Chose certaine, l’inventeur du World Wide Web ne croit pas que sa création est morte. Il pense toutefois que le concept même des applications natives va à l’encontre de ce pour quoi la Toile a été conçue.
Les applications natives sont à l’antithèse du Web parce qu’elles sont conçues pour exploiter les données agrégées dans des silos indépendants, des environnements fermés.
Invité à la conférence LeWeb qui se déroule actuellement à Paris, Tim Berners-Lee a raconté que la principale motivation derrière la création du Web il y a 25 ans cette année était de proposer un environnement collaboratif où les gens pouvaient échanger leurs connaissances à travers le monde, sans barrières.
«Il y avait deux facteurs incitatifs. La frustration que tous ces ordinateurs avaient leurs propres systèmes d’exploitation et leurs propres systèmes de documentation», a expliqué Berners-Lee. «Je voulais que le Web soit ce formidable environnement collaboratif.»
À l’époque, il souhaitait ainsi résoudre un problème fondamental : les ordinateurs et leurs systèmes d’exploitation n’avaient aucun moyen de communiquer entre eux, ce qui rendait l’échange d’information entre les individus particulièrement ardu. Il a donc eu l’idée de construire un protocole (le HTTP) pouvant exploiter le réseau déjà en place et un langage de balisage pour produire des documents pouvant y être échangés (le HTML).
La disponibilité des données et des informations, par le biais d’un hyperlien sur un site web affichant une page HTML, est l’essence même du Web dans l’esprit de son créateur. Le contenu doit être partageable entre les divers appareils propulsés par divers OS. D’où son dédain pour les applications natives, qu’il considère à l’antithèse du Web parce qu’elles sont conçues pour exploiter les données agrégées dans des silos indépendants, des environnements fermés. «Si vous prenez simplement votre magazine et vous l’intégrez dans une application, c’est d’un ennui», a-t-il affirmé.
Berners-Lee a déclaré qu’il préférerait voir les entreprises et leurs développeurs se concentrer davantage sur la création d’applications web qui exploitent le HTML 5 afin que les contenus et les expériences puissent être partagés. «Seules les applications web font en sorte que le Web soit un écosystème vivant.»
À la défense d’un Internet ouvert et neutre
L’inventeur de la Toile s’est dit également inquiet devant la tendance de bien des gouvernements à miner la neutralité du Net. Selon lui, l’internaute moyen ne se rend pas compte que beaucoup de choses qu’il tient pour acquises – notamment la diffusion vidéo ou musicale – sont menacées à l’heure actuelle.
Rappelons qu’en mars dernier, Berners-Lee a profité du jour du 25e anniversaire du Web pour lancer un appel à la population afin de défendre l’idée d’un Internet ouvert et neutre.