J’ai beaucoup de respect pour un studio comme Housemarque. Sa longue feuille de route a été ponctuée d’échecs desquels il a su se relever. Qui plus est, le développeur nous offre aujourd’hui un jeu le sortant complètement de sa zone de confort, si bien que Returnal était un pari extrêmement risqué. Or, fort heureusement pour nous, cette nouvelle exclusivité PlayStation 5 est sans aucun doute ce que Housemarque nous a proposé de meilleur à ce jour !
- Disponible sur: PlayStation 5
- Prix: 89,99$ + txs
L’horreur d’un autre monde
Returnal vous plonge dans la peau de Selene Vassos, une astronaute ayant toujours voulu fuir la Terre afin d’explorer les confins de l’espace. Malheureusement, son vaisseau s’est écrasé sur Atropos, une étrange planète qui n’a pu être colonisée en raison d’un mal ayant massacré tout sur son passage. Pire, Selene se retrouve prise au piège dans une boucle temporelle l’amenant à revivre encore et encore son périple lorsqu’elle meurt. Tout cela est sans compter le fait qu’elle est observée par un mystérieux astronaute qui semble la hanter depuis son enfance.
Le scénario de Returnal est aussi complexe que fascinant. Piégé sur Atropos, vous découvrirez peu à peu ce qui s’est passé sur cette planète tout en réalisant l’enfer dans lequel se retrouve Selene. Bien que l’histoire soit déroutante, voire même incompréhensible par endroits, on s’attache à cette malheureuse astronaute aux yeux bicolores et on désire réellement savoir pourquoi Atropos est aussi hostile envers quiconque tente de s’y établir.
Returnal risque aussi de vous déstabiliser à certains endroits tant il bifurque vers l’horreur. En fait, vous tomberez sur le cadavre de Selene afin de récupérer ses journaux vocaux, la frappant chaque fois sur les multiples dangers d’Atropos et lui faisant prendre conscience de sa descente vers la folie. Qui plus est, la maison d’enfance de Selene vous donnera droit à des séquences de jeu à la première personne issues d’un jeu d’horreur alors que vous serez témoin de phénomènes paranormaux et même de rencontres avec l’étrange astronaute.
Ainsi, si l’histoire de Returnal n’est pas toujours facile à suivre, les amateurs de romans et films empruntant à la fois les voies de l’horreur et de la science-fiction seront happés par la complexité de ce scénario parfois digne d’un livre de Stephen King !
Un jeu complexe qui n’est pas pour tous
Aussi bien le dire tout de suite: Returnal est un jeu difficile d’approche qui ne convient vraiment pas à tous les joueurs. En fait, si vous aimez les jeux faciles qui vous tiennent un tant soit peu par la main, passez votre chemin puisque le nouveau-né de Housemarque n’est pas pour vous.
Comme bien des jeux de style rogue-lite, Returnal explique très peu ses mécaniques. Il vous faudra de nombreuses heures afin de comprendre ses bases, et là encore, vous risquez de découvrir certaines subtilités ou bien des mécaniques que le jeu ne prend pas la peine de vous détailler. Hormis les contrôles de base en début de partie, vous ne retrouverez aucune explication pour vous orienter à travers les menus, options et possibilités du jeu de sorte que vous serez laissé à vous-même afin de les comprendre. Et, croyez-moi, bien que le jeu semble être facile à prendre en main, ses nombreuses mécaniques sont complexes au point de rendre le jeu difficile d’approche.
Qui plus est, Returnal est un jeu ardu dans lequel la mort est une partie intégrale de l’expérience. Certes, il s’agit du propre des jeux rogue-lite, mais Housemarque a poussé le concept un peu plus loin que certains jeux du genre. En fait, mourir n’est pas un inconvénient dans Returnal, bien au contraire. Même si ça peut être frustrant de perdre la majorité de ses acquis après plusieurs heures de jeu, vous verrez qu’il y a des avantages à recommencer une partie (ou un cycle, comme le jeu le nomme) et qu’une portion de l’histoire progresse à travers la mort. C’est par l’entremise de flashbacks ou encore de scènes — que vous ne retrouverez que lors d’une partie subséquente — que vous découvrirez les secrets d’Atropos et ceux de la vie de Selene.
De ce fait, sans mourir, non seulement le jeu ne serait pas un rogue-lite, mais son scénario ne progresserait pas de la même façon. Ça peut paraître étrange, mais vous verrez que malgré l’omniprésence de la mort, le jeu conservera votre intérêt et deviendra addictif avant longtemps !
Un rogue-lite avec une dimension d’action à point
Returnal est un jeu indéniablement prenant. S’il faut aimer le genre rogue-lite pour l’apprécier, il n’en demeure pas moins que cette exclusivité PlayStation 5 est surprenante tant elle offre un nombre de possibilités effarantes.
Chaque nouvelle partie recyclera les différentes parties d’Atropos de manière procédurale. Autrement dit, bien que vous reconnaîtrez des pièces, ces dernières seront assemblées dans un ordre aléatoire à chaque nouveau cycle. De plus, tous les objets, armes et ennemis seront aussi générés au hasard. Attendez-vous donc à ce que votre puissante arme acquise à la fin d’une partie ainsi que vos objets les plus puissants disparaissent lors d’une nouvelle partie, régénérant par le fait même le défi relevé proposé à chaque nouvel essai sur Atropos.
