Un milliard de dollars. C’est la somme qu’a versée Google à Apple en 2014 afin que son moteur de recherche demeure la norme installée en usine sur l’iPhone et l’iPad. Selon un témoin, la part des revenus publicitaires générés par les recherches Google sur iOS (pour ensuite être versée à Apple) aurait même atteint les 34% à une certaine période.
On imagine bien entendu que les deux géants du marché des appareils mobiles sont loin d’être enchantés de voir leur partenariat être exposé à la lumière du jour.
Cette information, obtenue par Bloomberg, est tirée de la retranscription du procès opposant Oracle et Google au sujet de l’utilisation des API Java par Android. On imagine bien entendu que les deux géants du marché des appareils mobiles sont loin d’être enchantés de voir leur partenariat être exposé à la lumière du jour.
«Les conditions financières spécifiques de l’accord de Google avec Apple sont une information très délicate, à la fois pour Google et Apple», a déclaré Google dans sa déposition du 20 janvier, alors que l’entreprise implorait une ordonnance de mise sous scellés du dossier à la Cour. «Tant Apple que Google ont toujours traité ces informations de manière extrêmement confidentielle.»
Comme par hasard, le document juridique en question a disparu du registre public du tribunal hier, au courant de l’après-midi. Si ce retrait fait croire que la Cour a cédé aux caprices de Google et Apple, qui s’est jointe à la requête par la suite, cette information demeure non confirmée.
Bien sûr, le fait que Google paie Apple pour conserver la position de son moteur de recherche sur iOS est un secret de polichinelle. Des analystes des firmes Morgan Stanley et Macquarie ont déjà avancé ce même chiffre d’un milliard de dollars en 2012 puis en 2013. En fait, ce qui est surtout étonnant, c’est le fait que ce chiffre semble être demeuré inchangé depuis, alors que les ventes d’iPhone ont significativement augmentées.1
Android a généré des revenus de 31 milliards
Une autre information délicate a été dévoilée cette semaine, une fois de plus rapporté par Bloomberg. Depuis le lancement d’Android en novembre 2007, le système d’exploitation mobile de Google lui aurait rapporté 31 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 22 milliards en bénéfices. C’est en effet ce qu’a révélé un avocat d’Oracle, toujours dans le cadre du même procès.
Sans surprise, Google a également demandé au juge d’expurger et de sceller la retranscription du procès, étant donné que l’information dévoilée provient de documents de Google dont l’accès était réservé aux avocats.
«Google ne répartit pas les revenus ou les bénéfices générés par Android séparément des activités principales de Google dans ses états financiers publics», a souligné l’entreprise. «Ces données financières non publiques sont de nature très sensible, et leur divulgation publique pourrait avoir des effets négatifs importants sur les activités de Google.»
Oracle n’a toutefois pas précisé les méthodes utilisées pour obtenir cette information.
Certains médias ont rapidement associé le total des revenus générés par Android depuis son existence avec ceux de l’iPhone, qui en un seul trimestre, a justement généré 32,2 milliards de revenus à Apple. Cependant, cette comparaison est plutôt boiteuse, puisqu’Apple à la main mise sur toute la chaîne de production de ses téléphones – de la conception matérielle à la programmation logicielle – alors qu’Android compose avec une foule d’intermédiaires de son côté.
La nature du procès d’Oracle contre Google
Au cœur du litige entre Oracle et Google, on retrouve l’utilisation par Google des API Java dans Android qui enfreindrait le droit d’auteur. Bref, un autre chapitre dans l’éternelle guerre des brevets qui sévit dans la Silicon Valley depuis belle lurette. Inutile de souligner que, dans ce contexte, Oracle a tout intérêt à démontrer les pertes de revenus potentielles engendré par l’infraction alléguée de Google.
L’Electronic Frontier Foundation, appuyé par un ensemble d’informaticiens de renoms, milite pour que les API ne soient pas assujettis à la loi sur le droit d’auteur.
Comme l’explique Electronic Frontier Foundation, lorsqu’est venu le moment d’implanter dans le marché, Google a programmé sa propre version de Java. Mais pour éviter de confondre les développeurs et assurer la compatibilité de leurs applications, Google a employé les mêmes noms, la même terminologie, et les mêmes fonctionnalités des API Java.
En mai 2012, le juge William Alsup du district nord de Californie a jugé que les API n’étaient pas être soumis à la loi sur le droit d’auteur, sachant très bien que de rendre le verdict inverse aurait des conséquences catastrophiques – et conférerait à Oracle l’ultime pouvoir discrétionnaire sur la quasi-totalité de l’innovation liée à l’ère informatique.
La Cour d’appel des États-Unis pour le circuit fédéral a par la suite renversé cette décision en mai 2013, laissant alors à Google qu’une seule porte ouverte pour sa défense : l’utilisation équitable.
C’est là qu’on est rendu…
- Ne pas confondre les ventes d’iPhone avec les parts de marchés d’Apple dans le secteur des appareils mobiles.