Le PlayStation VR, la réalité virtuelle pour tous

Après plus d'un an et demi d'attente, le projet Morpheus de Sony est enfin devenu un véritable produit commercialisé. Mais doit-on immédiatement embarquer dans le train?

Inutile de le répéter, mais il le faut bien : la réalité virtuelle représente à elle seule un énorme potentiel. Concept présent au cinéma et dans des œuvres de fiction depuis les années 80 et 90, le rêve de pouvoir plonger dans ce type d’expérience chez soi il y a quelques années à peine était impensable.

Le PlayStation VR promet une expérience de réalité virtuelle moderne dans le confort de votre foyer.

Mais c’était avant que Palmer Luckey ne décide de mettre son pied à terre, et de lancer sa campagne Kickstarter en 2012 dans le but d’obtenir du financement pour commercialiser l’Oculus Rift. Il promettait une expérience crédible, sans latence, en tirant notamment profit des avancées du secteur de la mobilité. Avec des écrans de meilleure qualité et des capteurs plus abordables, produire un véritable casque de réalité virtuelle ne relevait soudainement plus de la fiction.

Bien que Sony de son côté travaillait à la conception de la PlayStation 4, le géant japonais de l’électronique ne pouvait rester sans rien faire. L’entreprise a donc mandaté une équipe d’ingénieurs pour imaginer un projet équivalent, avec comme objectif la réponse à ce qui devenait une évidence : la réalité virtuelle représentait la prochaine étape de l’industrie du jeu vidéo.

On se retrouve aujourd’hui avec un produit finalisé, le PlayStation VR, qui débarquera en magasin le 13 octobre prochain. Et comme vous l’aurez probablement deviné, nous avons eu l’occasion d’obtenir le casque il y a quelques jours afin d’en faire la critique.

Installation

Avant de pouvoir plonger dans des mondes virtuels, il faut bien entendu installer le tout. Cette étape est plutôt complexe, et prouve en quelque sorte que la PlayStation 4 n’a pas été conçue dès le départ pour accueillir ce périphérique.

On doit d’abord installer le processeur, un petit boîtier qui fera le relais entre la console, le casque, et le téléviseur. À ce boîtier se branche : le câble HDMI provenant de la PS4, le câble HDMI se dirigeant vers le téléviseur, un câble à deux connecteurs (HDMI et propriétaire) d’une longueur de 3 mètres devant se connecter au câble du PlayStation VR d’un peu moins de 2 mètres, un câble USB devant se connecter à la PS4, et enfin le câble de son adaptateur électrique.

Si le processeur peut être dissimulé, son câble USB sera toujours visible devant la console.
Si ce boîtier (le processeur) peut être dissimulé, son câble USB sera toujours visible devant la console.

Soulignons que le PlayStation VR nécessite la PlayStation Camera, qui devra être connectée au port auxiliaire de la PS4. Sa position devra également être ajustée une première fois afin de s’assurer que le système puisse bien repérer le casque et vos mouvements. À noter que Sony recommande une surface de jeu de 3 mètres de profondeur par 2 mètres de largeur.

On se retrouve avec une installation digne du laboratoire du docteur Frankenstein.

On se retrouve ainsi avec une installation digne du laboratoire du docteur Frankenstein. Ce n’est pas la mer à boire, mais si vous comptez trimbaler votre PlayStation VR chez un ami, cette étape sera à recommencer. Il est donc préférable d’inviter les gens chez soi. Il est aussi important de préciser que vous n’aurez pas à débrancher le processeur pour jouer à vos autres jeux. Le signal vidéo sera transmis vers le téléviseur sans même que vous n’ayez à faire quoi que ce soit d’autre que de simplement allumer votre PlayStation 4.

Design et confort

À première vue, le PlayStation VR présente un design tout en courbes manifestement moderne, à la limite futuriste. Sa visière est entourée de six panneaux éclairés par DEL lorsque le casque est actif, avec un septième témoin lumineux situé en plein centre et deux autres derrière la couronne de plastique qui lui sert de soutien.

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L’intérieur du casque est cousiné, et il est simple à installer sur notre tête une fois que l’on a compris son fonctionnement. On n’a qu’à appuyer sur le bouton situé à l’arrière pour étirer les bandes élastiques intégrées à la couronne afin de pouvoir y glisser sa tête, et le casque tentera de reprendre sa forme initiale une fois le bouton relâché. On peut alors ajuster horizontalement la visière avec un deuxième bouton positionné sous celle-ci, et resserrer la couronne en tournant le cadran situé derrière le premier bouton.

