C’est en effet ce que conclut la firme de recherche en marketing IDC, qui vient de publier une étude sur la question. De plus en plus de services web ont pour cible le salon de foyers à travers le pays, pièce autrefois réservée aux câblodistributeurs et autres entreprises de télédistribution.
La poursuite de cette tendance pourrait représenter une baisse de revenus pour les câblodistributeurs de 7,8% au cours des cinq prochaines années
«En ce moment, un changement important est en train d’opérer dans le marché des services de télédistribution traditionnels au Canada», croit Emily Taylor, analyste pour la firme IDC qui a piloté l’étude en question.
On estime ainsi que 11,3 millions de Canadiens seront toujours abonnés à des services de télédistribution en 2019, soit une baisse de 500 000 par rapport à la situation actuelle. Bien entendu, ce nombre est loin d’être équivalent à ce que l’on observe déjà aux États-Unis. En février dernier, le magazine Variety rapportait qu’environ 1,4 million de foyers américains s’étaient désabonnés du câble dans les 12 derniers mois.
N’empêche, le phénomène prend tout de même de l’ampleur au nord de la frontière. Si bien que la poursuite de cette tendance pourrait représenter un coût important pour les câblodistributeurs. IDC évalue que leurs revenus devraient chuter de 7,8% au cours des cinq prochaines années, alors qu’ils représenteront un marché de 8,3 milliards de dollars.
Les responsables
Au banc des accusés, on retrouve sans surprise Netflix, mais également des périphériques comme l’Apple TV, le Chromecast et le Roku, dont le fonctionnement est beaucoup plus convivial aujourd’hui qu’il y a cinq ou dix ans.
«On se retrouve avec ces [produits] que vous pouvez acheter n’importe où qui permettent de diffuser et de transférer du contenu sur grand écran très facilement. C’est certainement très attirants pour de nombreux consommateurs», affirme Taylor.
Enfin, avec la diversité de contenus que propose le marché des services de vidéo sur demande, couper le cordon n’a jamais été aussi facile. Sans compter que l’ensemble des Canadiens d’un océan à l’autre auront bientôt accès à de nouveaux services, comme Shomi et CraveTV.
Aucun exode important en vue
Si le marché des services de vidéo sur demande constitue une réelle menace pour les câblodistributeurs et autres entreprises de télédistribution au Canada, ces derniers continueront de dominer le marché au pays. «Nous n’envisageons pas un exode important», estime Taylor, concernant la potentielle disparition des abonnés à ces services.
Cela dit, l’existence même du phénomène du cord cutting est remis en question par Gregory Taylor (aucun lien de parenté), spécialiste des médias et professeur à l’Université de Calgary : «À ce stade, il n’y a pas de données pouvant défendre l’idée qu’un mouvement de cord cutters existe bel et bien au Canada».
Toutefois, le professeur ne balaie pas du revers de la main l’idée qu’un tel phénomène soit susceptible d’apparaître. À son avis, alors que de nombreux nouveaux joueurs intègrent le marché, les entreprises de télédistribution traditionnelle se doivent d’être prudentes. «Elles doivent reconnaître qu’elles ne sont plus les seules à jouer à ce jeu», conclut-il.