Pour certains, le photographe se doit de capturer la scène telle quelle et donc de s’assurer que les paramètres sont réglés de façon optimale, que les imperfections font partie de l’oeuvre.
Pour d’autres, l’important est de capturer la scène, puis y apporter des correctifs par la suite, si nécessaire.
Or, il y a une distinction à faire entre «retouche photo» et «développement photo», deux termes souvent confondus.
Dans le cas d’une image retouchée par l’auteur et dont le seul but de créer une image agréable à l’œil, on peut aimer ou non, au même titre qu’une toile faite par un peintre.
La retouche photo
Des logiciels comme Photoshop d’Adobe permettent de faire de petits miracles quand vient le temps de faire disparaître des imperfections au visage, voire amincir une personne. Des infographistes vont aussi utiliser ces logiciels de traitement de l’image pour faire disparaître des câbles électriques dans l’arrière-plan, une gouttière gênante sur un immeuble, passant parfois des heures à perfectionner un seul cliché.
Certains félicitent le travail acharné de l’artiste pour avoir amélioré une scène banale, alors que d’autres crient au mensonge, car à leurs yeux, l’œuvre finale se retrouve aux antipodes du cliché original (on pense ici aux photographies dans certains magazines).
Tout dépend du but dans lequel la retouche a été réalisée.
Dans le cas des magazines de mode, on vise à projeter une image parfaite qui n’existe pas. On cherche à tromper dans le but de vendre quelque chose.
Dans le cas d’une image retouchée par l’auteur et dont le seul but de créer une image agréable à l’œil (par exemple, un paysage avec des couleurs plus vivantes ou plus estompées, sans chercher à vendre un séjour dans un centre de villégiature), on peut aimer ou non, au même titre qu’une toile faite par un peintre.
Ça devient donc une question de goût, et non une question morale. Ne souhaiteriez-vous pas vous aussi que les câbles disparaissent dans cette photo de coucher de soleil?
Le développement photo
Ce que les photographes faisaient autrefois dans la chambre noire ne se limitait pas à prendre un rouleau de pellicule et à le développer selon un procédé standardisé, peu importe le type de pellicule. Chaque photographe avait sa recette, sa procédure… et son petit côté artistique.
Même le grand maître Ansel Adams a développé plusieurs fois certains négatifs afin de les travailler différemment – souvent à quelques années d’intervalle – comme cette photo, intitulée «Moonrise».
L’application iOS Looking at Ansel Adams vous donnera d’ailleurs un aperçu de son œuvre, ainsi qu’un autre exemple d’une photo retravaillée au fil des ans (parfois même 30 ans plus tard) selon l’humeur de l’artiste.
Aujourd’hui, des logiciels comme Aperture ou Lightroom ont remplacé la chambre noire d’autrefois, et c’est avec l’aide de tels logiciels qu’il est maintenant possible de «développer» ses photos : rognage, redressement de la ligne d’horizon, ajustement de la balance des blancs, de l’exposition, de la saturation des couleurs, etc.
La photo ci-dessous a été prise avec les moyens du bord : un Canon 60D avec objectif Sigma 17-50mm f/2.8. J’ai dû faire la mise au point de façon manuelle pour être plus près de l’insecte, mais si j’avais eu un objectif macro, j’aurais pu me rapprocher encore plus et ne pas avoir à rogner l’image.
J’ai donc rogné l’image et modifié la composition de la photo afin de mettre l’insecte encore plus en évidence. Aussi, mes réglages n’étaient pas parfaits du premier coup, alors j’ai ajusté quelques paramètres dans le logiciel Lightroom afin d’obtenir le résultat souhaité.
Et si je m’étais contenté de la photo originale? La réaction sur les réseaux sociaux n’aurait pas été la même.
L’appareil photo, un outil comme les autres
Un appareil photo est l’outil du photographe au même titre qu’un pinceau pour le peintre, mais le peintre va ajuster ses couleurs ou changer de pinceau ou de canevas selon ce qu’il tente de rendre au final.
Les logiciels sont aussi là pour aider le photographe à atteindre sa vision de l’image, une vision qu’il ne pouvait peut-être pas atteindre au départ avec son seul appareil, ses objectifs, ses filtres et la lumière dont il disposait.
Il est même possible d’utiliser des logiciels comme Perfect Photo Suite afin de traiter ses images pour leur donner un look vieillot, ajouter du vignettage et appliquer d’autres effets rappelant ceux d’Instagram, mais avec un rendu plus professionnel.
Par exemple, cette photo était plutôt fade et le ciel complètement surexposé. J’ai donc fait quelques ajustements, puis j’ai ajouté un effet de vignettage avec Perfect Effects 4. Voilà le résultat :
Certains diront que la photo originale possédait son propre style, mais l’image ne me plaisait pas avec un ciel aussi blanc. J’aurais toutefois pu mettre moins (ou pas du tout) d’effet de vignettage. Ici, l’effet a été maximisé pour les besoins de la cause.
La photo, un art…
La photographie est un art et chaque artiste possède sa propre vision du résultat final.
Certains ont le talent, les connaissances techniques ou l’équipement pour atteindre leur but directement, sur le terrain (ou se disent satisfaits du résultat obtenu).
D’autres ont plutôt un talent ou une passion pour ajouter un petit quelque chose, une signature à leur œuvre. Signature qui changera probablement avec les années, à mesure que le parcours artistique et technique du photographe évoluera lui aussi.