Une fois sur notre tête et bien ajusté, le PlayStation VR est très confortable.

Une fois sur notre tête et bien ajusté, le PlayStation VR est très confortable. Il est léger, n’encombre aucunement vos mouvements, si ce n’est que du câble pendant derrière vous (mais on s’y habitue très vite). Les lunettes à l’intérieur ont toutefois tendance à se salir rapidement; vaut mieux les essuyer avec une lingette conçue pour le nettoyage de lunettes. Lingette qui, malheureusement, ne se retrouve nulle part dans la boîte de ce joujou dernier cri.

Sur le câble relié au casque, on retrouve une petite manette à quatre boutons : baisser ou augmenter le volume audio, éteindre ou activer le micro, et mettre l’appareil sous tension. On retrouve sur cette manette un port audio conventionnel auquel on pourra brancher les écouteurs intra-auriculaires fournis avec le casque.

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Bien sûr, puisque porter de tels écouteurs peut agacer, il est recommandé d’employer un véritable casque audio. Il y a d’ailleurs suffisamment d’espace sur le dessus et les côtés du PlayStation VR pour accueillir la majorité d’entre eux.

Concrètement, le casque est plutôt rigide, mais n’est certainement pas à toute épreuve. Il vous prend l’envie de faire croire à un ami qu’il s’apprête à jouer à un jeu paisible alors que vous avez l’intention de le plonger dans Until Dawn : Rush of Blood? Mauvaise idée. Nous n’osons pas imaginer ce qu’il adviendra du casque si votre ami ne décide de le lancer au premier jump scare.

Qualité de l’image

Intégrant un écran OLED 1080p, le PlayStation VR n’est pas le casque sur le marché qui offre la meilleure définition. Alors que celui-ci à la capacité de diffuser 120 images par seconde, soit un taux de rafraîchissement supérieur à la concurrence, l’Oculus Rift et le HTC Vive proposent d’avantage de pixels.

Prendre un selfie avec le PlayStation VR n'est pas simple.
Prendre un selfie avec le PlayStation VR n’est pas simple.

Mais honnêtement, cette différence est à peine perceptible. Il faut comprendre que pour réellement distinguer ces pixels, votre tête doit être totalement immobile – ce qui est impossible lorsque vous essayez naturellement. Seules les lignes verticales et horizontales dont le contraste est très prononcé (par exemple dans les menus) sont susceptibles de générer un effet d’escaliers auquel on aurait aimé voir de l’anticrénelage, particulièrement lorsque leurs axes franchissent le 0 ou 90 degrés.

Son écran offre donc des couleurs fidèlement restituées, et il est malheureusement impossible de le calibrer manuellement. Non pas que ce besoin se soit fait ressentir lors de nos séances, mais il aurait été agréable d’avoir un peu plus de flexibilité à ce niveau, ne serait-ce que pour corriger toute déviation qui pourrait se manifester avec les années. Cela dit, il est possible d’ajuster l’intensité lumineuse de cet écran à partir des menus de la PlayStation 4.

À souligner aussi que le PlayStation VR peut être utilisé comme un écran personnel. Si pour le moment, l’application YouTube ne permet pas de profiter des vidéos à 360 degrés de son répertoire (et une mise à jour à cet égard est certainement en chantier), être étendu sur votre canapé à regarder des films ou téléséries sur YouTube ou Netflix est une activité plutôt agréable. Il est facile aussi de recentrer l’image de ces applications en maintenant le bouton Options enfoncé quelques secondes.

De légers picots fixes peuvent être observables dans les portions sombres de l’image.

Certains remarqueront peut-être de légers picots fixes présents dans les portions sombres, comme si du sable s’était glissé dans l’écran lors de sa fabrication. Cette présence, qui s’apparente aux parasites que l’on peut percevoir lorsqu’on ferme les yeux, est très subtile, et n’a pas été observée par d’autres personnes ayant essayé le PlayStation VR avant qu’on le mentionne. Ce détail ne dérange en rien l’expérience de jeu.

Enfin, London Heist et Batman Arkham VR prouvent que les graphismes des jeux AAA de la PlayStation 4 peuvent parfaitement être rendus en réalité virtuelle. Attention, il n’est pas question ici d’une expérience comparable aux meilleurs jeux PC pour l’Oculus Rift ou le HTC Vive. Mais si votre PS4 vous satisfait en terme de graphismes, il n’y a aucune raison pour qu’il en soit autrement avec le PlayStation VR.

