C’est l’un des sujets favoris des auteurs de science-fiction : les machines remplacent l’humain; l’humain se révolte; s’ensuit une guerre de fer et de chair. Un schéma qui pourrait finalement se réaliser tant les progrès de l’intelligence artificielle avancent à pas de géant.
Mais si aux États-Unis le remplacement robotique a déjà commencé depuis des décennies, c’est surtout sur le plan politique que ses conséquences se font ressentir. Selon une étude de l’institut Brookings, situé à Washington, il y aurait un lien clair entre les régions touchées par la mécanisation des emplois et le vote pro-Trump. En clair, si certains états étaient moins touchés par le chômage dû à la robotisation, Hillary Clinton aurait probablement gagné les élections américaines de 2016.
Plus d’insécurité professionnelle, plus d’instabilité politique
Les recherches de l’institut Brookings viennent compléter plusieurs études publiées par des économistes au cours de ces deux dernières années. « Nos données confirment un triste historique de robotisation dans les régions pro-Trump, ainsi qu’un risque substantiel dans le futur », indique Mark Muro, l’un des auteurs de l’article, ajoutant : « Ces risques tendent vers un plus grand flux de travail, plus d’insécurité professionnelle, et potentiellement plus d’instabilité politique.”
Concrètement, parmi les dix états les plus exposés à ces bouleversements professionnels, un seul n’a pas voté majoritairement pour Donald Trump. Par ailleurs, les états le plus touchés par la mécanisation, comme le Kentucky et l’Indiana, sont aussi les plus favorables au camp républicain. À l’inverse, les moins touchés par la mécanisation ont le plus largement voté Hillary.
La peur de l’autre
« Le potentiel moyen de mécanisation dans les districts républicains est aujourd’hui de 47,5 % dans tous les domaines, contre 44,7 dans les zones démocrates, indique l’article. Une différence modeste mais notable, qui reflète aussi une dépendance républicaine des petites villes les plus exposées et les communautés rurales du cœur industriel. »
Pour les chercheurs de l’institut Brookings, la conclusion est claire : la prolifération de la mécanisation sur le lieu de travail et l’anxiété générale qui en résulte incitent les électeurs à se fier à Donald Trump, aux mesures plus protectionnistes. Les états pro-démocrates afficheraient à l’inverse une plus grande confiance envers les nouvelles technologies.
De là à dire que la peur du robot, c’est comme la peur de l’autre, il n’y a qu’un pas.