Sommé par le CRTC la semaine dernière, Netflix avait jusqu’à lundi pour lui transmettre notamment son nombre d’abonnés au Canada, les données sur ses revenus canadiens et sur ses dépenses en matière de contenus produits au pays. La demande a été effectuée dans le cadre d’audiences du CRTC à propos des impacts des services de diffusion vidéo en ligne sur les télédiffuseurs canadiens traditionnels.
«Bien que les ordonnances du CRTC ne s’appliquent pas à nous en vertu des lois canadiennes sur la radiodiffusion, nous sommes toujours prêts à travailler de manière constructive avec le Conseil», a déclaré Netflix.
De son côté, Netflix exigeait des garanties de la part de l’agence fédérale que la nature confidentielle de l’information demandée allait être préservée. Manifestement, le CRTC ne semble pas avoir été en mesure de satisfaire pleinement l’entreprise américaine à ce sujet.1
«Bien que Netflix ait répondu à plusieurs requêtes du CRTC, nous ne sommes pas dans une position où nous sommes en mesure de fournir les informations confidentielles et délicates sur le plan de la concurrence que le CRTC nous a demandées en raison de préoccupations sur la confidentialité», a déclaré Anne Marie Squeo, porte-parole de Netflix. «Bien que les ordonnances du CRTC ne s’appliquent pas à nous en vertu des lois canadiennes sur la radiodiffusion, nous sommes toujours prêts à travailler de manière constructive avec le Conseil.»
Le libre marché
Lors de la dernière journée des audiences vendredi dernier, la directrice des politiques publiques globales de Netflix a plaidé en faveur du libre marché en ce qui concerne la diffusion vidéo sur Internet, invitant les utilisateurs du même coup à «voter avec leurs dollars et leurs yeux pour former le marché médiatique».
Selon Dwayne Winseck, professeur de journalisme à l’Université Carleton, la mentalité de Netflix, qui perçoit la Toile comme un espace non réglementé, a été confrontée à celle du 21e siècle lors des audiences.
Aux yeux de Corie Wright, la réglementation des services de diffusion vidéo en ligne n’est pas une nécessité et pourrait avoir des conséquences qui iraient à l’encontre des intérêts des consommateurs.
Tel que le souligne le quotidien Le Devoir, l’intervention de Netflix Canada faisait contraste avec celles des principaux télédiffuseurs canadiens, qui ont envoyé une délégation de dirigeants devant le CRTC au cours des deux dernières semaines.
Rappelons que Netflix a lancé la semaine dernière son service en France, et qu’il y a fort à parier que l’attention de ses principaux dirigeants y est toujours fortement sollicitée.
Selon Dwayne Winseck, professeur de journalisme à l’Université Carleton, la mentalité de Netflix par rapport à Internet fait très «fin des années 90». Il a déclaré à la CBC que cette vision, où la Toile est perçue comme un espace non réglementé, a été confrontée à celle du 21e siècle lors des audiences, qualifiant du même souffle la participation de Wright d’une mascarade.
Parlons télé : une conversation avec les Canadiens
Cette troisième et dernière phase des audiences a été mise en place dans le but d’offrir aux consommateurs un plus grand choix et d’aider le secteur de la télédiffusion au Canada de s’adapter à l’évolution rapide des technologies.
Il a également été question de permettre aux Canadiens de payer spécifiquement pour les chaînes de télévision qui les intéressent, plutôt que d’être contraints à s’abonner à des chaînes groupées.
Ce point de vue a été défendu par la majorité de chaînes américaines, qui ont fait valoir qu’un tel changement viendrait compenser pour les stations au sud de la frontière qui diffusent «gratuitement» sur les ondes canadiennes. Mais selon Jean-Pierre Blais, président du CRTC, cette ouverture irait à l’encontre du mandat de l’organisme.
- Mise à jour : Soulignons que le CRTC a confirmé à Netflix que les données allaient être traitées de manière confidentielle. Toutefois, l’organisme ne semble pas avoir été en mesure d’être convaincant. Nuance.