Chez Branchez-vous, on a eu la chance de s’immerger pendant près de trois heures dans Hell Is Us, directement dans les locaux de Rogue Factor à Montréal. Cette session, bien plus qu’une simple preview, nous a permis de plonger au cœur d’un projet qui défie le jeu vidéo moderne. Accompagnés par l’équipe de développement, passionnée et visiblement investie, nous avons découvert un titre qui ne ressemble à rien d’autre sur le marché. Hell Is Us n’est pas juste un jeu : c’est une expérience qui défie les conventions, mise sur l’intelligence du joueur et propose une aventure où chaque détail compte. Voici notre retour complet sur ce titre prometteur, entre exploration immersive, combats stratégiques et direction artistique saisissante.
Un univers narratif riche et énigmatique
Dans Hell Is Us, vous incarnez Rémi, un ancien casque bleu de l’ONU, un homme marqué par son passé et déterminé à retrouver ses parents disparus dans Hadea, un pays fictif dévasté par des années de guerre. Ce qui commence comme une quête personnelle prend rapidement une tournure surnaturelle. Hadea est frappée par la Calamité, un phénomène mystérieux qui a libéré des créatures inquiétantes, les Hollow Walkers, et plongé la région dans un chaos où la frontière entre technologie et paranormal s’efface. Ce monde, à la fois familier et étrange, est un personnage à part entière, avec ses secrets enfouis et ses mystères à décrypter.

L’histoire ne se livre pas facilement. Rogue Factor a opté pour une narration subtile, presque organique. Pas de cinématiques interminables ou de journaux de quêtes surchargés pour vous tenir la main. Les informations sont distillées à travers les dialogues, les décors, et même les silences. Un PNJ peut lâcher une phrase anodine qui contient la clé d’une énigme ou une indication cruciale pour la suite. Une indication sur un mur, un objet abandonné, une conversation entendue au détour d’un campement : tout peut avoir une signification. Cette approche demande une attention constante, mais elle rend l’expérience incroyablement immersive. Chez Branchez-vous, on a été captivés par cette façon de raconter une histoire, qui respecte l’intelligence du joueur et l’invite à devenir un acteur actif de l’univers.
Une exploration sans balises, un pari audacieux
Ce qui frappe dès les premières minutes, c’est l’absence totale d’aides artificielles. Oubliez les flèches à l’écran, les mini-cartes clignotantes ou les marqueurs d’objectifs. Rogue Factor a fait un choix radical : vous plonger dans un monde où vous êtes votre propre boussole. Lors de notre session à Montréal, les développeurs nous ont remis un carnet papier avec une consigne claire : “Notez tout ce que vous voyez, entendez ou apprenez. Vous en aurez besoin.” Ce simple geste donne le ton : Hell Is Us n’est pas un jeu qui vous mâche le travail.


L’environnement devient votre guide principal. Une grotte à l’horizon, une silhouette inquiétante dans le brouillard, un bâtiment en ruines à moitié effondré : ce sont ces repères visuels qui dictent votre progression. Le monde n’est pas conçu comme une checklist à cocher, mais comme un espace vivant à explorer et à comprendre. Cette liberté peut déstabiliser, surtout dans une industrie où les jeux modernes ont tendance à sur-guider le joueur. Mais une fois qu’on s’y habitue, elle devient addictive. Chaque découverte, chaque connexion faite entre un dialogue et un lieu, procure une satisfaction rare.
Le journal de quêtes, bien qu’il existe, reste volontairement discret. Il note les grandes lignes de vos objectifs, mais ne vous donne jamais la solution. Par exemple, un PNJ peut mentionner un lieu vague, comme “une tour au nord”, sans autre précision. À vous de repérer cette tour, de mémoriser les indices visuels ou de fouiller pour trouver un chemin. Lors de notre session, on s’est surpris à griffonner frénétiquement dans le carnet, notant des détails comme “pont cassé près de la rivière ». Cette approche responsabilise le joueur et fait de l’exploration une véritable aventure intellectuelle.
Un gameplay équilibré entre exploration et combat
Hell Is Us trouve un équilibre parfait entre exploration et action, avec un gameplay qui se divise équitablement : 50 % d’exploration immersive, 50 % de combats intenses. Ce n’est ni un jeu d’action pur ni un walking simulator contemplatif. Entre deux affrontements, vous aurez le temps de vous perdre dans les décors, de fouiller des ruines, de résoudre des puzzles environnementaux ou de décrypter des messages cachés dans l’environnement. Les puzzles, en particulier, sont ingénieux sans être frustrants. Ils s’appuient sur l’observation et la logique, comme repérer un symbole récurrent ou comprendre comment activer un mécanisme en fonction d’indices disséminés.

