Quand on parle de Blades of Fire, on sent tout de suite que MercurySteam a mis tout son cœur dans la forge. Après avoir marqué les esprits avec Metroid Dread et Castlevania: Lords of Shadow, le studio madrilène revient avec un action-RPG qui ne fait pas les choses à moitié. Ce jeu, c’est une lettre d’amour à Blade: The Edge of Darkness, leur tout premier titre, mais c’est aussi bien plus que ça : une aventure épique, brutale et terriblement personnelle qui ambitionne de redéfinir les codes du genre. Alors, est-ce que Blades of Fire est à la hauteur de ses promesses ?
Une histoire qui vous attrape et ne vous lâche pas
Imaginez-vous dans la peau d’Aran de Lira, un guerrier robuste, fils d’un grand commandant, chargé d’une mission qui semble simple : abattre la Reine Nerea, une ennemie aussi mystérieuse que terrifiante. Mais, comme dans toute bonne épopée, ce n’est que le début d’une aventure qui va vous emmener bien plus loin. Blades of Fire tisse une histoire qui mêle l’intimité des relations humaines à une fresque héroïque, dans un monde de fantasy sombre qui rappelle Dark Souls par son ambiance oppressante.

Ce qui fait vraiment battre le cœur de cette aventure, c’est la relation entre Aran et Adso, un jeune novice un peu maladroit mais attachant. Leur lien, qui évoque celui de Kratos et Atreus dans God of War, apporte une touche d’humanité à cette quête brutale. Adso n’est pas qu’un acolyte : il note tout ce que vous découvrez, des ennemis aux lieux, et ses croquis, qu’on peut retrouver au camp de base, sont en fait les concept arts des artistes de MercurySteam. Franchement, c’est une idée géniale qui donne l’impression de plonger dans les coulisses du jeu.
Le monde est incroyablement riche, avec un lore qui se dévoile petit à petit, à travers des objets, des dialogues subtils ou l’environnement lui-même. Les cinématiques, nombreuses et soignées, donnent une vraie ampleur à l’histoire, avec des moments qui n’ont rien à envier aux grands blockbusters. Mais, soyons honnêtes, il y a un petit bémol : le doublage uniquement en anglais. On aurait aimé entendre Aran et Adso en français !
Un gameplay qui tape fort et demande du finesse
Si l’histoire vous accroche, c’est le gameplay qui vous scotche à l’écran. Blades of Fire repose sur une idée simple mais puissante : votre arme, c’est tout. Pas d’armure, pas de gadgets inutiles, juste votre épée, votre hache ou votre marteau, que vous devez forger et maîtriser pour survivre. Le système de combat est un mélange de précision soulslike et d’action nerveuse, mais avec une touche unique qui fait toute la différence.
Oubliez les classiques boutons d’attaque légère ou lourde. Ici, chaque touche correspond à une direction de coup : sur PS5, par exemple, Carré pour un coup latéral, Triangle pour un coup vertical. Vous pouvez charger vos attaques en maintenant le bouton, mais attention à bien gérer votre endurance pour esquiver ou parer. Et là, MercurySteam sort une idée audacieuse : la barre de blocage est séparée de l’endurance, et en maintenant votre garde, vous régénérez une ressource appelée “vigueur” réaliser des attaques dévastatrices. Au début, ça déroute, mais une fois qu’on comprend la mécanique, c’est assez satisfaisant. Cela dit, après des heures de jeu, on aurait aimé un peu plus de variété dans les combos.

L’autre star, c’est la forge. Vous avez sept types d’armes – des épées aux haches doubles en passant par les lances – et chaque arme peut être personnalisée grâce à un minijeu où vous utilisez des matériaux trouvés en explorant. C’est là que le jeu devient stratégique : certains ennemis résistent à certains types d’armes, et il faut adapter votre arsenal. Par exemple, une épée contre une armure lourde ? Mauvaise idée, sauf si vous visez un point faible. Mais attention, vos armes s’usent, et si vous mourez, vous devrez aller les récupérer, comme dans un Dark Souls. Ce système est hyper immersif, mais peut être frustrant si vous manquez de matériaux pour réparer votre arme préférée.
Un monde qui invite à l’aventure
Blades of Fire n’est pas un monde ouvert, mais ses niveaux sont tellement vastes et bien fait qu’on s’y perd avec plaisir. Chaque chapitre propose des environnements labyrinthiques, pleins de secrets, de raccourcis ainsi que les points de sauvegarde qui rappellent les feux de camp de Dark Souls. Le level design est un régal, avec des zones interconnectées qui donnent envie d’explorer chaque recoin, surtout quand on tombe sur des lieux comme la Forteresse Cramoisi, qui en jette visuellement.