Reconnaissance de mouvements

Qu’en est-il de la reconnaissance des mouvements de la tête? Le système reconnaît parfaitement notre position. Tous les capteurs font très bien leur travail, même lorsque l’on cherche à provoquer une latence – elle est inaccessible. L’effet d’immersion est donc bel et bien là, selon un angle d’environ 100 degrés. Vous devez bien sûr bouger la tête pour le ressentir, étant donné que le simple déplacement de vos yeux aura tôt fait d’atteindre les limites du champ de vision imposé.

Il en est autrement des PlayStation Move cependant. Sony a judicieusement choisi de conserver les mêmes manettes que celles introduites à l’époque de la PlayStation 3 : elles sont identiques, avec leur port mini-USB, et leurs boutons Start et Select. Mais étant donné qu’elles représentent l’extension de vos bras, il arrive fréquemment que dans le feu de l’action, on dépasse les limites de ce que peut capter la PlayStation Camera.

À souligner que ce problème se présentait moins fréquemment avec les premiers jeux conçus pour les PS Move sur PlayStation 3. Non seulement il était généralement possible de se voir à l’écran, mais les mouvements que le joueur pouvait effectuer étaient beaucoup plus rapprochés, contenus dans un espace défini. Sony devra tôt ou tard proposer des manches intégrant de meilleur capteurs, un peu comme Nintendo a fait avec la Wii MotionPlus.

Heureusement, tous les jeux compatibles avec le PlayStation VR peuvent être joués avec la DualShock 4.

Gare à la cinétose

La cinétose (ou motion sickness) peut se manifester chez n’importe quel joueur qui se lance dans une très longue séance de réalité virtuelle. Un ami qui ne l’avait jamais vécu auparavant l’a d’ailleurs ressenti après avoir joué longuement à Job Simulator. Est-ce les couleurs vives du jeu qui ont fatigué son cerveau? Le fait d’être resté trop longtemps debout à servir des hotdogs et des sloches à des ordinateurs humanoïdes tirés tout droit des années 80? Difficile à déterminer.

C’est peut-être pourquoi la grande majorité des jeux actuellement offerts pour le PlayStation VR proposent des séances ou des chapitres plutôt courts. La conception du casque, qui peut facilement s’ajuster sur la tête de quelqu’un d’autre, invite les utilisateurs à jouer entre amis. D’autant plus que l’image et le son du jeu sont retransmis vers le téléviseur, permettant aux autres d’agir en tant que spectateurs. Le porteur du casque devient essentiellement le caméraman de ce qui est projeté à l’écran.

Conclusion

Sony a tenu parole et offre avec le PlayStation VR la réalité virtuelle que l’on mérite. La responsabilité de l’expérience proposée semble relever beaucoup plus des développeurs qui doivent s’assurer que leurs jeux tirent parfaitement profit du périphérique. Si vous êtes cyniques et croyez que cette première génération peut difficilement combler vos attentes, vous risquez d’être surpris – à moins que vos attentes soient ridiculement élevées, bien entendu.

La réalité virtuelle offre un énorme potentiel, mais on aurait tort de croire qu’elle est pour le moment un passage obligé. Comme pour toute nouvelle console, ce sont les jeux qui dicteront la pertinence du PlayStation VR. Bien des titres sont aux programmes, mais inutile pour le moment d’investir 549$ (399€) ou plus si aucun d’entre eux ne vous attire. Le PlayStation VR ne disparaîtra pas des tablettes, et vous pourrez vous le procurer au moment opportun.

Manifestement, Sony est de bonne foi ici. L’entreprise aurait pu facilement exiger l’achat d’une caméra et de manettes fondamentalement différentes. Mais si vous possédez déjà la PlayStation Camera, et que vos PlayStation Move traînent dans votre garde-robe depuis Matusalem, vous pouvez accéder à la réalité virtuelle à moindre coût. L’ensemble PlayStation VR seul se vend 549$ (ou 399€), tandis qu’une version comprenant la PlayStation Camera et deux PlayStation Move est affichée en Amérique du Nord à 699$.

Quelle sera la durée de vie de ce périphérique? Nous ignorons bien évidemment la réponse à cette question. Il y a fort à parier que Microsoft sera l’entreprise la plus susceptible d’ébranler Sony au point de la forcer à lancer un nouveau casque avec une fidélité accrue, dans le cas où les ventes du PlayStation VR se détérioreraient trop rapidement.

Chose certaine, Sony a désormais une autre longueur d’avance sur son rival.

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