Les beaux gros malaises des producteurs et consommateurs de contenu en ligne

Les divergences d’intérêts entre ceux qui publient du contenu sur Internet et ceux qui le consomment constituent un problème de moins en moins facile à balayer sous le tapis.

Dans une industrie normale, ceux qui ont des choses à vendre font de leur mieux pour satisfaire les besoins et désirs de leurs clients le plus exactement possible. C’est la loi de l’offre et de la demande qui l’exige.

À cette courte liste d’entreprises qui déploient des trésors d’ingéniosité pour énerver leurs clientèles, faudra-t-il ajouter bon nombre de producteurs de contenu en ligne?

Bien sûr, il y a des exceptions. Quand les lignes aériennes proposent de nous faire voyager debout pour entasser encore plus de victimes dans la cabine de classe vrac, elles ne répondent certainement pas à la clameur populaire. Et il faudrait souffrir d’une forme bien particulière de trouble obsessionnel compulsif pour être heureux d’entendre les quatre mêmes tounes en boucle, 24 heures sur 24, à la radio commerciale. 

À cette courte liste d’entreprises qui déploient des trésors d’ingéniosité pour énerver leurs clientèles, faudra-t-il ajouter bon nombre de producteurs de contenu en ligne? Certaines nouvelles récentes le laissent penser.

Flash, je te déteste

Il y a quelques jours, Microsoft annonçait que son navigateur Edge allait dorénavant bloquer le contenu Flash des pages web. Plus précisément, ce contenu sera affiché «en pause» jusqu’à ce que l’utilisateur clique spécifiquement sur lui pour le démarrer. 

Edge rejoindra ainsi Chrome qui fait sensiblement la même chose depuis septembre dernier, et un nombre croissant de plugiciels qui désactivent Flash ou empêchent carrément le téléchargement de contenu Flash pour éviter de gaspiller de la bande passante, de ralentir la navigation ou de drainer la batterie de nos ordinateurs portables plus vite que Tyrion Lannister draine un pichet de bière fraîche abandonné sur une table (basse). 

Ce qui ne serait pas nécessaire si les producteurs de contenu n’insistaient pas pour nous asséner, encore et toujours, des animations Flash.

flashisdead

On ne le dira jamais assez : Flash mérite de mourir le plus vite possible. C’est une technologie lente, périmée, épouvantable du point de vue de la sécurité, et parfaitement inutile parce qu’il existe des alternatives plus performantes à tous les points de vue. Et pourtant, il y a encore du Flash un peu partout. Si vous en voulez la preuve, faites comme moi : désinstallez le plugiciel Flash de votre ordinateur et constatez combien de sites web ne seront plus capables de vous montrer de la vidéo. 

Mes préférés sont ceux qui ne marchent pas sans Flash sur mon ordinateur, mais qui fonctionnent en HTML5 sur mes appareils mobiles…

Quel est l’intérêt, en 2016, de livrer du contenu Flash? Je l’ignore, mais ce n’est certainement pas le bien-être du consommateur. 

La guerre de la pub

Qu’elle soit développée en Flash, en HTML5 ou en code morse, la pub n’est pas populaire auprès des internautes. Et moins elle est rentable pour les éditeurs, plus elle se multiplie, ce qui ne fait qu’empirer le conflit. 

Le paysage publicitaire, tel que reproduit dans le film They Live (Image : Universal Pictures).
Le paysage publicitaire, tel que reproduit dans le film They Live (Image : Universal Pictures).

Je ne reviendrai pas sur ce que je pense des bloqueurs de pubs ou sur ce qui devrait être fait pour négocier un cessez-le-feu, puisque je n’ai pas grand-chose à ajouter depuis la dernière fois où j’en ai parlé ici, en septembre dernier. Qu’il suffise de souligner qu’il s’agit d’un autre cas où les intérêts des producteurs de contenu, qui se financent à même la pub, entrent en conflit avec ceux des consommateurs, qui paient avec leur temps et avec leur forfait de données pour se faire servir des pseudo-contenus publicitaires dont ils ne veulent pas. 

Chose certaine, la stratégie de Brave Software, qui tente de se tailler une place sur le marché avec un navigateur web qui bloque les pubs de tierces parties pour les remplacer automatiquement par les siennes, risque d’envenimer encore la situation. 

À première vue, l’intention de Brave peut sembler louable puisque son navigateur élimine les pubs qui espionnent les comportements des internautes pour les remplacer par des alternatives moins dommageables pour la vie privée. Et Brave propose même aux éditeurs de contenus de leur céder 70% des revenus tirés de ces pubs.

Mais dans les faits, du point de vue des éditeurs, surtout ceux qui vendent leur propre pub plutôt que de se fier à une régie externe, ça ressemble drôlement à de la piraterie puisque le contenu est affiché sans «leur» pub et que Brave se garde une commission de 30% – partagée avec sa propre régie externe – sur les pubs de remplacement. Et du point de vue de l’internaute lambda, on ne fait que remplacer une pub par une autre, ce qui n’est pas vraiment mieux.

Le malaise

L’intérêt financier de l’éditeur qui propose son contenu en Flash exige donc que le consommateur mette sa sécurité informatique en danger.

Pour le meilleur et pour le pire, le modèle d’affaires qui sous-tend la publication de contenu sur Internet demeure celui de la publicité. Les éditeurs en ont besoin pour survivre, et en quantité toujours croissante pour contre ceux qui la contournent. Les consommateurs paient pour la recevoir avec leur temps et avec leur bande passante, toujours plus cher au fur et à mesure qu’elle se multiplie, ce qui fait qu’ils ne l’acceptent qu’à leurs corps défendants.

De plus, lorsqu’un contenu est livré en Flash (peut-être parce que la pub qui le subventionne est livrée en Flash elle aussi), on exige de l’internaute qu’il utilise un plugiciel qui constitue une véritable passoire à pirates. L’intérêt financier de l’éditeur qui propose son contenu en Flash exige donc que le consommateur mette sa sécurité informatique en danger. 

Cette situation est fondamentalement malsaine. Dans le cas de la publicité, il n’y a pas de solution à court terme puisque personne n’a encore développé de modèle d’affaires alternatif qui soit aussi robuste. Mais dans le cas de Flash, il n’y a pas d’excuse valable. 

Donc, chers internautes, désinstallez Flash maintenant. Éditeurs, retirez Flash de votre arsenal de développement et exigez que vos régies publicitaires cessent de s’en servir.

Il y a bien assez de problèmes insolubles dans la vie, pas besoin de se créer des malaises avec ceux qu’on peut régler en moins de temps qu’il ne faut pour cliquer sur «passer cette annonce».

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