Comment s’attaquer à des classiques sans les dénaturer ? Eh bien, disons que Nintendo ne s’est pas cassé la tête pour la compilation Mario 3D All-Stars. Reprenant intégralement trois aventures 3D de Mario issues de trois époques différentes, la firme nippone a voulu nous les faire découvrir ou redécouvrir avec très peu de changements. Voici donc un tour d’horizon de ce que contient la réunion de ces trois titres qui demeurent excellents aujourd’hui !
- Disponible sur: Nintendo Switch (jusqu’au 31 mars 2021)
- Prix: 79,99$ + txs
Une offre épurée
Super Mario 3D All-Stars ne contient aucun flafla. La compilation réunit trois jeux 3D de la franchise Super Mario et c’est ce que vous verrez en le lançant. Ainsi, à travers un menu aussi simple qu’épuré, vous pourrez jouer à Super Mario 64, Super Mario Sunshine ou Super Mario Galaxy. De courtes explications pour chacun des jeux (date de sortie, plateforme d’origine, etc.) sont aussi proposées, sans plus. À cet effet, il aurait été plaisant de retrouver des anecdotes, mini-documentaires, informations ou autres éléments historiques qui nous auraient permis d’en savoir un peu plus sur les dessous de chacun des jeux.
Par ailleurs, la bande sonore de chacun d’eux est également mise à votre disposition. Vos oreilles renoueront ainsi avec quelque 175 chansons classiques qui, bien honnêtement, font office d’une très belle musique de fond. Simplement grâce à l’écoute de ces pistes musicales, je me suis retrouvé dans le salon de mes parents alors que je partageais les aventures de Mario sans avoir autant de responsabilités qu’aujourd’hui !
Super Mario 64: l’original
Je n’étais pas très vieux lorsque Super Mario 64 et, du même coup, la Nintendo 64 furent lancés. Ayant terminé le jeu d’innombrables fois, j’avais bien hâte de voir si la version Nintendo Switch me permettrait de renouer avec mes souvenirs du début de mon adolescence.
Offerte dans cinq langues (dont le français), cette version de Super Mario 64 est un port de l’édition parue en 1996. Ainsi, si vous pensiez avoir droit aux ajouts de Super Mario 64 DS, vous devrez en faire votre deuil puisque Nintendo ne propose que le contenu de la version Nintendo 64.
En 2020, cette première aventure 3D de Mario demeure aussi accrocheuse que passionnante. J’ai repris un grand plaisir à revisiter les mondes créés par Bowser à travers le château de Peach ainsi qu’à dénicher les 120 étoiles de pouvoir disséminées dans tous les tableaux. En plus de retrouver des souvenirs d’une autre époque, j’ai pu davantage réaliser à quel point Super Mario 64 fut important pour le futur des jeux de plateformes 3D. Le brio de son design et l’originalité de chacun de ses mondes en font un jeu qui a pris peu de rides au fil des décennies.
Cependant, puisqu’il s’agit d’un port, les problèmes de l’époque demeurent encore présents. En fait, ils sont décuplés en raison des avancées réalisées depuis le milieu des années ’90. En outre, préparez-vous à vous battre contre la caméra rigide nous offrant un contrôle très limité sur les angles qu’elle nous propose. Certains mouvements de Mario sont également restreints tant au niveau de leur fluidité que de leur portée. Lorsqu’on est habitués à des jeux contemporains, il y a de quoi avoir un choc.
Autrement, le jeu n’est qu’une version avec une résolution améliorée et l’ajout du retour de force dans les Joy Con. Vous pourrez donc y jouer en 720p, mais sans un format 16:9. Les contours de l’écran demeurent donc limités par des bandes noires tandis que, pour le reste, le jeu reste très polygonal. De ce fait, vous ne remarquerez que des textures plus lisses ainsi que des couleurs plus éclatantes qu’à l’époque. Même la vue en profondeur n’a pas été améliorée, les éléments se chargeant à mesure qu’on s’approche d’eux. Encore une fois, comparativement à des jeux d’aujourd’hui, cela peut créer un choc !
Super Mario Sunshine: l’anomalie
Même si je l’ai adoré sur GameCube, Super Mario Sunshine n’a jamais fait l’unanimité. En effet, malgré son succès, les fans ont été divisés à son sujet. L’étrangeté de plusieurs de ses éléments en étant probablement la cause, Super Mario Sunshine demeure l’un des jeux les plus étranges de la franchise Super Mario.
