Pour Musk, l’humanité est vouée à disparaître un jour ou l’autre si elle ne parvient pas à devenir une espèce multiplanétaire.
Elon Musk, fondateur et PDG de la société de vol spatial privé SpaceX, a dévoilé mardi son très attendu système de transport interplanétaire lors d’une conférence de presse livrée à Guadalajara, au Mexique.
La vidéo partagée par SpaceX avant le dévoilement officiel montre comment le vaisseau spatial – le BFS, pour Big Falcon Spaceship (à l’interne, les ingénieurs remplacent le F de l’acronyme cet autre mot débutant par la même lettre) – se rendra sur la planète rouge.
La procédure de lancement
Le BFS sera d’abord poussé par le lanceur, le BFR, qui se chargera de le propulser à l’extérieur de l’atmosphère, avant de retourner vers la Terre (en se posant évidemment en douceur). On lui apposera ensuite le ravitailleur de carburant devant alimenter le BFS stationné en orbite. Le BFR décollera à nouveau afin que le ravitailleur puisse se connecter au BFS, le ravitailler, et revenir sur la Terre. Le BFS peut ensuite entamer son long voyage vers Mars, d’une durée de 80 jours, tandis que le BFR et le ravitailleur rentreront au bercail.
La combinaison du lanceur BFR et du vaisseau BFS sera plus grande que la fusée Falcon 9 : 122 mètres, soit près du double des 70 mètres que représente la Falcon 9. Le BFR quant à lui aura une poussée de 127 800 kN (soit 28 730 000 lb), et la raison pour laquelle le décollage se fait en deux étapes est liée au poids combiné des deux autres engins, le BFS et le ravitailleur chargé à pleine capacité.
De son côté, le BFS – qui logera une centaine de personnes – déploiera de gigantesques panneaux solaires qui pourront l’alimenter de 200 kW en énergie le temps du voyage. Enfin, le BFS pénétrera dans l’atmosphère martienne à une vitesse de plus de 100 000 km/h, et devra tolérer une chaleur atteignant les 1 700 °C avant de se poser en douceur sur Mars.
Une fois sur Mars, l’équipage devra y construire une usine exploitant les ressources en méthane disponibles afin de produire du carburant pour permettre un voyage dans l’autre sens. Bien que l’objectif soit l’installation d’une véritable colonie, et éventuellement la construction d’une ville, les premières missions seront à des fins exploratoires.
Un pari risqué
Musk ne s’en cache pas : «Le risque de décès sera élevé». Mais à ses yeux, l’humanité est vouée à disparaître un jour ou l’autre si elle ne parvient pas à devenir une espèce multiplanétaire, et Mars, par ses caractéristiques similaires à celles de la Terre, représente à l’heure actuelle la seule alternative potentiellement viable.
Le projet demeure excessivement ambitieux, et son budget l’est tout autant : SpaceX doit amasser 10 milliards de dollars US pour que son programme soit rentable à terme. L’entreprise comptera sur le financement participatif, les budgets publics, et les investissements privés.
SpaceX doit amasser 10 milliards de dollars US pour que son programme soit rentable à terme.
Le coût d’un billet pour Mars? Au départ, il sera évidemment élevé. Musk a évoqué le chiffre du demi-million. À terme toutefois, ce prix sera amené à diminuer vers les 200 000$ US, soit l’équivalent du prix d’une maison. Si SpaceX parvient à loger davantage de passagers par vol, avec un équipage aux alentours de 200 personnes, ce prix pourrait chuter vers le seuil de 100 000$ US.
La durée du voyage, estimée à 80 jours, est également incertaine. Selon la technologie, sa durée pourrait d’abord être de 150 jours, et l’objectif d’une croisière spatiale de 30 jours est envisageable «dans un avenir plus éloigné».
Les premiers lancements vers Mars à des fins de tests devraient avoir lieu en 2018, avec comme objectif de transporter les premiers hommes vers la planète rouge en 2023 ou 2024.