On a testé AI Limit sur Branchez-vous, et le jeu nous a laissé une impression mitigée. Présenté comme un Soulslike avec quelques mécaniques originales, il affiche de bonnes idées, notamment son système de combat dynamique sans jauge d’endurance classique. Pourtant, malgré une base prometteuse, des problèmes d’équilibrage et un manque de finition viennent ternir l’expérience. Voici notre verdict sur ce titre qui oscille entre bonnes intentions et exécution imparfaite.
AI Limit : Un Soulslike audacieux, mais trop permissif ?
AI Limit s’inscrit clairement dans la lignée des Soulslike, mais apporte quelques subtilités intéressantes. Première différence marquante : l’absence de jauge d’endurance classique. À la place, le jeu utilise une barre de synchronisation (« sync bar ») qui se recharge au fil des attaques. Cette mécanique pousse à adopter un style agressif : plus on frappe, plus on génère de la ressource pour lancer des attaques spéciales ou des sorts.

Le gameplay offre trois options défensives principales : la parade, l’esquive parfaite avec contre-attaque et le bouclier. La possibilité d’enchaîner les dashs sans se soucier d’une barre d’endurance apporte une fluidité plaisante dans les combats, renforcée par la mécanique de contre parfait qui génère un clone infligeant des dégâts.
Malgré cette richesse de gameplay sur le papier, un déséquilibre se fait vite sentir. La plupart des ennemis, y compris certains boss, ont un seuil d’étourdissement très bas. Cela permet de les « lock » facilement et de les empêcher littéralement de riposter. Certaines armes, comme la lance, permettent même d’enchaîner des attaques lourdes chargées sans laisser la moindre chance à l’adversaire. Résultat : le jeu devient rapidement trop permissif, et la sensation de défi s’efface.
Un level design vertical mais répétitif
Là où la plupart des Soulslike brillent par leur courbe de difficulté exigeante et leurs boss mémorables, AI Limit peine à proposer un véritable challenge. En dehors de trois affrontements qui demandent un minimum de concentration, la majorité des combats, même contre les boss, se terminent dès la première tentative. Certains se font littéralement écraser en quelques secondes, qu’on joue au corps-à-corps ou avec un build orienté magie.
Le jeu souffre surtout d’un souci d’équilibrage : les ennemis sont trop facilement étourdis et les compétences permettent de les enchaîner sans leur laisser la moindre fenêtre d’action. À plusieurs reprises, il est possible de « stun-lock » un boss entier avec une lance ou des sorts surpuissants, rendant l’affrontement presque ridicule. Cette facilité est d’autant plus flagrante en fin de partie où le personnage devient si fort qu’il suffit de quelques attaques pour venir à bout d’un boss, sans même avoir besoin de soigner ou d’esquiver correctement.


Concernant le level design, AI Limit réussit par moments à surprendre, notamment grâce à sa verticalité. On découvre des passages cachés, des plateformes invisibles et des recoins secrets qui rappellent les grands classiques du genre. Mais cette exploration est desservie par une structure trop répétitive. On traverse plusieurs fois les mêmes zones — les égouts, les canyons, la ville — au point d’avoir la désagréable impression de tourner en rond. Cette réutilisation excessive des environnements casse le sentiment de découverte et donne un aspect un peu brouillon à l’ensemble.
Un univers intrigant, mais une narration confuse
Côté histoire, AI Limit s’inscrit dans la tradition des Soulslike avec une narration fragmentée, livrée par bribes au fil des objets ramassés et des dialogues avec les PNJ. L’univers pose des bases intrigantes : l’humanité a disparu, laissant place à des intelligences artificielles et des vestiges d’un monde en ruines. Sur le papier, l’ambiance post-apocalyptique et cybernétique avait de quoi séduire.

