Nintendo finira-t-elle par relancer le meilleur Paper Mario à ce jour ? C’est une question m’ayant taraudé depuis au moins une dizaine d’années. Chaque Nintendo Direct me donnait l’espoir de revoir cette aventure de l’époque de la GameCube ayant marqué le jeune adulte que j’étais. Or, mon souhait fut exaucé cette année et c’est avec un enthousiasme débordant que j’ai replongé dans la fameuse quête de Mario le menant à ouvrir une sombre porte millénaire.
- Disponible sur: Nintendo Switch
- Prix: 79,99$ + txs
Beaucoup de lecture dans un Mario plus sombre qu’il n’y paraît
Si vous n’avez jamais joué à Paper Mario: The Thousand-Year Door, dites-vous bien qu’il s’agit du meilleur Paper Mario à ce jour. En fait, il s’agissait du second jeu de rôle de la série avant que celle-ci délaisse le côté jeu de rôle au profit de Mario & Luigi. Depuis, la franchise Paper Mario s’est perdue en empruntant différents genres dont les résultats furent mitigés.
Plonger ou replonger dans Paper Mario: The Thousand-Year Door, c’est s’ennuyer de ce qui faisait le charme de cette série de jeux de rôle. En effet, le jeu met de l’avant un éventail de personnages tous plus sympathiques les uns que les autres alors que Mario débarque au Port Lacanaïe pour y rencontrer la princesse Peach. Cette dernière fut une fois de plus kidnappée par une sombre organisation dont l’objectif est d’ouvrir une porte millénaire renfermant un grand pouvoir. Or, cette puissance servira-t-elle à sauver le monde ou plutôt à le détruire comme il y a mille ans ?
Certes, la base du scénario de Paper Mario: The Thousand-Year Door est classique. Après tout, on repart à la chasse de Peach et on doit une fois de plus sauver le monde. En revanche, le jeu met de l’avant un humour nous attachant à chacun des personnages croisant notre route. Qui plus est, le ton de l’aventure prend des tournures sombres comme on en a rarement vues dans un jeu Mario. Comme à l’époque, le jeu parvient à nous faire traverser toute une gamme d’émotions grâce à des retournements de situations aussi imprévisibles que poignantes.
Ceci dit, attendez-vous à lire beaucoup, beaucoup de textes. Bien entendu, cela fait un peu partie de l’ADN d’un jeu de rôle, mais Paper Mario: The Thousand-Year Door n’en demeure pas moins très garni en terme de dialogues, peut-être même un peu trop. Non seulement sommes-nous un peu trop pris par la main à certains endroits, mais certains échanges n’en finissent plus et auraient clairement pu être raccourcis. Disons que, comme Mario, il arrive qu’on bâille d’ennui en écoutant certains personnages se trouvant un peu trop intéressant.
Une recette gagnante pratiquement similaire
À la base, Nintendo et Intelligent Systems n’ont pas modifié la recette du jeu original. Si on peut parler d’un remake, l’édition Nintendo Switch de Paper Mario: The Thousand-Year Door est grosso modo le même jeu que sur GameCube.
En combat, le jeu emprunte des mécaniques au tout premier Paper Mario ainsi qu’à son aïeul Super Mario RPG. Vous devrez appuyer sur un bouton d’action ou encore effectuer certaines manoeuvres simples pour vous protéger ou bien accentuer votre puissance d’attaque. Mario pourra non seulement sauter sur ses ennemis, mais aussi utiliser son marteau, certains adversaires exigeant d’ailleurs que vous employiez l’une ou l’autre de ces attaques.
Outre Mario, vous pourrez utiliser les actions de partenaires. Ceux-ci auront accès à des techniques uniques pouvant vous donner un coup de main vital tant à l’offensive qu’à la défensive. Encore une fois, tout dépend de votre style de jeu et de l’adversaire auquel vous ferez face. Par exemple, Goombella pourra sauter sur des ennemis et les analyser tandis que Koops ne craindra pas les pointes acérées en attaquant avec sa carapace.
Par ailleurs, le jeu remet de l’avant le système de badge. En effet, contrairement à bien des jeux de rôle, la puissance de Mario et de ses partenaires n’augmente pas à chaque niveau acquis. Vous aurez plutôt le choix d’accentuer les points de vie, les points de fleurs (ou d’attaques spéciales si vous préférez) ou bien les points de badge du héros moustachu. De ce fait, la puissance de Mario et ses acolytes se développera davantage par l’entremise des badges qu’en montant simplement de niveau.
