John McAfee, candidat à la présidence des États-Unis

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Vous pensiez qu’avec plus de 20 candidats déclarés, dont un qui a déjà abandonné 14 mois avant le vote, et avec Donald Trump en tête dans les sondages, la campagne électorale présidentielle américaine ne pouvait en aucun cas devenir encore plus surréaliste? 

Détrompez-vous : John McAfee, le gourou destroy de la sécurité informatique, a décidé de se lancer dans la course lui aussi. L’excentrique millionnaire, dont l’entreprise appartient maintenant à Intel, sera le candidat du tout nouveau Cyber Party – qu’il a fondé pour l’occasion – à l’élection de novembre 2016. 

Dans une vidéo de présentation où il cite abondamment Abraham Lincoln et la Déclaration d’indépendance des États-Unis, McAfee annonce un programme politique d’inspiration libertarienne et pro technologie. Selon McAfee, il y a trop de lois dans son pays («il me faudrait 600 ans pour toutes les lire, même en lisant 24 heures sur 24») et les gouvernements se trompent de cible en envahissant la vie privée des citoyens plutôt que de se défendre contre les véritables menaces de la cyberguerre. McAfee blâme l’incompétence des dirigeants en matière de technologie pour expliquer cette situation, qui l’a incité à se lancer en politique.

Qui est John McAfee?

Voilà une question à laquelle il n’est pas aussi facile de répondre qu’on pourrait le croire, parce que McAfee est loin d’être un personnage unidimensionnel. 

John McAfee est certes loin d’être un personnage unidimensionnel.

Qu’il suffise de dire que McAfee, qui a déjà vécu à Montréal, a publié plusieurs livres sur le yoga et la spiritualité , qu’il a déjà affirmé qu’un ex-baron de la drogue rédigeait sa biographie, qu’il a fondé une entreprise pour tenter de développer des antibiotiques naturels, et qu’il soutient avoir feint une crise cardiaque dans un hôpital du Guatemala pour empêcher son extradition vers le Belize, dont les autorités voulaient le questionner dans une histoire de meurtre, rien de moins.

Cette dernière affaire constitue sans aucun doute l’épisode le plus bizarrement célèbre de la vie mouvementée de McAfee. Celui-ci affirme sur le site web de sa campagne électorale qu’il a été torturé, que son chien a été abattu devant lui «par un soldat entraîné par le FBI» avec un fusil AR-15 «fourni par le gouvernement américain», et qu’il s’est caché dans la jungle pendant des semaines pour fuir l’armée d’un gouvernement de «République de bananes» dont il avait refusé les demandes «d’extorsion». Il semble que les ennuis légaux de McAfee soient derrière lui et qu’aucune accusation ne pèse contre lui dans cette histoire, mais il affirme que le gouvernement du Belize a saisi tout ce qu’il possédait dans le pays et que les bâtiments sur sa propriété ont ensuite brûlé dans des circonstances nébuleuses, ce qui lui a coûté presque toute sa fortune.

Un candidat sérieux?

John McAfee, à une époque désormais révolue.
John McAfee, à une époque désormais révolue.

Cette candidature constitue-t-elle une blague, un délire mégalomane ou une véritable campagne électorale? Le bonhomme étant un aimant à controverse, j’aurais tendance à pencher pour l’une des deux premières options. D’autant plus que le fait que McAfee recommande aux visiteurs de son site de regarder la lutte plutôt que les débats politiques, en leur disant que cela leur apporterait «un meilleur rapport qualité-prix et plus de divertissement», n’a rien pour renforcer sa crédibilité.

Ceci dit, en cette époque de Trumpmania, de candidats congédiés pour avoir fait pipi dans la vaisselle des gens devant une caméra de télé et de Berlusconneries en tous genres, qui peut bien dire ce qui compte encore comme un projet politique sérieux de nos jours? 

Soyons tout de même charitables. Assumons que McAfee sait qu’il ne sera pas élu, mais qu’il espère que sa présence dans la campagne électorale entraînera une discussion sérieuse sur les enjeux liés à la vie privée et à la sécurité informatique. Ce qui ne serait pas une mauvaise idée, c’est le moins que l’on puisse dire.

Tiens, j’y pense : ne sommes-nous pas en campagne électorale, nous aussi? Y a-t-il, dans votre coin, un candidat qui s’y connaît en matière de technologie, de science, de sécurité informatique, ou d’autres enjeux similaires? Ça aussi, ça serait une bonne idée, non?

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