Peu attendu, Far Cry 3 a tellement étonné lors de sa sortie que sa courbe de vente a été très inhabituelle pour un jeu vidéo. Alors que le gros des ventes se fait généralement durant les premiers jours ou semaines après la sortie d’un jeu allant decrescendo, le contraire a été observé à l’époque : elles ont d’abord été faibles, pour monter et s’envoler dans les semaines suivantes.
L’épisode antérieur ayant eu son effet, Far Cry 4 est donc promis à un beau succès dès son lancement. Bien que nous l’avons officiellement testé sur Xbox One, ayant essayé le jeu sur PlayStation 4, rien ne différencie les deux versions visuellement.
Scénario
Le scénario se révèle au final trop classique et sans surprise. Il repose trop grandement sur Pagan Min, dont la folie transpire à chaque instant.
Pagan Min règne sans partage sur le Kyrat, un pays situé dans l’Himalaya. Ayant rallié le Sentier d’Or, un groupe organisé qui lui résiste, vous allez lutter pour devoir ramener la paix dans votre pays d’origine.
Je ne dis rien parce que dès le début l’histoire commence très fort. Le scénario réserve bien sûr des rebondissements, notamment en ce qui concerne vos liens avec ce pays et quelques personnages clés. Mais il se révèle au final trop classique et sans surprise. Il repose trop grandement sur Pagan Min, dont la folie transpire à chaque instant. Ses tirades, ses actes, son comportement – le personnage a été extrêmement travaillé pour en faire un psychopathe qui verse dans la démesure. Résultat, on attend surtout chaque apparition de l’antagoniste, capable de déblatérer sa philosophie tout en prenant le temps de tuer de sang-froid.
Jouabilité
Comme pour ses prédécesseurs, Far Cry 4 offre un monde ouvert vous lâchant sur une immense région où vous allez où bon vous semble, grâce à de nombreux véhicules. Quad, pick-up, voitures, bateaux, delta plan, hélicoptère et même à dos d’éléphant, le jeu vous laisse une liberté totale.
Outre les missions principales, les missions secondaires se comptent par dizaines. Si elles consistent la plupart du temps à chasser ou se battre, les missions principales offrent une variété de l’action, surtout que Pagan Min à quelques activités illégales dont il faudra s’occuper, notamment le trafic d’opium.
Chevaucher un éléphant et attaquer un village est vraiment jouissif : l’animal saccage tout, fait voler des véhicules avec sa trompe, qui vont ensuite s’écraser sur les ennemis, lorsqu’ils n’ont pas été piétinés.
Pour déverrouiller toutes les parties de la carte du jeu, il faudra comme d’habitude escalader et pirater des tours, et prendre des villages clés pour débloquer des missions secondaires et endroits à explorer.
La jouabilité issue de Far Cry 3 n’a donc pratiquement pas changé. Le jeu offre le choix continuel entre infiltration ou passer en force. S’il est désormais possible de tirer conduisant, on atteint rarement sa cible, sauf lorsqu’elle est pile en face. L’arc va demander pas mal d’entraînement au début pour le maîtriser. Par contre, chevaucher un éléphant et attaquer un village est vraiment jouissif : l’animal saccage tout, fait voler des véhicules avec sa trompe, qui vont ensuite s’écraser sur les ennemis, lorsqu’ils n’ont pas été piétinés. L’utilisation des grappins plus poussée permet d’accéder à de nombreuses zones en hauteur et évite parfois les longues explorations pour trouver le point où monter.
Malheureusement, Far Cry 4 hérite de l’un des principaux défauts du troisième de la série : la recharge de notre arme est si lente que notre énergie baisse rapidement lorsqu’on essuie les tirs ou les attaques d’animaux. On tombe alors dans ce cercle vicieux : on déclenche sa médecine avant d’avoir fini de recharger, on recharge à nouveau (très lentement), on est obligé de se soigner avant d’avoir terminé. Bref, vaut mieux fuir et se trouver rapidement un abri au risque de répéter trop souvent ce scénario.
D’ailleurs, il est également dommage lorsque l’on meurt de réapparaître dans le village le plus proche (qui se retrouve plutôt éloigné dans la plupart des cas). On est alors obligé de rallier le point à nouveau, ce qui fait perdre du temps.
Un jeu difficile, surtout au début
Attention cependant, Far Cry 4 a beau être totalement ouvert et proposer une grande richesse de jeu, il n’en demeure pas moins difficile, surtout au début du jeu. Si vous voulez juste prendre du plaisir avec un jeu déjà suffisamment long, mettez-le en mode facile. La difficulté moyenne est déjà un peu difficile, et le mode difficile l’est même trop et doit être pris comme un défi. Il est impossible de se lancer dans l’aventure avec son pistolet de base et sa Kalashnikov, même en mode facile. Vos armes ne seront pas assez puissantes, vous manquerez très vite de munitions, et vous mourrez indubitablement dans la plupart des cas.