Mais tout n’est pas parfait. Parfois, le jeu est un peu trop cryptique : on se retrouve à tourner en rond sans trop savoir où aller, et la carte pourrait être plus claire. Les quêtes secondaires, souvent du style Fedex “trouve trois objets” ou “ouvre quatre portes”, manquent un peu d’originalité et peuvent sembler répétitives. Pourtant, l’envie de découvrir ce monde, avec ses paysages sombres et ses secrets bien cachés, prend toujours le dessus. C’est un jeu qui récompense la curiosité, et on adore.
Un défi qui forge le caractère
Quand on parle de Blades of Fire, impossible de passer à côté de sa difficulté. MercurySteam a mis le paquet pour offrir une expérience exigeante, mais qui sait rester accueillante. Le jeu propose trois niveaux de difficulté, et croyez-moi, le mode “Acier” est celui qu’il faut choisir si vous voulez vivre l’aventure comme les développeurs l’ont imaginée. C’est un vrai défi, où chaque combat demande de la stratégie, de l’observation et une bonne dose de sang-froid. Les deux autres modes, plus accessibles, sont parfaits pour ceux qui veulent surtout profiter de l’histoire sans trop transpirer.
En mode Acier, attendez-vous à mourir. Souvent. Mais, contrairement à un soulslike pur et dur comme Elden Ring où les boss sont les montagnes à gravir, ici, c’est tout le chemin qui vous met à l’épreuve. Chaque ennemi, même le plus banal, peut vous faire mordre la poussière si vous baissez la garde. Les boss, eux, sont spectaculaires, avec des patterns complexes et des mises en scène qui en jettent, mais ils ne sont pas aussi impitoyables qu’on pourrait le craindre. C’est un équilibre malin : le jeu vous pousse dans vos retranchements sans jamais vous décourager. En 2025, c’est l’une des expériences les plus corsées que nous avons vécues, mais aussi l’une des plus gratifiantes.
Une aventure qui prend son temps
Si vous cherchez un jeu qui vous accompagne pendant des semaines, Blades of Fire est fait pour vous. Terminer la quête principale d’Aran de Lira prend environ 40 heures, mais ça peut facilement grimper si vous prenez le temps d’explorer ou si vous galérez un peu. En ajoutant les quêtes secondaires, les boss optionnels et la chasse aux collectibles, on arrive sans problème à 50 ou 60 heures de jeu. Et franchement, c’est le genre de titre où chaque heure est savoureuse.
Les boss secondaires et les miniboss ajoutent du piment, et les collectibles ne sont pas juste là pour faire joli : ils enrichissent le lore et débloquent parfois des améliorations pour vos armes. Que vous soyez du genre à rusher l’histoire ou à fouiller chaque recoin, Blades of Fire a de quoi vous tenir en haleine. C’est rare de trouver un jeu aussi généreux sans qu’il donne l’impression de tirer sur la corde.
Verdict: un acier qui marque les esprits
Blades of Fire, c’est le genre de jeu qui vous rappelle pourquoi vous aimez les jeux vidéo. MercurySteam a puisé dans ses racines, celles de Blade: The Edge of Darkness, tout en intégrant tout ce qu’ils ont appris en vingt ans de carrière. Le résultat ? Une aventure qui mélange la brutalité d’un soulslike avec l’émotion d’un God of War, le tout saupoudré d’une identité bien à lui. Le gameplay, centré sur la forge et des combats tactiques, est une vraie réussite, même si j’aurais aimé un poil plus de variété dans les attaques. L’histoire, elle, vous happe avec ses personnages attachants et son univers riche, sublimé par une direction artistique qui en met plein les yeux.
Cela dit, tout n’est pas parfait. Les graphismes, même s’ils sont portés par des effets visuels réussis, ne rivalisent pas avec les gros AAA. Quelques bugs, comme des armes qui n’apparaissent pas au bon endroit ou des zones sombres eclairées, nous ont fait grincer des dents. Mais ces défauts, c’est comme des petites rayures sur une lame bien forgée : ils n’enlèvent rien à sa solidité.
Blades of Fire est une pépite, un jeu qui ose prendre des risques et qui réussit à trouver sa place dans un genre ultra-compétitif. C’est une ode à la persévérance, à la créativité et à l’héritage de MercurySteam. Si vous aimez les aventures qui demandent du cœur et de la sueur, ce jeu est pour vous.
15/20