L’Union américaine pour les libertés civiles, Amnesty International, et la Human Rights Watch ont lancé cette semaine une campagne pour qu’Edward Snowden soit gracié par Barack Obama en raison de l’impact positif que les révélations des programmes de cybersurveillance de la NSA ont eu sur la nation.
Snowden a fait valoir que les changements mis en place notamment par le président lui-même démontrent à quel point la société américaine a bénéficié de son geste.
«Oui, il y a des lois qui disent certaines choses, mais c’est peut-être pourquoi le pouvoir d’accorder le pardon existe. Pour les choses qui semblent illégales par écrit, mais qui lorsqu’on les regarde d’un point de vue moral, lorsqu’on les regarde d’un point de vue éthique, lorsqu’on regarde les résultats, apparaissent comme nécessaires, vitales», a déclaré Snowden dans une entrevue vidéo avec le quotidien The Guardian.
Il a fait valoir que les changements mis en place par le Congrès, par les tribunaux américains, et par le président lui-même démontrent à quel point la société américaine a bénéficié de ses actions. «Il n’y a jamais eu de preuve publique qu’une seule personne ait été blessée par [mon geste].»
Exilé en Russie depuis plus de 3 ans, Snowden est toujours officiellement recherché aux États-Unis pour haute trahison. La campagne Pardon Snowden lancée cette semaine fait suite à la fin de non-recevoir imposée par la Maison-Blanche en juillet dernier liée à une pétition qui réclamait également le pardon sans condition de Snowden.
Cette campagne coïncide également avec la sortie du film Snowden d’Oliver Stone, mettant en vedette Joseph Gordon Levitt dans le rôle du lanceur d’alerte.
«S’il était pour se présenter à son procès aujourd’hui, il n’aurait pas droit d’expliquer à un jury pourquoi il s’est senti obligé de partager les documents de la NSA avec le public, et il ne serait pas non plus autorisé de citer les réformes juridiques historiques et technologiques qui se sont concrétisées en conséquence», explique-t-on sur le site de la campagne.
La partie est loin d’être gagnée
Comme le souligne Ars Technica, l’ex-procureur général des États-Unis, Eric Holder, a déjà affirmé que Snowden «avait rendu un service public» en jetant la lumière sur la cybersurveillance, et en incitant la nation à débattre de son enjeu. Il a toutefois aussi déclaré que Snowden devrait faire face aux charges criminelles qui pèsent sur lui.
S’il n’obtient pas le pardon du président Obama, difficile d’imaginer que le vent puisse tourner en la faveur de Snowden. En effet, les deux principaux candidats à la présidence, Hilary Clinton et Donald Trump, ont déjà déclaré que l’ex-employé de la NSA devrait être puni pour son crime.
Les deux principaux candidats à la présidence américaine ont déjà déclaré que Snowden devrait être puni pour son crime.
«Il a volé des informations capitales qui sont tombées dans de mauvaises mains, je crois donc qu’il devrait rentrer au bercail et faire face à la musique», a déclaré Clinton. De son côté, Trump l’a décrit comme «le pire des traîtres», promettant que s’il était élu, il «s’occuperait de lui sévèrement».
N’empêche, Snowden demeure optimiste quant à ses chances de pouvoir un jour rentrer dans son pays :
«Lorsque les responsables, qui ont le sentiment de devoir protéger […] leur poste, leur carrière, auront quitté le gouvernement, et que nous commencerons à analyser la situation depuis une perspective plus large, il apparaîtra clairement que cette guerre contre les lanceurs d’alerte ne sert pas les intérêts des États-Unis.»
D’ici à ce que cette éventualité se concrétise, si elle se concrétise un jour, Snowden risque une peine d’emprisonnement pouvant s’étaler jusqu’à 30 ans.
Snowden sera à Montréal… ou presque
À noter qu’Edward Snowden donnera une conférence publique gratuite sur l’état de la surveillance au Canada qui sera présentée à Montréal en novembre prochain. L’événement, organisé par l’Université McGill, se déroulera dans le Pavillon Leacock le 2 novembre à 19h.
Bien sûr, comme toutes ses précédentes apparitions publiques, il est question ici d’une vidéoconférence.