Pour s’en sortir, il faudra commencer à libérer des tours pour débloquer des armes intéressantes comme un fusil de sniper avec silencieux, puis confectionner vos équipements avec des peaux d’animaux qu’il faudra aller chasser. D’ailleurs à ce sujet, leur niveau de difficulté et ce qu’il en faut pour les tuer est parfois abusif. Le ratel par exemple demande pratiquement un chargeur de Kalashnikov tout en vous infligeant de gros dommages, c’est exagéré. En plus, les animaux ont tendance à un peu trop vous attaquer. Essentiellement, dès le début du jeu, il faut éviter de se lancer dans l’aventure, mais se constituer un équipement digne de ce nom, et posséder plusieurs armes afin de pouvoir enfin se mesurer d’égal à égal.
Mode multijoueur en ligne
À la moindre alerte, vous aurez droit aux hélicoptères et à des troupes lourdement armées. En fait, il faudra absolument monter un plan pour chaque place, en exploiter les failles, et surtout, toujours garder un œil sur l’autre.
En plus des missions secondaires, il sera possible de délivrer des forts avec un autre joueur en ligne. Les parties sont bien plus difficiles que les missions normales, et vont exiger de la coopération et une communication de tous les instants. À la moindre alerte, vous aurez droit aux hélicoptères et à des troupes lourdement armées. En fait, il faudra absolument monter un plan pour chaque place, en exploiter les failles, et surtout, toujours garder un œil sur l’autre.
Bien sûr, on peut rentrer dans le tas comme des cowboys, mais il faudra alors très bien jouer, et ne pas oublier de passer à l’armurerie – vous risquez de devoir tellement courir pour échapper aux ennemis que de ramasser une arme durant l’action sera un luxe.
Technique
Le moteur est une déclinaison de celui de Far Cry 3, mais retravaillé. Le jeu est très beau, sans l’être autant qu’un Destiny ou un Call of Duty, ce qui est normal vu l’aire de jeu immense. Il affiche toutefois des textures très fines qui vont jusqu’à reproduire les nervures d’une feuille, tandis que les effets de fumée et la gestion des lumières sont vraiment poussés. Les développeurs ont utilisé à foison la tessellation sur les routes, ce qui a pour effet de faire croire que chaque caillou se détache du col.
Les nombreux détails comme les feuilles et les arbres agités par le vent, les tourbillons de sable ou de fumée contribuent à offrir une image toujours en mouvement, qui renforce le côté réel et l’immersion. Si tous les protagonistes principaux bénéficient d’une excellente modélisation, ce sont surtout les animaux qui étonnent par leur réalisme, comme le tigre dont le pelage fait incroyablement illusion.
Ambiance
Les bruits d’ambiance comme les cris d’animaux, le vent, vos pas, les véhicules, tout a été fait dans les règles de l’art. Pour la petite histoire, rappelons qu’Ubisoft Montréal possède un studio de bruitage où officie un bruiteur reconnu débauché à l’industrie du cinéma.
Côté musical, on oscille entre musiques tibétaines, new wave et électroniques. En voiture, vous aurez même droit à des tubes qui semblent être issus des palmarès musicaux de l’Himalaya, ou à un animateur très critique, même en ce qui concerne la politique actuelle comme celle de Barack Obama. La musique colle à l’action et est très bien composée. À la longue toutefois, vous préférerez sûrement les désactiver dans les options, ce qui renforcera le côté exploration et l’immersion dans le jeu, en écoutant que les bruits naturels.
Conclusion
Far Cry 4 reprend ainsi les mêmes ficelles que Far Cry 3, tout en ajoutant quelques nouveautés. C’est superbe, c’est immersif, mais à condition de ne pas se lancer tout de suite dans l’aventure et d’aller chercher de l’équipement. Si vous êtes un joueur qui souhaite un plaisir immédiat, cette technique s’appliquera même en mode facile. Je déplore surtout le trop haut niveau d’énergie de certains animaux, et leurs attaques trop puissantes.
Toutefois, le jeu s’avère très long avec des dizaines et des dizaines de missions secondaires et d’endroits à explorer. De ce côté, il en offre au joueur pour son argent puisqu’il faudra une bonne cinquantaine d’heures pour en voir le bout. Mais au bout du compte, c’est un jeu sans surprise, surtout à cause de son scénario qui laisse trop le beau rôle à Pagan Min et qui aurait mérité plus de travail sur les autres protagonistes.