Au total, le jeu permet de découvrir 86 badges, soit un de plus que dans la version GameCube. Chaque badge coûtera un certain nombre de points pour être équipé, faisant en sorte qu’il est crucial d’augmenter ses points de badge lorsqu’on monte de niveau. Or, si certains badges sont indéniablement plus puissants que d’autres, leur diversité permet de se construire des personnages (ou des builds) aussi intéressants que différents. Internet regorge de builds qui modifieront considérablement votre façon d’aborder les défis du jeu. À vous de voir comment vous jonglerez avec ces 86 possibilités !
Le plaisir d’explorer malgré des irritants d’il y a 20 ans
Au-delà des combats, c’est l’exploration qui a fait de Paper Mario: The Thousand-Year Door le classique qu’il fut. En effet, les combats ont beau offrir une simplicité à la hauteur du plaisir qu’ils procurent, c’est à l’extérieur de ceux-ci que vous retrouverez une bonne dose du bonheur offert par The Thousand-Year Door.
Le jeu permet de visiter une variété d’environnements diversifiés, tous ayant leur lot de personnages colorés auxquels parler. D’un village dans un arbre à une ville flottante axée sur les combats dans une arène à un sombre village ne voyant jamais la lumière du soleil, The Thousand-Year Door vous fera vivre une belle épopée grâce à ses décors uniques. Et cela, ce sera sans compter des interludes lors desquels vous contrôlerez Peach et Bowser, le roi des Koopas étant d’ailleurs la vedette de magnifiques niveaux calqués sur le tout premier Mario !
Chaque environnement renfermera son lot de secrets et de trésors à découvrir. En plus de pièces étoiles pouvant être monnayées contre de puissants badges, vous découvrirez des objets ainsi que des personnages cachés. Mieux encore, tout au long de l’aventure, Mario et ses partenaires débloqueront des techniques pouvant ouvrir de nouveaux passages et donner accès à plus de secrets. Par exemple, Mario pourra rouler sur lui-même pour passer dans des crevasses, se transformer en bateau pour naviguer sur de petits cours d’eau ou bien détruire des blocs à l’aide de marteaux de plus en plus puissants. De même, ses acolytes pourront souffler des morceaux de papier cachant des secrets ou lui permettre de flotter pour passer au-dessus de fossés.
Toutes ces techniques encouragent à revenir vers des environnements déjà explorés pour dénicher les moindres secrets s’y renfermant. C’est particulièrement le cas dans les sous-sol de Port Lacanaïe, véritable labyrinthe où se trouvent une quantité conséquente de secrets.
Or, Nintendo a pensé à simplifier l’exploration grâce à deux ajouts. Ainsi, en appuyant sur L, vous aurez accès à la roue des partenaires et pourrez ainsi changer d’allié à tout moment. Puisqu’on doit régulièrement le faire afin de tirer profit de leurs habiletés, c’est beaucoup plus agréable que de passer par un menu comme à l’époque de la GameCube. Autrement, le jeu contient une nouvelle pièce renfermant des raccourcis vers chacun des mondes explorés. L’exploration du monde s’en trouve facilitée et beaucoup plus agréable, d’autant plus que certaines quêtes secondaires exigent leur lot de va-et-vient.
Toutefois, malgré ces améliorations, des irritants de la version originale demeurent présents. En outre, le rythme du jeu demeure lent ce qui, couplé au lot effarant de dialogues, pourrait en lasser plusieurs. De plus, bien des quêtes secondaires sont ennuyantes puisqu’elles n’exigent que d’aller porter certains objets à des personnages ou à effectuer des va-et-vient traînant leur complétion en longueur. D’ailleurs, même dans la quête principale, le jeu exige parfois d’effectuer des allers et retours qui sont lassants. Ce sont des vestiges de l’époque que, malheureusement, Nintendo n’a pu que colmater à défaut de les corriger.
Un jeu plus facile…en apparence
En plus d’améliorations du côté de l’exploration, Nintendo a apporté d’autres modifications par rapport au matériel d’origine. Si certaines d’entre elles donnent l’impression de rendre le jeu plus facile, The Thousand-Year Door n’en demeure pas moins un jeu offrant un bon défi par moments.