Les combats, eux, sont un mélange d’intensité et de stratégie. Beaucoup comparent Hell Is Us à un Souls-like, mais les développeurs sont formels : “Ce n’est pas un Souls-like, c’est une philosophie différente.” Là où un Souls cherche à vous punir à chaque erreur, Hell Is Us vous pousse à apprendre et à vous adapter sans vous écraser. Les affrontements sont exigeants, mais accessibles. Chaque ennemi a des patterns distincts, et il faut lire leurs mouvements pour anticiper et frapper au bon moment.
Rémi ne gagne pas de niveaux ni de points d’expérience. Sa progression repose sur les armes qu’il trouve, dans un style qui rappelle The Legend of Zelda. On commence avec une épée basique, puis on découvre des armes plus puissantes, plus rapides, avec des attaques spécifiques. Ce système encourage l’expérimentation et donne une vraie sensation d’évolution.
Un autre atout majeur : le drone. Loin d’être un simple gadget, il est au cœur du gameplay. Il peut scanner l’environnement pour révéler des failles, repérer des ennemis cachés ou même éblouir vos adversaires en plein combat pour créer une ouverture. Rémi dispose aussi de compétences spéciales, comme une onde de choc qui repousse tous les ennemis autour de lui. Ces mécaniques, à la fois visuellement impressionnantes et stratégiquement riches, ajoutent une couche de profondeur aux affrontements. Lors de notre session, on a particulièrement apprécié un moment où, encerclé par des Hollow Walkers, une combinaison bien timed du drone et de l’onde de choc a renversé la situation.
Des combats perfectibles, mais prometteurs
Cela dit, tout n’est pas encore au point. Lors de notre session, certains combats nous ont semblé un peu brouillons. Même en maîtrisant les combos et les esquives, éviter certains coups donnait une impression de latence ou d’imprécision. Par exemple, face à un ennemi rapide, il était parfois difficile de réagir à temps, comme si les hitboxes ou les animations n’étaient pas parfaitement calibrées. Ces moments de frustration étaient rares, mais suffisamment présents pour être notés.

Les développeurs ont toutefois été transparents : cette build était en cours de développement, et des ajustements sont prévus avant la sortie. Ils ont mentionné travailler sur la fluidité des animations et la réactivité des commandes. Si ces points sont corrigés, les combats pourraient devenir un vrai point fort du jeu. Pour l’instant, ils restent prometteurs, mais demandent un dernier polissage.
Une direction artistique qui en met plein les yeux
Visuellement, Hell Is Us est une claque. Rogue Factor a créé un univers d’une richesse rare, avec des environnements qui racontent une histoire à eux seuls. Lors de notre session, nous avons exploré deux zones radicalement différentes. Cenedra, le point de départ, est un lieu sombre et oppressant, où chaque recoin semble chargé de menace. Les ruines, les campements de fortune et la présence des Hollow Walkers créent une tension constante, renforcée par des rencontres avec des soldats et des personnages ambigus dont les intentions restent floues.
Puis, changement radical avec les Maraiss d’Arcassa. Ce lieu lumineux, avec ses pontons en bois, sa rivière scintillante et ses teintes bleutées, est d’une beauté presque apaisante. Les reflets sur l’eau, les jeux de lumière à travers les arbres et l’ambiance paisible contrastent radicalement avec la noirceur de Cenedra, montrant la capacité du studio à varier les tons. La forge Limby, une zone souterraine, ramène une atmosphère claustrophobe et oppressante, avec des tunnels sombres et des jeux d’ombre saisissants. À un moment, on s’est retrouvé dans un labyrinthe souterrain où la tension était presque suffocante, un exemple parfait du soin apporté à l’ambiance.


