’installe au Canada, quitte à faire les yeux doux à des géants étrangers d’une manière qui était parfois gênante. 

Que décidera le CRTC, et quelles orientations les libéraux de Justin Trudeau adopteront-ils dans ce dossier? C’est à suivre.

Problème no 3 : Des maires anti-concurrence

Le maire de Toronto, John Tory (Photo : CBC).
Le maire de Toronto, John Tory (Photo : CBC).

En juillet dernier, le CRTC décidait que les grands des télécommunications devraient vendre l’accès à leurs réseaux de fibre optique à des tierces parties, comme c’était déjà le cas pour les réseaux à large bande de la génération précédente. Des tierces parties qui, dans certains cas, offrent des services plus avantageux pour le consommateur en termes de prix, de vitesse ou de capacité mensuelle.

John Tory, le maire de Toronto, est un ancien haut dirigeant de Rogers, et donc plutôt sensible aux arguments de l’industrie.

Bell voudrait que cette décision soit renversée et qu’elle puisse se réserver l’exclusivité de sa fibre, ce qui ne pourrait qu’entraîner une pression à la hausse sur les prix des services de haut de gamme. En règle générale, les avis sur la question se partagent exactement comme on pourrait le croire : les grandes entreprises et les équipementiers informatiques appuient Bell, tandis que les groupes de consommateurs, les associations de PME et les petits fournisseurs d’accès Internet demandent au CRTC de maintenir sa décision initiale.

Or, le professeur de droit et spécialiste des communications Michæl Geist, dans une lettre publiée dans le Toronto Star, notait récemment que les maires des villes d’Ottawa et de Toronto appuyaient eux aussi la demande de Bell. Comme si les pressions anti-concurrences, dans le difficile marché canadien, n’étaient pas déjà assez fortes.

Une alliance bizarre? Peut-être pas, puisque John Tory, le maire de Toronto, est un ancien chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario et un ancien haut dirigeant de Rogers, et donc plutôt sensible aux arguments de l’industrie. Selon Geist, Tory «dit que Bell mérite d’être traitée équitablement, mais n’explique pas comment la mise en œuvre d’une politique conçue pour créer plus de concurrence pour les électeurs de sa ville constitue un traitement injuste.» 

Soit dit en passant, il n’y a pas que de mauvaises nouvelles dans ce dossier. Le maire de Calgary, lui, voudrait non seulement favoriser la concurrence dans le secteur privé, mais aussi encourager les villes à créer leurs propres infrastructures de haute qualité pour offrir de meilleurs services aux entreprises et aux citoyens – et ainsi dépoussiérer les grands fournisseurs s’ils étaient tentés de se traîner les pieds. 

J’aimerais bien savoir ce que Denis Coderre et Régis Labeaume pensent de tout cela. 

Problème no 4: Les fous du volant aérien

lilydrone

Et pour terminer, dans un registre un peu plus léger, deux législateurs de la Californie ont décidé de combattre un problème bien de notre époque : les gens qui pilotent des drones tout croche. Le premier, en forçant les propriétaires de drones à se procurer une plaque d’immatriculation et une assurance contre les accidents. Le second, en obligeant ceux dont les drones vont cabosser les vaches de leurs voisins ou s’écraser sur les lignes à haute tension qui alimentent tout le quartier à laisser leurs coordonnées plutôt qu’à tenter de filer en douce. 

On parle, pour l’instant, d’une assurance qui ne coûterait qu’une poignée de dollars, et donc d’une dépense supplémentaire insignifiante. Mais qu’arrivera-t-il, pensez-vous, la première fois qu’un de vos gnochons de beaux-frères enverra son drone assuré s’écraser dans un magasin de porcelaine? Eh! oui : un gros dédommagement d’assurance, et des primes qui monteront en flèche.

Et cette issue est inévitable, parce que piloter un drone n’est pas de tout repos. Mes quelques expériences en la matière m’ont clairement démontré que ces satanées machines capotent dès qu’il y a assez de vent pour soulever une molécule d’hydrogène, et que leur activité favorite consiste à s’échapper de notre contrôle pour aller choir dans la plus proche muraille. Sans parler des gens qui ne font carrément pas attention… surtout s’ils savent qu’ils sont assurés.

Un conseil : le jour où votre beau-frère vous annoncera qu’il a assuré son drone, procurez-vous un casque protecteur et portez-le en tout temps. Surtout s’il vente.

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