On en parlait en mars dernier. En juin aussi. Cette fois, il semble que ce soit la bonne : le comité consultatif formé par la FAA pour étudier la question a finalement trouvé un terrain d’entente qui, s’il ne va pas jusqu’à abolir toutes les règles apparemment arbitraires qui gouvernent l’usage de téléphones, de liseuses et d’ordinateurs en avion, pourrait au moins réduire les frustrations inutiles auxquelles le système actuel condamne les usagers.
Les recommandations
En gros, le comité, formé notamment de représentants d’Airbus, de Cessna, d’Amazon, de la Federal Communications Commission (l’équivalent américain du CRTC) et de la FAA, a conclu :
- Qu’il n’y a aucune raison d’empêcher les passagers d’utiliser une liseuse, une tablette, un iPod ou un autre appareil similaire en mode avion, que ce soit avant, pendant ou après le décollage, puisque ces appareils ne posent aucun risque au fonctionnement de l’avion.
- Que l’utilisation du wi-fi à bord pourrait être permise quand l’avion a atteint son altitude de croisière, mais pas pendant le décollage ni l’atterrissage.
- Qu’il serait souhaitable que la FCC, qui réglemente l’usage de cellulaires à bord des avions, s’entende avec la FAA pour établir des règles plus permissives à cet effet.
Si les pilotes ont le droit d’utiliser des iPad dans le cockpit des avions américains depuis 2011, un pauvre iPhone allumé qui traîne dans un compartiment à bagages ne peut pas faire de mal.
La confirmation d’une évidence
Voilà qui confirme ce que tout le monde savait depuis longtemps : les règles actuelles surestiment grossièrement les risques que les gadgets posent à la sécurité aérienne.
Par exemple, il y a deux ans, un laboratoire a calculé qu’il faudrait plus de 3 millions de liseuses Kindle à bord du même avion pour que l’interférence maximale produite atteigne le seuil minimal que l’avion doit être capable de tolérer pour être mis en service.
Et bien sûr, si les téléphones intelligents et les iPad constituaient de véritables périls mortels, il y aurait des écrasements d’avion tous les jours puisque le tiers des passagers ont avoué avoir déjà laissé un gadget allumé, par accident ou par pur esprit de désobéissance civile, alors que la consigne exigeait qu’il soit éteint.
J’ai moi-même entendu, à quelques reprises, des «pings» de téléphones intelligents qui recevaient des courriels pendant un atterrissage, et je ne m’en suis pas inquiété le moins du monde : après tout, si les pilotes ont le droit d’utiliser des iPad dans le cockpit des avions américains depuis 2011, alors qu’ils sont collés-collés sur les instruments, et si les avions atterrissent à tous les jours dans des aéroports entourés de tours d’émission cellulaires, un pauvre iPhone allumé qui traîne dans un compartiment à bagages ne peut pas faire de mal.
Et maintenant?
Ce qui m’amène aux conclusions suivantes :
- Les règles actuelles pourraient bien constituer un exemple du «théâtre de la sécurité» qui ne sert qu’à rassurer les inquiets mal informés.
- Les assouplissements recommandés par le rapport du comité d’experts pourraient sûrement aller encore plus loin.
- Un gadget n’est vraiment dangereux pour un avion que si c’est le pilote qui s’en sert et qu’il est tellement absorbé par ses échanges de textos qu’il oublie de sortir le train d’atterrissage.
En ces temps de paralysie gouvernementale aux États-Unis, il est fort possible que les nouvelles règles ne soient pas adoptées par la FAA avant un bon bout de temps. Reste à espérer que les autorités canadiennes emboîteront le pas rapidement.