Qu’à cela ne tienne, je suis tombé en amour avec ce jeu à l’époque de la GameCube, et je demeure un grand fan de cette aventure aujourd’hui. Certes, contrairement aux autres Super Mario, le jeu ne se centre pas autour des sauts ainsi que des costumes du plombier italien. Il faut plutôt avoir recours à un appareil nommé F.L.U.D.D. pour progresser à travers les différents mondes, réussir les casse-tête mis de l’avant, éliminer les ennemis présents un peu partout et nettoyer l’île Delfino des graffitis la cicatrisant.
Or, la créativité de Nintendo dans la conception des différents mondes à explorer ainsi que dans la résolution des défis en fait un jeu au charme indéniable. Super Mario Sunshine regorge de secrets à dénicher, la majorité exploitant ces mécaniques uniques conférées par F.L.U.D.D. Des médailles soleil secrètes sont aussi présentes un peu partout, que ce soit sur Delfino ou encore dans l’un des mondes accessibles par l’entremise de portails présents sur l’île. C’est unique et spécial, mais hautement divertissant et addictif !
En revanche, Super Mario Sunshine possède probablement certains des plus gros problèmes présents dans une aventure 3D de Mario. En outre, certains contrôles sont imprécis, notamment lorsqu’il faut sauter d’un mur à l’autre alors que ces derniers ne se font pas face. Tirer des jets d’eau avec F.L.U.D.D. n’est également pas très intuitif au départ, spécialement lorsqu’il faut viser un ennemi ou un obstacle en particulier. On s’y habitue, mais vous risquez de rager durant vos premières heures de jeu.
Par ailleurs, la caméra vous donnera envie de jeter votre manette sur un mur. Elle était problématique à l’époque et aucune amélioration n’a été apportée pour corriger cela. Sa manipulation étant parfois aussi limitée que dans Super Mario 64, attendez-vous à devoir vous battre pour simplement voir Mario dans certains environnements. Au cours de ma partie, il n’était pas rare de perdre de vue mon personnage pour la simple et bonne raison que la caméra demeurait coincée dans un mur. Enrageant au plus haut point !
Super Mario Sunshine n’est également pas un jeu plaisant à compléter à 100%. La raison: les sous bleus. Récolter les médailles soleil est un pur bonheur. Or, pour avoir droit à toutes ces médailles, vous devrez aussi obtenir 240 sous bleus bien cachés et frustrants à découvrir. À l’époque, je me souviens que plusieurs joueurs abandonnaient le défi de compléter le jeu à 100% pour cette raison. Ça risque d’être encore le cas en 2020.
Sur le plan des améliorations, Super Mario Sunshine roule désormais en 1080p avec un format 16:9. Cela permet de rendre le jeu moins flou qu’à l’époque. Les couleurs sont également plus éclatantes, les textures sont plus lisses et la modélisation des personnages est meilleure que par le passé. Cependant, je n’ai pas été ébahi par cette amélioration visuelle. Certes, on remarque le rehaussement de la résolution, mais sans plus.
Super Mario Galaxy: l’épatant
Super Mario Galaxy a une place bien à lui dans mon coeur de joueur, et ce n’est pas seulement en raison de son doublage québécois loufoque ! En 2007, je suis tombé en amour avec ce jeu et il demeure l’un de mes Mario 3D préférés.
Vous envoyant aux confins de l’espace afin de sauver Peach ainsi que les amis de la mystérieuse Rosalina, Super Mario Galaxy est un chef-d’oeuvre d’originalité et de création. À l’instar de ses prédécesseurs, chaque monde possède un thème le rendant unique. Or, le brio des casse-tête exploitant à merveille la gravité spatiale fait de Super Mario Galaxy une aventure aussi plaisante à terminer qu’à la fin des années 2000. Récolter les 120 étoiles de puissance en virevoltant dans l’espace, en jouant avec la gravité ainsi qu’en exploitant les habiletés de certains des costumes les plus originaux de la franchise Super Mario est encore aujourd’hui très addictif, parole d’un joueur ayant complété le jeu au moins une dizaine de fois !