La direction artistique brille aussi par ses détails. Les architectures imposantes, les tours colossales et les jeux de lumière créent un monde crédible et immersif. La cinématique d’introduction, sans révéler de spoilers, est un chef-d’œuvre de mise en scène, posant parfaitement l’ambiance et les enjeux narratifs. Quelques imperfections subsistent, notamment une synchronisation labiale parfois approximative chez les PNJ secondaires, qui peut légèrement briser l’immersion. Les personnages principaux, en revanche, bénéficient d’un character design soigné et cohérent. Ces petits défauts, mineurs dans une version preview, n’entachent pas l’impression générale : Hell Is Us a une identité visuelle forte et ambitieuse.
Une ambiance sonore au service de l’immersion
La bande-son est un autre point fort, bien qu’elle adopte une approche minimaliste. Discrète, parfois presque imperceptible, elle laisse la place aux bruits d’ambiance – le vent dans les ruines, les murmures des PNJ, les cris lointains des Hollow Walkers. Ce choix renforce l’immersion et vous pousse à prêter attention aux détails sonores, comme un craquement qui signale un danger ou une conversation qui cache un indice. La musique sait toutefois s’intensifier aux moments clés, que ce soit pour souligner une émotion ou signaler une menace imminente. Après trois heures, il est difficile de juger de sa variété globale, mais elle soutient efficacement l’atmosphère sombre et inquiétante du jeu.
Les effets sonores, en revanche, sont un peu en retrait. Les impacts lors des combats à l’épée, par exemple, manquent de punch. On entend un bruit, mais il ne transmet pas la puissance ou la tension d’un affrontement. Ce manque de relief, combiné à la légère imprécision des combats, est un point faible de cette version preview.

Le doublage, en anglais dans cette build, est en revanche une réussite. Les performances vocales, que ce soit dans les cinématiques ou les interactions en jeu, sont crédibles et bien interprétées. Les voix des personnages principaux, en particulier, ajoutent une profondeur émotionnelle à l’histoire, renforçant l’immersion dans cet univers complexe.
Un jeu qui ne plaira pas à tout le monde, et c’est tant mieux
Hell Is Us est un jeu qui assume pleinement sa singularité. Rogue Factor ne cherche pas à séduire le plus grand nombre, mais à offrir une expérience précise, pensée pour un public spécifique : ceux qui aiment se perdre, prendre des notes, observer attentivement et réfléchir. Ce n’est pas un titre pour les joueurs pressés, ceux qui veulent cocher des objectifs mécaniquement ou suivre des flèches sur un HUD. C’est une aventure qui vous reconnecte à votre instinct, à votre mémoire, à votre sens de l’analyse.
Dans un paysage vidéoludique souvent dominé par des productions AAA standardisées, Hell Is Us se positionne comme un jeu AA avec une vision claire et sans compromis. Il rappelle des titres comme Clair Obscur Expedition 33 par son audace, mais se distingue par son approche unique de l’exploration et de la narration. Avec sa direction artistique soignée, son gameplay équilibré et son ambiance sonore immersive, il a tout pour séduire les amateurs de jeux narratifs et immersifs.
Verdict: une pépite en devenir
Après trois heures intenses, une chose est claire : Hell Is Us est un projet ambitieux qui ne laisse pas indifférent. Ce n’est pas un jeu parfait – les combats demandent un polissage, les effets sonores plus de punch, et la synchronisation labiale un dernier ajustement. Mais ces défauts, propres à une version preview, n’entachent pas l’impression générale : Rogue Factor est en train de créer quelque chose de spécial. Hell Is Us est une ode à l’exploration, à la curiosité et à l’intelligence du joueur. C’est un titre qui vous respecte, qui vous défie sans vous écraser, et qui vous plonge dans un univers aussi beau qu’inquiétant.
Si vous êtes de ceux qui aiment explorer sans balises, résoudre des énigmes par vous-même et plonger dans un monde riche en mystères, Hell Is Us pourrait bien devenir votre prochaine obsession vidéoludique. Chez Branchez-vous, on a été captivés par cette preview, et on trépigne d’impatience de découvrir la version finale. Un grand bravo à vous qui avez tenu jusqu’au bout de cet article – vous avez l’étoffe des explorateurs d’Hadea ! Restez branchés, car Hell Is Us promet d’être une aventure inoubliable, et on sera là pour vous en reparler à sa sortie. À très vite pour la suite !