Or, ce qui surprend le plus au sein de Returnal, c’est à quel point le système de jeu de tir à la troisième personne est à point. Le jeu devient rapidement frénétique au point d’octroyer à Selene des mouvements rapides comme ceux de jeux tels que Bayonetta ou Devil May Cry. Vous aurez aussi à vous battre contre un grand nombre d’ennemis qui vous lanceront une tonne de projectiles à la figure. Bien souvent, et en particulier dans les combats contre les boss, Returnal devient un jeu très rythmé rivalisant avec les aventures de type bullet-hell qu’on retrouve sur le marché. Ceux aimant les jeux d’action infernaux comme ceux du studio PlatinumGames seront aussi ébahis que ravis !
La balance entre la chance et les habiletés
Comme dans bien des rogue-lite, devrez-vous compter sur la chance afin de tirer votre épingle du jeu ? Oui, mais vous verrez aussi que vos aptitudes de joueur seront autant requises.
Il est vrai qu’une bonne partie de la réussite d’un cycle repose sur la qualité des objets et armes que nous trouvons. Par exemple, si vous tombez sur de puissantes armes, de bonnes reliques ainsi que de bons parasites, il est évident que vos chances de survie seront décuplées. Malheureusement, vous n’aurez aucun contrôle sur la qualité et la fréquence d’apparition des objets, octroyant au facteur chance une place importante lors des parties.
Cependant, la chance est loin d’être le seul facteur déterminant le succès ou l’échec d’un cycle. À travers mes parties, j’ai constaté que mes habiletés de joueur étaient également fortement sollicitées au point où vous pourrez vous en sortir même si vous ne tombez pas sur des objets optimaux. Si vous êtes un habitué des jeux d’action à la troisième personne et que les jeux de type bullet-hell n’ont plus de secrets pour vous, vous partirez avec une longueur d’avance par rapport à d’autres joueurs. De plus, malgré la difficulté de l’aventure, Returnal n’est pas le pire rogue-lite sur le marché. Par exemple, un jeu comme Dead Cells représente un bien plus grand défi, n’en déplaise à ceux trouvant Returnal trop ardu.
Tout est également une question de risques et bénéfices au sein du jeu. Prendrez-vous la peine de tout explorer, quitte à tomber sur des mini-boss ou plus de combats avec des ennemis, ou bien tenterez-vous une approche en ligne droite ? Vous équiperez-vous de plusieurs parasites pouvant vous donner à la fois des avantages et handicaps ? Et oserez-vous prendre des objets ou bien ouvrir des coffres contaminés sous peine que votre armure subisse des dysfonctionnements ? La balance décisionnelle à laquelle vous devrez faire appel est omniprésente, et ce sera à vous de déterminer quels choix vous sembleront les plus avantageux, et ce, au sein de chaque partie !
Des parties trop longues pour le genre
Là où certains risquent de décrocher au sein de Returnal est au niveau de la progression. Si perdre la quasi-totalité de ses accomplissements et devoir recommencer est dans la nature même d’un rogue-lite, Returnal s’avère particulièrement cruel à ce chapitre.
Le problème est qu’une partie de Returnal peut s’échelonner sur quelques heures facilement. Alors que bon nombre de rogue-lite permettent d’avancer au sein de joutes plutôt courtes, Returnal est dans une catégorie à part puisque les parties sont assez longues. Ainsi, malgré la nature même du jeu, perdre des heures de jeu et de progression, aussi minime soit-elle, est enrageant.
Cette frustration est décuplée en raison de l’absence d’une quelconque sauvegarde. Même si je ne crois pas qu’un rogue-lite doive posséder un système de sauvegarde, le fait est que cela aurait pu être pertinent au sein de Returnal en raison de la durée des parties. C’est d’autant plus vrai que si votre console active des mises à jour automatiques ou que celle-ci s’éteint, votre partie en cours sera perdue. Même s’il est possible de laisser la PlayStation 5 en mode repos pour contourner ce problème, on n’est jamais à l’abri d’une panne d’électricité ou d’un membre de la famille qui éteindrait la console par inadvertance !
Plus de contenu qu’au premier coup d’oeil
En terminant, malgré sa complexité et ses défauts, Returnal n’en demeure pas moins un jeu avec beaucoup plus de contenu qu’il n’y paraît.
Terminer le jeu une première fois devrait vous prendre entre 15 et 25 heures, tout dépendant de vos habiletés et de la chance que vous aurez dans les cycles. Or, une fois la campagne accomplie, vous aurez l’opportunité de retourner dans chacun des mondes afin d’y trouver des dizaines d’objets spéciaux qui vous donneront accès à une fin secrète. Ce faisant, la durée de vie du jeu s’en trouve allongée, d’autant plus que chaque partie est nouvelle en soi. Et tout cela, c’est sans compter les objets à analyser ainsi que les codes extraterrestres à déchiffrer. Bref, ceux aimant tout faire en auront pour des dizaines d’heures.
Returnal propose aussi des défis quotidiens dans lesquels vous serez amené dans un monde choisi au hasard afin de compléter un objectif. Chaque action vous donnera des points et fera grossir votre multiplicateur. Voyez-le comme du jeu d’arcade au bout duquel vous pourrez comparer votre score avec celui des autres joueurs et récupérer des récompenses pour la campagne principale. Un beau mode connexe qui vous donnera de quoi retourner vers le jeu chaque jour !
Devriez-vous y jouer ?
Returnal est une belle surprise, et surtout, une exclusivité de taille pour Sony. Sans être parfait et malgré un prix élevé, il s’agit indéniablement d’une solide aventure dans laquelle tout amateur de rogue-lite devrait plonger. D’ailleurs, si vous avez l’équipement nécessaire, jouez-y avec un casque audio 3D, l’immersion n’en sera que plus complète et jouissive tant l’ambiance sonore vous donnera réellement l’impression d’être transporté bien loin de notre Terre natale.