Ainsi, vous ne serez pas surpris de constater que des trois jeux de la compilation, Super Mario Galaxy est mon préféré. Ceux n’y ayant jamais joué seront quelque peu surpris par les casse-tête se centrant autour de la gravité, plusieurs d’entre eux demandant de carrément jouer avec Mario à l’envers. Néanmoins, Nintendo s’est réellement dépassée en concevant de splendides mécaniques rendant Super Mario Galaxy accessible à tous malgré cette nouvelle façon de jouer.
Sur le plan des modifications, Super Mario Galaxy roule en 1080p. Tout comme dans Super Mario Sunshine, je n’ai pas remarqué de grandes différences par rapport à la version de l’époque à l’exception de meilleures textures ainsi qu’un effet de brouillard moins présent un peu partout. Or, ce n’est rien pour modifier considérablement ce que j’ai apprécié il y a déjà 13 ans de cela.
Autrement, Super Mario Galaxy supportait la Wii Remote à l’époque. Aujourd’hui, le jeu fait évidemment usage des Joy Con lorsqu’on joue sur une télévision afin de pouvoir bouger un curseur à l’écran. Ce dernier vous servira notamment à récolter des particules d’étoiles ainsi qu’à interagir avec des objets. Si vous jouez avec une Pro Controller, la détection de mouvement fonctionne également à merveille en bougeant la manette. En mode portable, vous pourrez utiliser l’écran tactile afin d’effectuer les mêmes actions. C’est un peu moins intuitif qu’en faisant usage des Joy Con, mais ça demeure fonctionnel. À noter que si vous perdez de vue votre curseur, vous pourrez le recentrer avec le bouton R (mode télé) ou Y (mode portable), ce qui s’avère fort utile.
Contrairement aux deux autres aventures, Super Mario Galaxy offre aussi un mode coopératif. Pour y jouer, vous pourrez prêter une Joy Con à un autre joueur, une paire de manettes supplémentaire étant évidemment nécessaire si vous y jouez sur Nintendo Switch Lite. Or, comme à l’époque, ce mode est futile. Les actions du second joueur sont tellement limitées qu’il n’éprouvera que peu, voire aucun plaisir à aider le premier joueur. Ainsi, mieux vaut considérer Super Mario Galaxy comme un jeu solo.
Une question sur les classiques et un grand absent
Voyez donc que, grosso modo, les trois jeux de l’ensemble Super Mario 3D All-Stars ne sont que Super Mario 64, Super Mario Sunshine et Super Mario Galaxy avec de meilleures résolutions. Même si on peut dénoncer Nintendo d’avoir proposé un ensemble de jeux sans réellement améliorer ces derniers, la firme japonaise a dû se dire que de revamper ces jeux avec des mécaniques contemporaines et, surtout, de nouvelles couches de peinture les auraient probablement dénaturer. Ainsi, même s’il n’y aura jamais de consensus à ce sujet, la question se pose: offrir Super Mario 64 avec l’engin d’un Super Mario Odyssey, est-ce que cela demeurerait Super Mario 64 ?
Ceci dit, il n’en demeure pas moins qu’il manque un grand jeu dans cette compilation. Vous savez autant que moi que je parle de Super Mario Galaxy 2. Même dans la rétrospective des 35 ans de la franchise Super Mario, Nintendo a omis de mentionner le second Super Mario Galaxy. Pourquoi ? Je vous avoue que je ne me l’explique pas. Oublier ce jeu de telle façon, c’est lever le nez sur le travail exceptionnel des développeurs de l’époque, d’autant plus que Super Mario Galaxy 2 est encore meilleur que son prédécesseur.
Ainsi, même si Nintendo pourra corriger le tir en le proposant d’une autre façon, l’absence de Super Mario Galaxy 2 de Super Mario 3D All-Stars est aussi incompréhensible que désolante.
Devriez-vous l’acheter ?
Pensez-en ce que vous voulez, mais les trois jeux de Super Mario 3D All-Stars demeurent excellents. La magie à l’origine du plaisir présent dans chacun de ces titres fait en sorte que Super Mario 3D All-Stars peut être recommandé sans hésitation, et ce, même si on aurait pu souhaiter davantage de chair autour de l’os.
À noter qu’Amazon a déjà annoncé que la compilation est parmi ses meilleurs vendeurs de 2020 avant même sa mise en marché et certains détaillants ont stoppé, voire annulé leurs précommandes tant la demande est forte. Assez incroyable de constater que la magie Mario opère toujours aussi puissamment, et ce, après 35 ans !