Malheureusement, l’intrigue peine à captiver. Même après avoir terminé le jeu une première fois, difficile de vraiment saisir les enjeux ou le sens des révélations finales. Le scénario donne l’impression de partir dans tous les sens, en balançant des « twists » qui viennent contredire ce que le joueur croyait avoir compris jusque-là. Résultat : au lieu d’être surpris ou curieux, on se retrouve surtout perdu et détaché de ce qui se passe.
Les quêtes secondaires apportent un peu plus de consistance grâce à certains personnages secondaires intéressants. Mais là encore, la narration tombe souvent dans le piège du lore dump — ces longs dialogues explicatifs peu naturels — et ne parvient pas à maintenir l’intérêt sur la durée.
En résumé, ceux qui cherchent un scénario solide et prenant risquent d’être déçus. L’univers a du potentiel, mais l’exécution laisse un goût d’inachevé.
Une direction artistique réussie malgré quelques limites
Visuellement, AI Limit adopte un style anime qui rappelle des titres comme Code Vein. Le jeu mise sur une direction artistique stylisée plutôt que sur une débauche de réalisme ou de détails techniques. Et dans l’ensemble, ça fonctionne : les personnages sont bien modélisés, les décors post-apocalyptiques ont un certain charme avec leurs structures en ruines, le béton fissuré et les barres d’acier rouillées qui traversent les bâtiments.


Cependant, malgré cette patte artistique réussie, certaines textures restent assez simples et manquent de relief. Rien de choquant non plus, surtout compte tenu du budget et du prix du jeu, mais on est loin des standards des grosses productions actuelles. Cela dit, le jeu évite l’écueil des textures « baveuses » et offre un rendu cohérent du début à la fin.
La verticalité du level design est d’ailleurs bien mise en valeur par la direction artistique. On prend plaisir à repérer des points d’observation en hauteur ou des passages cachés en contrebas, ce qui donne envie d’explorer — malgré la redondance de certaines zones évoquée plus tôt.
Bref, sans être bluffant visuellement, AI Limit propose un univers graphique soigné qui colle bien à son ambiance. Les amateurs de ce style animé y trouveront leur compte.
Une ambiance sonore en demi-teinte
Sur le plan audio, AI Limit laisse une impression mitigée. La bande-son des combats, et notamment des boss, manque cruellement d’impact et de mémorabilité. Difficile de retenir un seul thème marquant une fois la manette posée. Peut-être que les standards fixés par des jeux comme Dark Souls ou Final Fantasy y sont pour quelque chose, mais ici, aucune musique n’arrive à vraiment sublimer l’action ou à renforcer la tension d’un affrontement.
Les effets sonores souffrent du même problème de légèreté. Les coups d’épée donnent parfois l’impression de « taper dans du carton », sans véritable sensation de puissance. Même avec une arme lourde, les impacts manquent de profondeur et de résonance, ce qui nuit à l’immersion lors des combats.

