Turbo Kid, c’est comme Le Gang des BMX, mais avec un Power Glove

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Si vous ne connaissez rien de ce film, allez d’abord lire l’article pondu en mars dernier, alors que Turbo Kid venait de remporter le prix du public Midnighters du festival SXSW.

Coup de théâtre! Alors que le film devait prendre l’affiche au Canada qu’en novembre prochain, c’est plutôt au mois le 14 août prochain que celui-ci se trouvera en salles (du moins au Québec). J’ai eu la chance de voir la projection de presse ce matin, et voici ma critique.

Scénario (sans divulgâcheurs)

Sans rien révéler de compromettant, l’intrigue se déroule «dans le futur de 1997», où une terrible explosion transforma la planète en un énorme dépotoir peuplé de dangereux criminels qui, en effet, semblent sortir tout droit de Mad Max.

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On nous présente d’abord Munro Chambers, qui incarne The Kid, un orphelin dans la jeune vingtaine obsédé par le personnage de bande dessinée Turbo Rider, qui parcourt le désert à la recherche de reliques à échanger contre des biens, de la nourriture, mais surtout de l’eau. Car oui, qui dit «monde post-apocalyptique», dit «insuffisance d’eau potable pour les survivants».

The Kid parcourt le désert à la recherche de reliques à échanger contre de l’eau. Car qui dit «monde post-apocalyptique», dit «insuffisance d’eau potable pour les survivants».

The Kid croise sur son chemin Apple, interprétée par Laurence Lebœuf, une adolescente au comportement étrangement enfantin. On peut facilement imaginer qu’elle aurait aussi perdu ses parents, qu’elle devait être toute jeune, et que l’absence de structure scolaire de l’anarchie en place ne lui aurait jamais permis d’atteindre un niveau de maturité plus commun pour son âge. Celle-ci impose son amitié à The Kid, malgré lui. Mais progressivement au cours du film, il en deviendra amoureux.

En parallèle, il est également question d’un mystérieux cowboy, Frederic, joué par Aaron Jeffery. Ce dernier est un champion du tir au poignet, et utilise ce talent afin de se mesurer contre autrui en échange de consommations alcoolisées, payées par le perdant. Lorsqu’il apprend que son frère est tombé entre les mains de Zeus, le maniaque sadique autoproclamé chef du territoire, il voudra affronter le ravisseur et sa bande.

Michæl Ironside dans le rôle de Zeus est peut-être cruel, mais il est aussi distingué. «Just because civilization is over doesn’t mean that we can’t act civilized», rétorque-t-il d’ailleurs dans le premier tiers du film pour bien camper son personnage. Par conséquent, le mot fuck ne se trouve pas dans son vocabulaire, contrairement à son homologue incarné par Yves Corbeil dans T is for Turbo.

Un film sérieux qui ne se prend pas au sérieux

Bien que Turbo Kid soit présenté par la production comme une comédie d’action, concrètement, il n’en est rien. Attention, c’est loin d’être un défaut. Ce n’est pas non plus comme si le film n’était pas bourré d’une bonne dose d’humour – les réalisateurs Anouk Whissell, François Simard et Yoann-Karl Whissell ont d’ailleurs respecté plusieurs blagues tirées de leur court métrage T is for Turbo, dont une en particulier a drôlement bien évolué. Mais fondamentalement, le scénario de Turbo Kid nous propose un film touchant. L’humour et les scènes d’action sont essentiellement des artifices superficiels.

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Cela dit, l’humour et les scènes d’action sont sans doute la principale raison pour laquelle les gens iront voir ce film. Heureusement, à ce chapitre, difficile d’être déçu. Si comme le trio de réalisateurs Roadkill Superstar, vous avez grandi dans les années 80, de nombreuses références sont au rendez-vous, à commencer par l’esthétique visuelle et musicale qui reproduit fidèlement les conventions du cinéma de cette époque.

