Il peut s’avérer difficile parfois dans le cadre d’un procès d’expliquer avec justesse la façon dont un crime s’est déroulé. Actuellement, un jury peut bénéficier de support visuel ou d’extraits audio et vidéo pour tenter de reconstituer les événements. Mais à l’avenir, un procureur pourrait bénéficier de la réalité virtuelle pour transmettre de façon plus détaillée sa théorie sur la façon dont un crime aurait été perpétré.
L’objectif est ainsi de reconstituer une scène de crime dans laquelle un membre du jury pourrait se déplacer où bon lui semble, et ainsi mieux comprendre le scénario qui lui est présenté.
C’est du moins l’avenue qu’explore un groupe de recherche piloté par l’université du Staffordshire au Royaume-Uni. Le projet serait le premier du genre en Europe selon la docteure Caroline Sturdy Colls, professeure agrégée de médecine légale.
Bénéficiant d’une subvention de 140 000£ (environ 269 000$ CA ou 184 000€) de la part de la Commission européenne, les chercheurs exploitent des écrans verts et les plus récentes percées technologiques en matière de réalité virtuelle.
L’objectif est ainsi de reconstituer une scène de crime dans laquelle un membre du jury pourrait se déplacer où bon lui semble, et ainsi mieux comprendre le scénario qui lui est présenté. Pour se faire, on projette de laisser des drones circuler sur les lieux d’un crime afin de capter les images, les reliefs, les textures, la géographie, qui seront par la suite modélisés dans un environnement virtuel.
Pour défendre son concept, l’équipe semble pour le moment utiliser l’expérience The Lab de Valve actuellement offerte pour les utilisateurs du HTC Vive. Cette démo permet au porteur du casque de se déplacer dans un environnement hyper réaliste d’un paysage islandais. Reste à voir maintenant à quel point il sera possible pour des ingénieurs mandatés par les forces de l’ordre de reconstituer quelque chose d’équivalent en réalisme à temps pour le procès.
Un potentiel intéressant, mais patience…
Aux yeux de Simon Tweats, responsable des services judiciaires de la police de Staffordshire, l’idée pourrait créer d’importants remous sur la façon dont la preuve est présentée, soit «d’une manière qui est beaucoup plus simple pour les jurés à comprendre et à apprécier». En entrevue avec la BBC, il a ajouté : «Ce qui ne peut qu’être bénéfique pour tout le monde, tant pour la poursuite que pour la défense.»
Mais bien entendu, on retrouve également des sceptiques. Non seulement le projet n’en est qu’à ses balbutiements, mais l’adoption de cette nouvelle façon de procéder risque de ne pas arriver du jour au lendemain.
«Nous n’avons pas un très bon bilan lorsqu’il est question d’intégrer de nouvelles technologies dans les salles d’audience», souligne Me Jason Holt, avocat du cabinet Steven Solicitors.
«Nous n’avons que récemment adopté un système numérique au sein du tribunal de la Couronne après d’importants retards; les systèmes que nous employons actuellement subissent des ratés, la technologie n’est pas au point et nous devons retourner au stylo et au papier. Ce qui cause d’importants retards en cour, selon ma propre expérience.»