J’ai des souvenirs aussi positifs que précis de Kingdoms of Amalur: Reckoning. Y ayant joué des dizaines et des dizaines d’heures sur ma vieille Xbox 360, je n’ai pu que me réjouir de savoir qu’une réédition du jeu paraîtrait en 2020 grâce à THQ Nordic et le studio Kaiko. Or, le passage du temps a-t-il assombri ce jeu m’ayant marqué au début des années 2010 ?
- Disponible sur: Xbox One, PlayStation 4, PC
- Prix: 39,99$ + txs
Le guerrier sans destin dans un riche univers
Kingdoms of Amalur: Reckoning vous plonge dans la peau d’un guerrier ou d’une guerrière décédé(e) sur le champ de bataille. En effet, une immense guerre a plongé les royaumes d’Amalur dans un conflit qui s’éternise. Ayant reçu un coup fatal, vous vous réveillez dans un puits d’âmes grâce aux expériences d’un mystérieux Nain. Rapidement, vous devrez reprendre les armes alors que votre destin s’est évaporé. Vous êtes désormais sans destinée, libre d’aider les royaumes d’Amalur ou d’y semer le chaos.
Rédigé de main de maître par l’auteur à succès R.A. Salvatore, Kingdoms of Amalur: Reckoning est un univers massif et extrêmement riche. Si vous aimez les mondes fantastiques remplis de races, de magie et d’épées, vous tomberez en amour avec celui d’Amalur. De paysans qui vous feront part de leurs observations jusqu’à des livres ainsi que des parchemins à lire en passant par des pierres magiques partageant les récits des différentes parties des royaumes, vous découvrirez un monde unique dans lequel on se laisse facilement envelopper.
En revanche, il y a tellement d’informations que les quêtes proposées en deviennent quelconques. En fait, vous verrez que rapidement, la mission principale prendra une place secondaire et que vous ne vous souviendrez même plus de la raison pour laquelle vous voyagez à travers Amalur. On parle à tant de personnages, on lit tant de choses et on accomplit tant de quêtes secondaires que, bien vite, l’histoire du jeu devient totalement diluée à travers cet océan de données.
À vous la liberté !
Une fois le didacticiel terminé, vous serez libre d’aborder le monde d’Amalur comme vous le voudrez. Ainsi, vous pourrez aller où bon vous semblera, accepter des centaines et des centaines de quêtes dans l’ordre que vous voudrez et chercher des trésors un peu partout à travers un monde ouvert dans lequel on ne vous restreindra pas. Mieux encore, tout comme dans la série The Elder Scrolls, vous pourrez être bon ou bien méchant. Vous voulez être un saint en aidant votre prochain et en ne volant pas ? Vous le pouvez. Vous désirez plutôt être cruel en volant dans les coffres ainsi que dans les maisons, en plus de massacrer tout ce qui bouge, dont de simples citoyens ? Vous le pouvez. La liberté vous est offerte, à vous d’en faire ce que vous voulez !
Bien entendu, puisqu’il s’agit d’un jeu de rôle, votre personnage pourra accumuler les éléments classiques de ce genre de jeu. En outre, expérience, or, armures et armes vous accompagneront tout au long de votre périple. Votre héros pourra quant à lui utiliser les armes, armures et habiletés de trois classes, soit le guerrier, l’assassin et le mage. À vous de choisir comment vous voudrez aborder votre aventure, que ce soit en vous spécialisant dans l’une des classes ou bien en mixant les éléments de ces dernières. Comme je le mentionnais, à vous de maximiser cette liberté d’action comme vous le voulez !
Ceci dit, il n’en demeure pas moins que le jeu de base a déjà plus de huit ans. Même s’il demeure hautement divertissant et addictif, les signes d’âge transparaissent. En outre, les menus n’ont pas été retravaillés, nous laissant avec une navigation archaïque dans les différentes options proposées. Qui plus est, tous les systèmes du jeu datent, et bien des titres ont fait mieux depuis huit ans, qu’on pense simplement à un système de moralité, totalement absent dans Kingdoms of Amalur, alors qu’il aurait eu sa place. En fin de compte, c’est en jouant à cette réédition qu’on se rend compte à quel point les jeux vidéo ont progressé au cours des dernières années.
Des combats arcade avec des problèmes du passé
Au cours de votre aventure, vous explorerez énormément afin de dénicher des trésors ainsi que des secrets un peu partout. Mieux encore, une habileté à améliorer vous encouragera à revenir dans des environnements déjà explorés afin d’en extirper les moindres secrets.
Or, à l’extérieur de l’exploration, vous combattrez en temps réel. Les royaumes d’Amalur regorgent de créatures malfaisantes et de tueurs sanguinaires qui vous attaqueront à vue. Dès lors, selon votre façon de jouer, vous pourrez les affronter de différentes façons grâce à un système de combat de style arcade hautement divertissant.