Bien franchement, j’espère que la bande originale du film se retrouvera quelque part sous quelque forme que ce soit. La musique est géniale, et foutrement bien produite.

Lumière, caméra, action!

Aujourd’hui, alors que les films hollywoodiens nous proposent des effets spéciaux réalisés par ordinateurs, on se retrouve ici devant un film dont la majeure partie de ces effets a été réalisée par une équipe d’artistes, maquilleurs et sculpteurs talentueux. Si les courts métrages de RKSS se distinguent généralement par leur aspect home made, le résultat ici est beaucoup plus convaincant, sans pour autant tomber dans l’illusion parfaite.

Les réalisateurs de Turbo Kid ont privilégié le jeu de caméra propre aux films des années 80, notamment dans le cas de certaines blessures, qui surviennent hors du champ de celle-ci. Mais n’ayez crainte, plusieurs mutilations sont également très bien exposées, et feront la joie des adeptes de gore. Enfin, le film présente aussi quelques effets CGI lorsque ces derniers sont incontournables.

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En ce qui concerne le jeu des acteurs, Aaron Jeffery se démarque du lot dans le rôle de Frederic. Son accent néozélandais confère au personnage une touche d’exotisme agréable, et il est dommage de ne pas le voir plus longtemps à l’écran.

Munro est parfait dans la peau du Kid, et parvient à rendre crédible des scènes totalement loufoques et absurdes. Il est le moteur du film, et s’il avait été dans l’incapacité de remplir l’énorme tâche que représente son rôle, l’appréciation du film aux yeux des critiques aurait pu être sévèrement compromise.

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De son côté, le cas de Laurence Lebœuf est plus étrange. Soit, elle incarne une fillette dans le corps d’une adolescente, et son jeu est un peu déroutant lors de ses premières scènes. Heureusement, le malaise que pourrait ressentir un public plus sensible à cet aspect sera totalement éliminé avant la fin du film. Lebœuf sera ainsi absolue de tous péchés, et son comportement antérieur pourra être apprécié à sa juste valeur.

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Dans le rôle de Zeus, principal antagoniste de Turbo Kid, Michæl Ironside domine évidemment toutes les scènes dans lesquelles on le retrouve. Il est plus cruel que jamais, et son charisme réussira peut-être même à vous faire changer de camps. Ayant incarné à de multiples reprises des rôles de méchants au cinéma, Ironside a définitivement la tête de l’emploi.

Mention spéciale à Anouk Whissell. En fait, les trois réalisateurs se trouvent à faire des caméos dans leur propre film. Mais celui d’Anouk torche. Je préfère ne rien révéler, au risque de compromettre l’effet de surprise.

Meilleur. Film. De Genre. De tous les temps.

RKSS aurait pu facilement prolonger le rythme de leurs courts métrages, ce qui aurait donné un film beaucoup trop dense. Heureusement, ce n’est pas le cas.

Si vous n’avez pas encore deviné que j’ai aimé ce film, laissez-moi vous dire que j’ai aimé ce film. Il faut évidemment savoir dans quoi l’on s’embarque. Si vous n’appréciez pas les films de genre, ou l’humour des productions antérieurs du trio, laissez tomber.

À ce sujet, RKSS aurait pu facilement prolonger le rythme de leurs courts métrages, ce qui aurait été beaucoup trop dense à absorber en 89 minutes. C’est d’ailleurs peut-être ce qui me pousse à percevoir Turbo Kid comme un film plus sérieux qu’une comédie. On y retrouve des moments plus calmes, sans néanmoins tomber dans des longueurs injustifiées.

Il faut dire qu’à l’heure où les comédies hollywoodiennes nous donnent souvent à peine le temps de respirer, ce qualificatif semble s’être graduellement transformé au fil des années.

Malheureusement, les billets pour les deux projections de Turbo Kid dans le cadre du festival international de films Fantasia ont tous été vendus. Ce film vaut franchement la peine de pénétrer la salle par effraction. Il serait toutefois plus sage de patienter jusqu’au 14 août prochain.

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