Non, un supercalculateur n’a pas réussi le test de Turing

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Développé en 1950 par le mathématicien Alan Turing, le test de Turing est une méthode visant à déterminer la faculté d’une intelligence artificielle d’imiter la conversation humaine. L’expérience consiste à laisser un être humain échanger dans le cadre de deux séances de clavardage, l’une avec une machine, l’autre avec un être humain. Après 5 minutes, si la personne n’est pas en mesure d’identifier lequel de ses interlocuteurs est un ordinateur, la machine passe le test.

Turing a prédit qu’en l’an 2000, des ordinateurs seraient capables de tromper environ 30% des juges humains dans le cadre d’un test d’une durée de 5 minutes. C’est à partir de cette prédiction qu’a été déterminé le seuil de 30% requis pour passer le test de Turing avec succès.

Ce dimanche, l’Université de Reading a publié un communiqué attestant qu’un supercalculateur, Eugene Goostman, est le premier ordinateur à réussir le test de Turing en 65 ans, avec un taux de réussite de 33%. Malheureusement, l’authenticité de cette affirmation est remise en question, notamment par le blogue TechDirt, qui a tôt fait de soulever plusieurs aspects nébuleux de la nouvelle.

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  • D’abord, Eugene Goostman n’est pas un supercalculateur (le communiqué a été rectifié depuis), mais plutôt un chatbot; un logiciel conçu pour imiter la conversation humaine. Il ne s’agit donc pas d’une intelligence artificielle, mais plutôt d’un script tirant ses réponses d’une banque d’éléments de dialogues rédigés à l’avance.
  • Même si l’on considère que ce type de logiciel est admissible, le logiciel Cleverbot est parvenu à faire croire à 59% des juges qu’il était un être humain dans le cadre d’une expérience identique. C’était il y a 3 ans.
  • Le fait qu’Eugene Goostman se présente comme un adolescent ukrainien de 13 ans, visant à justifier certaines réponses étranges générées par un logiciel malhabile, démontre une certaine mauvaise foi de la part de son concepteur.
  • L’expérience n’a été tentée qu’une seule fois, avec un échantillon de participants choisi par les organisateurs de l’événement.

Le journaliste Mike Masnick termine son article en mentionnant sans doute l’aspect le plus évocateur d’une supercherie. L’événement dans lequel s’est déroulée l’expérience a été organisé par Kevin Warwick, professeur de cybernétique à l’Université de Reading et personnage controversé.

L’homme, reconnu du milieu pour ses allégations ridicules et frauduleuses, est un accro à l’attention médiatique. Surnommé Captain Cyborg de façon ironique par le quotidien The Register, il a déjà réclamé être le premier cyborg au monde après avoir implanté une puce dans son bras. Pour en apprendre davantage sur ses nombreuses sorties médiatiques, consultez cette archive du site Kevin Warwick Watch.

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