Bonne fête monsieur le Web, et merci pour tout

Discrètement, sans trop que ça paraisse, le Web vient de fêter son 25e anniversaire. Une bonne occasion de se remémorer jusqu’à quel point Internet était le bordel auparavant.

Que faisiez-vous le 6 août 1991? Plusieurs d’entre vous étiez probablement en train de relaxer (ou de paniquer) en pensant à la rentrée scolaire qui approchait à grands pas. D’autres n’étaient probablement même pas nés. Moi, puisque c’était un mardi et puisque j’avais récemment complété mon bac en informatique, je devais être en train de travailler au développement de l’infrastructure logicielle de Dollars en Direct, une éphémère loterie semi-interactive un brin surréaliste animée par un très jeune Gino Chouinard sur les ondes du légendaire réseau Vidéoway!

Pendant ce temps, quelque part dans un des ordinateurs du CERN – le grand laboratoire de physique des particules de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire – un événement qui allait transformer toutes nos vies se produisait dans l’anonymat le plus complet.

Tim Berners-Lee, quelque part en 1990 (Photo : CERN).
Tim Berners-Lee, quelque part en 1990 (Photo : CERN).

C’est ce jour-là, en effet, que le World Wide Web est sorti dans le grand monde pour la première fois. La petite histoire veut que Tim Berners-Lee ait publié la description des protocoles du Web sur Usenet ce jour-là dans le but de recruter des collaborateurs et qu’il en ait profité pour ouvrir l’accès au premier site web «grand public» au même moment.

Les lecteurs de Branchez-vous se souviendront que nous avons déjà parlé du 25e anniversaire de l’invention du Web il y a un certain temps. L’événement de cette semaine, par rapport à celui-là, est un peu comme la naissance d’un bébé par rapport à sa conception.

Berners-Lee avait développé un premier site au mois de décembre précédent, mais il s’agissait d’une sorte d’intranet primitif pour les chercheurs du CERN.

Les premiers jours du Web

À ses débuts, il n’était pas évident que le Web constituait l’avenir d’Internet.

Évidemment, le Web 0.1 n’avait pas grand chose en commun avec ce que l’on connaît aujourd’hui.

Pendant quelques années, il n’était même pas clair du tout que les navigateurs allaient un jour supporter les images – du moins, pas de manière cohérente et standardisée – plutôt que de se limiter au texte. Jetez un coup d’œil au navigateur 100% textuel Lynx pour avoir une idée de ce à quoi ça pouvait ressembler.

Et bien sûr, quand le Web a fini par se décider à devenir un médium visuel, on s’est rapidement rendu compte qu’il fallait être drôlement motivé pour surfer avec des modems qui transmettaient l’information à 2 400 bits par seconde. Mais ça, c’est une autre histoire.

Il n’était pas évident, non plus, que le Web constituait l’avenir d’Internet. Pendant un certain temps, on se demandait si un protocole de recherche appelé Gopher n’allait pas prendre le dessus; encore aujourd’hui, quelques passionnés tiennent encore le flambeau de Gopher bien haut en espérant sans doute que l’humanité réalisera un jour qu’elle a commis une terrible erreur.

Hey! Merci, le Web!

Heureusement que le Web s’est imposé. Parce qu’Internet avant le Web, c’était bien mignon pour des geeks de classe mondiale comme je l’étais à cette époque, mais ça n’aurait jamais transformé une société.

Jennifer Mack (Ally Sheedy) et David Lightman (Matthew Broderick) dans WarGames (Image : MGM).
Jennifer Mack (Ally Sheedy) et David Lightman (Matthew Broderick) dans WarGames (Image : MGM).

Il y avait le courriel. C’était magique, en autant qu’on ait quelqu’un à qui écrire et que ce quelqu’un ait envie de répondre. Or, avant que le Web ne démocratise l’accès au contenu et ne donne naissance à toute une industrie de fournisseurs Internet commerciaux, l’accès au courriel était limité à quelques privilégiés parmi les étudiants universitaires, les professionnels des technologies et une poignée de maniaques qui payaient jusqu’à 6$ l’heure pour accéder à des réseaux privés comme Compuserve et Prodigy. Sans le Web, jamais la communication électronique ne serait devenue notre premier réflexe, nous perdrions encore un temps fou à attendre nos chèques et nos factures devant nos boîtes aux lettres, et une bonne partie des emplois d’aujourd’hui n’existeraient pas.

Il y avait aussi Usenet. Des groupes de discussion bien amusants consacrés à des milliers de thèmes aussi variés que les arts visuels, le bavardage en Esperanto et les innombrables manières dont on rêvait de voir Wesley Crusher mourir dans des souffrances atroces. De bien belles communautés – tant qu’elles ne dépassaient pas quelques dizaines de participants, après quoi le volume de discussion devenait ingérable, avant même l’apparition du spam. Le Web était un prérequis à la démocratisation des forums de discussion qui ont engendré les réseaux sociaux et transformé de façon fondamentale la manière dont nous définissons nos rapports les uns aux autres.

Il y avait aussi des protocoles vaguement ésotériques comme FTP pour échanger des fichiers, mais rien d’assez souple pour soutenir une économie numérique, pour remplacer la télévision comme médium de divertissement, ou pour réinventer la transmission des connaissances à un point tel que Google et Wikipédia sont devenus, pour beaucoup d’entre nous, une sorte d’extension du cerveau.

Et pour la suite des choses?

La carrière que j’ai choisie n’aurait jamais été possible sans le Web et aucun de mes loisirs n’a échappé à son influence. Difficile d’imaginer une innovation qui a changé ma vie autant, sinon Internet lui-même. Je suis convaincu que c’est la même chose pour la plupart d’entre vous.

Alors bon anniversaire, monsieur le Web, et j’ai bien hâte de voir comment vous allez perturber nos existences au cours des 25 prochaines années.

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