Ainsi, Nintendo a accentué le nombre d’objets que peut porter Mario pour les faire passer de 10 à 15. De plus, le plombier peut transporter jusqu’à 9 999 pièces d’or alors que le maximum était fixé à 999 dans l’édition GameCube. Techniquement, ces deux éléments rendent le jeu plus facile, mais leur impact ne modifie pas tant que cela la difficulté du jeu.
Si The Thousand-Year Door est un jeu de rôle plutôt facile dans le genre, certaines portions de l’aventure vous mettront davantage au défi. Cela est notamment dû au fait que grosso modo, Mario et ses acolytes ne sont pas des machines de guerre. Les points de vie ou de techniques spéciales sont limités et, à la base, aucun personnage ne frappe spécialement fort. C’est pourquoi il faut bien jouer avec ses badges selon le style qu’on désire adopter. Autant vous pouvez vous construire un Mario risqué avec peu de points de vie, mais une puissance monstrueuse, autant vous pouvez aussi vous créer un Mario plus faible, mais avec beaucoup de vitalité. Voyez donc qu’au-delà du jeu comme tel, vous pouvez vous-même vous créer votre propre défi selon la façon dont vous investirez dans votre équipe.
Par ailleurs, le jeu contient encore des défis en extra dans les 40 heures et plus qu’il vous prendra pour être complété. Le donjon aux cent étages est de retour et Nintendo a ajouté deux boss optionnels en post-campagne si vous désirez vous mesurer à des ennemis de taille. The Thousand-Year Door est donc un jeu bien fourni qui, en plus, exigera aux complétionnistes de tout voir et tout affronter s’ils désirent remplir les nouvelles galeries visuelles et auditives que Nintendo a ajoutées.
Une magnifique réédition
Bien entendu, qui dit réédition dit améliorations techniques. La version Nintendo Switch est donc beaucoup plus jolie que celle de l’époque grâce à des couleurs bien plus éclatantes. On a aussi rehaussé “l’effet papier” en ajoutant quelques petites animations et effets ici et là. En bout de ligne, on a droit à un magnifique jeu qui comblera vos iris. Toutefois, alors que l’édition GameCube roulait à 60 images/seconde, la version Nintendo Switch ne parvient qu’à faire du 30 images/seconde. C’est incompréhensible, mais bien franchement, cela n’a absolument aucun impact sur la beauté du jeu et encore moins sur le plaisir qu’on en retire tant on remarque à peine cette baisse du taux d’images par seconde.
Autrement, la bande sonore fut également rehaussée. On a rajouté des instruments pour chaque musique du jeu et on a fortement amélioré leur qualité, spécialement au niveau des graves. Nintendo a également ajouté quelques petits effets sonores, dont des cris pour Mario et Bowser. À noter que si vous désirez jouer avec l’ambiance audio de la GameCube, le 86e badge offre cette option. Un beau petit clin d’oeil au matériel d’origine !
Devriez-vous y jouer ?
Plusieurs considèrent Paper Mario: The Thousand-Year Door comme le meilleur Paper Mario à ce jour. Avec cette réédition, on comprend pourquoi. Certes, le jeu conserve des irritants de l’époque, mais il n’en demeure pas moins un solide jeu de rôle traversant le temps avec brio. Qui plus est, Nintendo a apporté de belles modifications qui permettent d’avoir non seulement droit à un magnifique jeu, mais aussi de rendre l’exploration de ses environnements un peu moins lassante qu’à l’époque.
Même si The Thousand-Year Door ne sera pas la surprise frappante de l’époque, ça n’en demeure pas moins une belle réédition dont le seul regret s’en dégageant est que sa recette gagnante ait été perdue au fil des décennies suivantes.
Points forts:
- Une aventure aussi humoristique que sérieuse nous faisant vivre toute une gamme d’émotions
- Un système de combat simple et fonctionnel pour s’initier aux jeux de rôle
- Les badges permettent de se construire des builds diversifiés
- Magnifique refonte à la fois visuelle et auditive
Points faibles:
- Beaucoup trop de va-et-vient
- Des dialogues qui n’en finissent plus
- Rythme lent, spécialement dans la première moitié de l’aventure
Note: 17 sur 20