«L’enquête que nous demandons doit analyser l’ensemble des problèmes informatiques au gouvernement du Québec, en déterminer les causes, en identifier les composantes et entreprendre un débat public pour résorber ce problème récurrent de fiascos informatiques», déclare Lucie Martineau, présidente générale du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ). «Le recours aux sous-traitants pour des travaux récurrents en informatique, comme le soutien aux usagers par exemple, coûte deux fois plus cher en moyenne que le personnel à l’interne. Le gouvernement cherche de l’argent, on lui dit qu’il y a dans ses projets informatiques une source importante d’économies à condition de mettre fin au gaspillage.»
«Le gouvernement doit aussi s’intéresser davantage à l’univers des logiciels libres […] pour diminuer sa dépendance aux grandes firmes et devenir propriétaire de ses logiciels.»
Selon le collectif, qui regroupe 16 organisations civiles dont la Fondation pour l’appropriation collective de l’informatique libre (FACIL), les pratiques dénoncées dans les médias au fil des ans sont demeurées inchangées : absence de concurrence, présence des mêmes firmes qui se séparent la majorité des contrats publics, dépassements de coûts, retards dans les échéanciers de livraison et dépendance du gouvernement envers les firmes privées. Aux yeux du collectif, certains stratagèmes collusoires dévoilés par les médias et sur lesquels l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a enquêté prouvent que la collusion fait bel et bien partie du problème informatique au sein du gouvernement provincial, dénoncé par le groupe.
Le collectif propose ainsi l’instauration d’un processus d’enquête publique le plus rapidement possible. Peu importe sa forme, celle-ci doit :
- être indépendante, rigoureuse, large et ouverte à tous;
- offrir une protection réelle pour les employés de l’État qui voudraient signaler des irrégularités;
- permettre aux entrepreneurs de rapporter des stratagèmes collusoires.
«Toute forme de représailles envers le divulgateur d’actes répréhensibles doit être empêchée dans le cadre de l’enquête demandée», ajoute Richard Perron, président du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ). «Il en va de même pour l’adoption d’une législation québécoise claire, précise, concise, amplement diffusée et ayant une portée très large dans le domaine de la protection des divulgateurs, autant dans le secteur public que le secteur privé. Cette législation se fait d’ailleurs cruellement attendre.»
Le logiciel libre comme principale avenue
On propose également que l’enquête se penche sur le mode de gestion à mettre en place afin d’éviter que la perte de contrôle sur les dépenses en technologie de l’information perdure. Essentiellement, il est impératif de s’assurer de conserver un haut niveau d’expertise au sein du gouvernement pour éviter qu’il ne devienne dépendant d’un seul et même fournisseur, et de permettre aux PME de soumissionner sur les projets gouvernementaux.
«Le gouvernement doit aussi s’intéresser davantage à l’univers des logiciels libres, en raison des coûts, oui, mais également pour diminuer sa dépendance aux grandes firmes et devenir propriétaire de ses logiciels», souligne Fabien Rodriguez, président de FACIL. «Le temps des mesures cosmétiques est terminé, c’est un véritable chantier pour identifier les problèmes et les solutions novatrices qui doit être entrepris.»
Rappelons qu’en octobre dernier, le Parti libéral du Québec a dévoilé la stratégie numérique que le gouvernement de Philippe Couillard compte mettre en œuvre. Parmi les grandes lignes de celui-ci, il a été question d’adopter «une pondération favorisant le logiciel libre et le logiciel élaboré au Québec lorsqu’ils sont disponibles».