Dans le communiqué publié par l’entreprise, Apple fait état de revenus et de profits «records» de l’ordre de 75,9 et 18,4 milliards de dollars US, respectivement. Toutefois, la compagnie a révélé la plus faible croissance de ses ventes d’iPhone, avec un maigre 0,4% et 74,8 millions d’appareils écoulés. Cette nouvelle, et la perspective d’un premier recul en 13 ans pour le trimestre en cours, ont contribué à un recul de 6,5% du cours de l’action, soit la plus importante chute en deux ans.
Certains commencent à croire que la direction empruntée par Tim Cook depuis son arrivée à la tête d’Apple ne s’est pas avérée suffisante pour relancer la machine à innovations des belles années Jobs.
Au-delà des chiffres, ou plutôt en raison de ces chiffres, certains commencent à croire qu’Apple a perdu son allant, et que la direction empruntée par Tim Cook depuis son arrivée à la tête de l’entreprise ne s’est pas avérée suffisante pour relancer la machine à innovations des belles années Jobs.
Bien entendu, rien ne laisse entendre qu’Apple est sur le point de fermer boutique. Avec des réserves de devises tournant autour de 216 milliards de dollars US, et un milliard d’appareils portant le célèbre logo un peu partout sur la planète, Apple est bien installée dans la continuité. La rumeur veut d’ailleurs que la prochaine itération de l’hyper populaire iPhone soit lancée en septembre. Et comme le démontre la compagnie chaque année avec la sortie d’un nouveau modèle, les gens sont prêts à dormir à la belle étoile (ou à rafraîchir compulsivement le site de l’Apple Store la veille de la sortie) pour être sûrs de mettre la main sur l’un de ces appareils flambant neufs.
Rattrapé par la concurrence
Apple, compagnie évoluant dans un marché saturé? La concurrence toujours farouche de l’équipementier coréen Samsung, qui demeure le premier fabricant de téléphones intelligents à l’échelle mondiale, ainsi que la ferveur des nouveaux joueurs chinois en pleine croissance viennent jouer dans les plates-bandes de la compagnie américaine.
En automne dernier, d’ailleurs, Fortune n’y allait pas par quatre chemins en affirmant que l’un de ces arrivants chinois, Huawei, «sera le plus grand fabricant de téléphones chinois de tous les temps», avec un total de 100 millions d’unités vendues. La veille, l’entreprise elle-même faisait état de 27,4 millions de téléphones écoulés pour le trimestre ayant pris fin le 30 septembre. Environ la moitié du nombre d’iPhone vendus au cours de la période similaire (le 3e trimestre d’Apple s’est pour sa part terminé le 27 octobre), mais Huawei affichait une croissance exubérante de 63% sur un an, contre 22% pour Apple.
La tendance est claire : les concurrents d’Apple poursuivent leur rattrapage, et la marque ne semble s’apprécier qu’en raison du facteur wow et de la facilité d’intégration avec les autres composantes de l’écosystème Apple. Cette interconnectivité n’a d’ailleurs pas permis à l’entreprise de sauver les meubles du côté des tablettes. Les ventes d’iPad sont en chute libre avec une baisse de 25% sur un an au premier trimestre de 2016.
L’importance de la taille
Bien entendu, la sortie de l’iPhone 7 fera de nouveau sonner le tiroir-caisse, et les résultats financiers prouvent qu’une sortie d’un autre appareil à l’automne gonfle les ventes durant les Fêtes. En attendant, Quartz rapporte que la prédiction du défunt Steve Jobs sur l’importance de la taille des téléphones semble se vérifier. L’ancien PDG affirmait que les consommateurs ne seraient pas intéressés par un appareil trop grand; Apple a certes lancé les surdimensionnés iPhone 6 et 6s et leur version Plus en enregistrant des ventes records. Tim Cook révélait malgré tout mardi que 60% des gens possédant un iPhone datant d’avant septembre 2014 – date du lancement de l’iPhone 6 – n’avaient pas effectué de rehaussement.
La concurrence a fait ses devoirs, Android est devenu le système d’exploitation mobile le plus populaire, et le marché est chaque année inondé d’une pléthore de nouveaux modèles qui finissent tous par se ressembler en grande partie.
Une autre épine dans le pied de l’entreprise, qui vient s’ajouter à un marché moribond, une économie au ralenti (surtout en Chine, principal nouveau marché d’Apple) et à une concurrence féroce.
Autre pierre d’achoppement : les téléphones, tous fabricants confondus, sont de moins en moins innovateurs. La planète techno s’était émerveillée devant le premier iPhone, appareil révolutionnaire ayant créé la mode des téléphones intelligents sans clavier physique. Depuis, la concurrence a fait ses devoirs, Android est devenu le système d’exploitation mobile le plus populaire, et le marché est chaque année inondé d’une pléthore de nouveaux modèles qui finissent tous par se ressembler en grande partie. Les fabricants se disputent une clientèle qui, bien souvent, conservera son téléphone pendant un an ou plus, limitant d’autant les ventes possibles.
Ensevelir les consommateurs sous une panoplie d’appareils n’est pas une stratégie commerciale viable; l’effondrement des ventes d’iPad le montre bien. Et l’attitude des dirigeants d’Apple consistant à s’en tenir à des généralités, avec «des revenus records, des profits records» et «la meilleure panoplie de produits jusqu’à maintenant», fait craindre que l’entreprise tente de masquer le ralentissement par des formules creuses.