Ainsi, même si chaque type d’ennemi attaque à sa façon, vous ne vous casserez pas la tête en combattant. Le jeu emprunte un style de combat dans lequel il faut frapper avec un bouton d’attaque puis chercher à bloquer ou esquiver. Vous pourrez aussi remplir une jauge qui, une fois pleine, vous permettra de doubler votre puissance d’attaque et d’extirper les âmes des adversaires afin d’avoir des bonis d’expérience. Ce système de combat à mi-chemin entre le jeu de bastion d’arcade et le jeu de rôle en temps réel conventionnel était on ne peut plus intéressant en 2012. Il l’est toujours en 2020.
Ceci dit, les problèmes de l’époque n’ont pas été corrigés dans cette réédition. Par exemple, il demeure impossible de viser des ennemis lorsqu’on effectue des attaques de mêlée, rendant par le fait même nos coups très imprécis. Même lorsqu’on vise en attaquant à l’arc ou à la magie, le jeu sélectionne automatiquement un ennemi sans que ce soit nécessairement celui qu’on voulait frapper. Suivant tant bien que mal notre personnage, la caméra pose aussi son lot de difficultés. En outre, elle a tendance à trop se rapprocher lorsqu’on fait face à un ennemi, ou bien à trop s’éloigner lorsqu’on est encerclés. Disons que ces problèmes cicatrisent le plaisir des combats.
Un modèle de remastérisation à ne pas suivre
Pour cette réédition, THQ Nordic avait promis d’apporter des améliorations sur les plans techniques de Kingdoms of Amalur. En vérité, ne vous attendez pas à être ébahis.
Visuellement, les améliorations notables sont le support du 4K ainsi qu’une meilleure fluidité. Néanmoins, même si le jeu roule à 60 images par seconde la plupart du temps, j’ai remarqué des ralentissements de temps à autre qui survenaient aux mêmes endroits que dans l’édition de 2012. Du reste, on a à peine retravaillé les modèles de personnages ainsi que les textures. Vous remarquerez donc beaucoup de personnages polygonaux et des environnements aux textures similaires à celles d’il y a huit ans. Ce n’est pas laid, mais ce n’est pas actuel non plus.
Même constat au niveau sonore. Le doublage est excellent, que vous décidiez d’y jouer en anglais ou en français intégral. La musique colle quant à elle à la perfection à l’ambiance fantastique du jeu, nous immergeant davantage dans chacun des environnements. Toutefois, le bruitage laisse fortement à désirer. On a importé les bruits de l’édition 2012 enregistrés en format MIDI, créant ainsi un décalage auditif avec tout le reste. Pour vous en rendre compte, attendez simplement d’entendre les bruits de pots brisés étouffés par cette vieille technologie sonore. Un beau voyage dans le temps auditif qui n’est pas des plus agréables !
Re-Reckoning possède également son lot de bogues. Malgré quelques délais justifiés par ces soucis, Kaiko n’est pas parvenu à les éliminer. Personnellement, j’ai surtout expérimenté des bogues mineurs comme des sacs de butin qu’il m’était impossible de ramasser ou des membres de personnages que je voyais se désarticuler. Néanmoins, ma partie a planté quelques fois et il m’est arrivé de voir mon personnage se téléporter à l’extérieur d’un combat sans raison. Bref, il reste du travail à faire du côté des développeurs pour assainir le jeu.
Un immense jeu bien rentabilisé
Avant de conclure, petit mot sur la durée de vie du jeu. Si vous ne vous concentrez que sur la quête principale et ses ramifications, vous en aurez pour 30 à 40 heures de jeu. Or, commencez à accepter les innombrables quêtes secondaires, les tâches et les quêtes de faction et vous verrez la durée de la campagne doubler, voire tripler. Commencez aussi à explorer et à chercher les secrets d’Amalur et vous aurez un jeu qui dépassera facilement la centaine d’heures. Je vous le répète: cet univers est massif et la durée de vie est conséquente.
À cela, il faut ajouter tout le contenu des extensions du jeu original, dont Teeth of Naros et Dead Kel. Concrètement, cela vous ajoutera quelques dizaines d’heures de jeu supplémentaires. Qui plus est, l’an prochain, une nouvelle extension viendra ajouter du contenu encore jamais vu.
Pour une quarantaine de dollars, disons simplement que vous rentabiliserez aisément votre investissement !
Devriez-vous y jouer ?
Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning a beau posséder des mécaniques archaïques, cet univers m’a encore piégé dans son filet. Même si j’ai investi un grand nombre d’heures dans cette aventure en 2012, j’y suis replongé tête première et j’ai eu autant de plaisir qu’à l’époque. Certes, en tant que remastérisation, Kingdoms of Amalur: Re-Reckoning n’est pas impressionnant, mais comme jeu, il demeure excellent.
Désormais, mon souhait est que cette réédition ait du succès et permette à THQ Nordic d’envisager au moins une suite. Cet univers a le potentiel de transformer un seul jeu en une série. Espérons que ce sera le cas !