Spotted : la drague au temps de Facebook

Le nouveau phénomène web crée davantage de malaises que de rapprochements.

Le concept Spotted s’apparente aux petites annonces de drague qu’on trouvait autrefois dans certaines publications, et plus récemment dans le journal Métro (voir le très populaire Métro Flirt). Vous avez été chaviré par le regard d’une belle inconnue à la cafétéria des HEC? Vous craquez pour le grand timide qui s’assoit toujours au fond de la classe dans votre cours de Métho? Spotted peut vous aider. Rédigez un court message dans lequel vous décrivez l’objet de votre émoi et les circonstances dans lesquelles vous l’avez aperçu («spotted», en anglais), envoyez-le à l’administrateur de la page Spotted de votre institution scolaire, et il sera publié anonymement dans les heures qui suivent. Vous n’avez plus qu’à espérer que l’Élu(e) se reconnaisse et se manifeste en commentant votre message.

Cet outil de drague, qui aurait été créé fin 2012 par des étudiants britanniques souhaitant s’amuser un peu durant les longues périodes d’étude à la bibliothèque, semble bien inoffensif. Malheureusement, tout phénomène social sur le Web est susceptible de dégénérer…

Les dérives de Spotted

La grande majorité des pages Spotted québécoises sont liées à des institutions collégiales et universitaires, et les écoles secondaires sont de plus en plus nombreuses à suivre la tendance. Puisque c’est l’anonymat des utilisateurs qui explique en grande partie le succès de ces pages, les propos à caractère malveillant n’ont pas tardé à apparaître : intimidation, rumeurs portant sur des professeurs, attaques gratuites, etc.

Vulgarité, misogynie, propos diffamatoires, vengeances personnelles, le tout dans un français plus qu’approximatif. Et tout ce beau monde se roule là-dedans comme des cochons dans la fange.

La Commission scolaire de Montréal a même dû intervenir en lançant une campagne de sensibilisation au phénomène destinée aux directions scolaires et aux élèves. Depuis, plusieurs directions assurent une vigie de ce qui est publié sur la page Spotted de leur établissement. C’est notamment le cas de l’École Georges-Vanier dans Villeray, qui publiait sur sa page Facebook officielle, le 10 avril dernier, le message suivant : «Des pages “spotted” ont été créées par des élèves de certaines écoles secondaires. Ces pages permettent de s’exprimer librement, mais il faut le faire dans le respect des autres : le code de vie de l’école s’applique et, dans certains cas, des sanctions pourraient être appliquées. Les créateurs de ces pages et tous ceux qui y contribuent sont responsables des commentaires mis en ligne.»

Mais voilà, le concept Spotted n’est plus limité aux communautés étudiantes. S’il est relativement aisé de surveiller ce qui se dit sur la page Spotted d’une institution scolaire, il est beaucoup plus difficile, voire impossible, de contrôler ce qui se trouve sur celle d’une ville, d’un réseau de transport en commun ou d’un type de commerce.

Spotted STM, Spotted dans un club à Montréal, Spotted au royaume des provocateurs analphabètes

Reconstitution dramatique
Reconstitution dramatique

Je mentirais si je disais que je n’ai pas pris un certain plaisir (ok, un plaisir certain) à rédiger ces faux messages Spotted. Ce qui est moins drôle, c’est qu’ils représentent parfaitement ce qu’on peut trouver sur certaines pages, notamment Spotted STM et Spotted dans un club à Montréal. Si certains continuent d’utiliser le médium afin de lancer un appel à une personne qui leur plaît, la plupart des membres propagent des messages injurieux visant à faire rire les autres. Vulgarité, misogynie, propos diffamatoires, vengeances personnelles, le tout dans un français plus qu’approximatif. Et tout ce beau monde se roule là-dedans comme des cochons dans la fange.

Pire encore, la publication de photos peu flatteuses sans le consentement des personnes concernées (et qui consentirait, je vous le demande, à ce qu’on publie une photo prise dans un moment de disgrâce?), qui constitue une violation du droit à l’image. Mais comment, dans ce contexte d’anonymat total, retracer le petit plaisantin -pour le dire poliment- qui s’est ainsi amusé à vos dépens, une fois mis au parfum de ses actions? Bien sûr, Facebook rappelle qu’il est possible de signaler tout contenu contrevenant à ses politiques, mais encore faut-il s’armer de patience, la machine étant trop grosse pour gérer rapidement ce genre de situations.

Dans le doute, deux conseils : tenez-vous loin des clubs comme le Moomba et le Copacabana, et priez pour que votre mine de déterré du lundi matin ne fasse pas les frais des railleries des utilisateurs des transports en commun.

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