À l’inverse, les sorts et compétences spéciales bénéficient d’un design sonore plus soigné. Certains effets magiques sont franchement réussis et offrent un bon retour sonore, avec des vibrations et des sons percutants qui valorisent ces actions.
Malheureusement, le jeu est entaché par plusieurs bugs audio. Le plus gênant reste celui qui fait disparaître totalement les sons d’ambiance — plus de bruit de pas, plus de musique — obligeant le joueur à relancer le jeu. Ce problème survient aléatoirement, y compris en plein combat, ce qui casse complètement l’immersion.
Au final, l’ambiance sonore d’AI Limit reste très moyenne, plombée par des bugs et un manque d’ampleur qui l’empêche de rivaliser avec les références du genre.
Un contenu honnête pour son prix
Côté contenu, AI Limit propose une expérience correcte, surtout au regard de son prix de lancement fixé autour de 55,99 $ (et même un peu moins en promotion). La première partie, en prenant le temps d’explorer et de compléter plusieurs quêtes secondaires, tourne autour de 13 à 14 heures de jeu. Un chiffre raisonnable pour un Soulslike indépendant à ce tarif.
Le jeu propose également un New Game+ et plusieurs fins possibles, ce qui incite les plus curieux à relancer une partie pour voir d’autres pans de l’histoire ou peaufiner leur build. En visant un 100% ou un trophée platine, on peut facilement grimper à 25 ou 30 heures de jeu.
Malgré ses défauts, AI Limit offre donc un bon ratio prix / temps de jeu, en particulier pour les amateurs du genre qui cherchent une expérience plus accessible. Cela dit, ceux qui attendent un challenge relevé ou un système de combat profond risquent de rester sur leur faim.
En résumé, à ce prix-là, AI Limit reste un bon compromis pour un Soulslike de milieu de gamme — à condition d’accepter ses limites.
Une expérience gâchée par des bugs frustrants
C’est sans doute sur ce point qu’AI Limit montre le plus ses faiblesses. Si quelques accros techniques peuvent se pardonner sur un jeu à budget modeste, ici certains bugs nuisent franchement à l’expérience de jeu.
Le plus frappant reste le bug de la caméra dans une zone avancée du jeu : à cause d’un effet de tremblement de terre mal géré, la caméra passe régulièrement sous la carte en plein combat, rendant l’action totalement illisible. Impossible de se battre correctement quand on se retrouve à observer le sol depuis les entrailles du décor.
Autre problème majeur : un bug sonore récurrent qui coupe toutes les ambiances et bruitages, ne laissant plus que les sons de combat. La seule solution consiste à relancer le jeu, ce qui devient vite pénible quand le problème survient plusieurs fois dans une même session.


De plus, après une mort, certains ennemis devenaient invisibles, nous poussant à les locker afin de pouvoir connaitre leur position. Un bug que nous avons rencontré à plusieurs reprises!
Mais le plus grave reste sans doute le crash de fin de jeu : au moment d’entrer dans la zone du boss final, on s’est retrouvé dans un vide total, la map refusant de charger. Résultat : chute infinie, mort automatique, et perte d’énormes quantités d’âmes accumulées à cause d’un système de rétention mal pensé qui punit la mort en boucle.
Ajoutons à cela des passages de plateforme frustrants, des checkpoints mal placés et une physique capricieuse qui rendent certains moments inutiles et rageants — non pas parce qu’ils sont durs, mais parce qu’ils sont mal conçus.
Si AI Limit tourne globalement bien, ses bugs trop nombreux et certains choix de design maladroits gâchent l’expérience et mériteraient un gros patch correctif.
Verdict
AI Limit avait pourtant de bonnes cartes en main : un gameplay nerveux, une direction artistique stylisée et un système de combat qui incite à l’agressivité. Sur le papier, le jeu coche plusieurs cases pour séduire les fans de Soulslike. La verticalité des environnements et la volonté d’intégrer exploration et secrets témoignent aussi d’une vraie ambition.
Malheureusement, à l’usage, l’expérience laisse un goût d’inachevé. Le principal défaut vient d’un manque flagrant de challenge et d’un déséquilibre dans le système de combat, où l’on finit par enchaîner les boss sans jamais ressentir la pression ou la satisfaction d’un vrai combat âprement gagné. À cela s’ajoutent un scénario confus, une bande-son oubliable, et surtout des bugs trop présents qui cassent l’immersion et frustrent.
Proposé à 59,99 $, AI Limit reste un titre correct pour son prix si l’on cherche simplement un Soulslike plus accessible, sans grande exigence technique ni narrative. Mais pour ceux qui espèrent retrouver la tension et l’exaltation d’un Dark Souls ou d’un Sekiro, le jeu risque de décevoir.
Au final, AI Limit est un projet prometteur qui aurait mérité plus de temps de développement et de polissage. En l’état, il s’adresse surtout aux curieux et aux amateurs du genre en manque de nouveautés… à condition d’accepter ses nombreuses limites.